RFI: Acharnement contre Ioulia Timochenko
Direct diffusé dans "Bonjour l'Europe", le 09/04/2012. Avec des problèmes techniques (sic)... Lancement : L'acharnement des autorités ukrainiennes contre l'ancienne égérie de la Révolution orange Ioulia Timochenko et ses partisans ne faiblit pas, bien au contraire. La semaine dernière, on a même assisté à un regain de pressions contre l'opposition politique, et donc à un regain d'attention médiatique. Ca fait maintenant près de sept mois que Ioulia Timochenko purge sa peine de 7 ans de prison. Mais malgré son emprisonnement et son isolation, elle fait encore parler d'elle. Pourquoi cette intérêt? Et d'ailleurs, comment va t-elle ? Et bien si on continue à parler de Ioulia Timochenko, c'est d'abord à cause de son état de santé. L'ancienne Première ministre est visiblement mal en point dans sa prison de Kharkiv à l'est de l'Ukraine. Ses proches parlent d'une hernie discale qui ne serait pas soignée convenablement. Elle a reçu la semaine dernière les visites de délégations de l'ONG « Freedom House » et d'un eurodéputé polonais. Tous se sont dit très inquiets de la voir diminuée et incapable de se lever par elle-même. Alors après des semaines de négociations et de pressions diplomatiques, les autorités pénitentiaires l'ont autorisé à se faire soigner dans un hôpital civil. On pourrait enfin en tirer un diagnostic clair sur sa maladie et un traitement approprié. A condition que Ioulia Timochenko accepte de se faire soigner, ce qui n'est pas garanti. Vendredi dernier, à son arrivée à l'hôpital, elle a dénoncé une mise en scène honteuse et très coûteuse, et elle a refusé les examens médicaux. Ce qui maintient l'attention médiatique, c'est aussi la multiplication des poursuites judiciaires contre Ioulia Timochenko et son camp. De quoi s'agit-il exactement ; de justice ou d'acharnement politique ? Ecoutez Dilehm, tout le monde ici en Ukraine sait que les personnalités inculpées ne sont pas toutes blanches, Ioulia Timochenko la première. Mais de l'avis général, ça va un peu trop loin et on peut vraiment parler d'acharnement. Alors qu'elle est déjà en prison, un nouveau procès contre elle s'ouvrira le 19 janvier dans une affaire de corruption. En parallèle, le procureur général travaille à prouver sa complicité dans les meurtres de trois de ses adversaires au tournant des années 2000. Si cette complicité est avérée, Ioulia Timochenko pourrait être condamnée à la prison à vie. Et l'acharnement est généralisé contre l'ancienne équipe au pouvoir. Je vous donne quelques exemples : l'ancien ministre de l'intérieur Lutsenko, dont la santé est aussi sérieusement défaillante, purge une peine de 4 ans de prison. Vendredi dernier, l'ancien ministre de l'environnement Filipchuk a été condamné à trois ans de réclusion. L'ancien ministre de l'économie Danylyshyn est en exil politique en république tchèque, avec le mari de Ioulia Timochenko. Et on parle maintenant ouvrir des poursuites contre Oleksandr Turchinov, le nouveau chef du parti de Timochenko. Mais les Ukrainiens se rendent bien compte de cet acharnement et les protestations montent, non ? Quel intérêt y trouve le pouvoir ukrainien ? Bon, déjà, il y a une part de vendetta politique dans cette affaire. Le président Victor Ianoukovitch et ses partisans ont des comptes à régler avec les anciens Orange, et ils le font. Mais le plus inquiétant, c'est que la pression sur l'opposition vise aussi à purger l'espace politique avant les élections législatives d'octobre prochain pour assurer une victoire au parti des régions. Alors évidemment, un certain mécontentement gronde dans la société civile et les médias. Mais c'est encore très faible. Et sans la poigne de Ioulia Timochenko pour l'unifier, l'opposition politique est en pleine débandade. Les divisions et désistements se multiplient, on n'arrive pas à discerner un programme de gouvernement crédible, et le soutien de l'opinion publique reste dérisoire. Dans ces circonstances, le pouvoir ukrainien a donc toute la marge de manœuvre qu'il souhaite, et l'acharnement contre le camp Timochenko a probablement de beaux jours devant lui. Ecouter l'intervention ici