Le Soir: Des photos montrent les coups subis par l’ancienne Première ministre

Article publié dans Le Soir, le 30/04/2012Les photos et vidéos n’en finissent plus de tourner sur internet, mais le mystère demeure difficile à percer. Ioulia Timochenko, l’ancienne Première ministre ukrainienne, avait jadis séduit l’Europe avec ses costumes de haute couture et ses longs cheveux blonds soigneusement tressés. Elle est maintenant exhibée comme une malade, en grève de la faim, clouée à son lit de prisonnière et le corps recouvert de bleus et de meurtrissures. Le 20 avril dernier, Ioulia Timochenko a été emmenée en pleine nuit de sa prison de Kharkiv vers un hôpital civil de la ville pour y être traitée de ce que ses proches désignent comme une sérieuse hernie discale. Un transfert auquel Ioulia Timochenko aurait été contrainte en réalité par la force : elle accuse ses gardes de l’avoir frappée à l’estomac, enroulée dans une couverture et traînée de force hors de sa cellule. « J’ai cru vivre les dernières minutes de ma vie », a-t-elle déclaré dans un communiqué officiel publié le 25 avril. Sous la pression de ses avocats, elle a été rapidement reconduite en prison, après avoir refusé tout traitement médical, et a débuté une grève de la faim, qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui.Réplique des autorités ukrainiennes : Ioulia Timochenko avait donné son accord verbal au transfert, n’a subi aucune brutalité de la part de ses geôliers, et a tout fait pour empêcher les docteurs de lui administrer le traitement qu’elle réclamait depuis des mois. Le 25 avril, une vidéo est diffusée sur le site internet YouTube. Elle est datée du 15 décembre. Sur ces images de mauvaise qualité, on voit une femme ressemblant à Ioulia Timochenko, se déplaçant sans difficulté dans sa cellule, alors qu’elle est déjà censée être en mauvaise condition physique. On la voit aussi étreindre fougueusement un homme, présenté comme Sergiy Vlasenko, son avocat. Entre accusations de torture et allégations de mensonges et de manipulations, la vérité est difficile à établir. Pour Vira Nanivska, directrice du think-tank International Centre for Policy Studies à Kiev, « tout le monde sait ici qu’il y a de très bonnes raisons pour que Ioulia Timochenko soit en prison. Mais il est aussi évident qu’en tant que leader de l’opposition, elle est victime d’un acharnement du pouvoir. Dans l’escalade actuelle, je m’attends à ce que chacun aille jusqu’au bout, aussi choquant que cela puisse apparaître ».Dans tous les cas, l’affaire fait des remous. A la Verkhovna Rada (Parlement), les députés du parti de Ioulia Timochenko, Batkivschyna (Patrie), bloquent depuis le 24 avril les travaux de l’Assemblée. 100.000 Ukrainiens ont signé une pétition pour l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe demandant que l’ancienne Première ministre ainsi que ses proches aussi poursuivis en justice, soient considérés comme des prisonniers politiques et défendus comme tels. Pour l’ambassadeur de l’Union européenne, Jose Manuel Pinto Teixeira, c’est une nouvelle preuve de l’utilisation sélective du système judiciaire en Ukraine, qui va se traduire par une « isolation croissante » du pays sur la scène internationale. Le nouveau président allemand Joachim Gauck vient d’annuler une visite à Yalta prévue pour la mi-mai, en signe de protestation. Dans le Bild, le ministre allemand de l’Environnement, Norbert Roettgen, assimile l’Ukraine à une « dictature ». Il invite ses pairs allemands et européens à boycotter les matchs de l’Euro 2012 qui se disputeront en Pologne et… en Ukraine. A quelques semaines de l’événement, la pression va probablement continuer à monter sur Kiev.

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