Un anniversaire de l'indépendance dans la cacophonie
C'est une Ukraine sous haute tension politique qui a fêté hier, vendredi 24 août, les 21 ans de son indépendance. A Kiev, dans la matinée, les meetings politiques se sont enchaînés : environ 2000 personnes pour le parti des régions au pouvoir, ont écouté docilement le discours traditionnel du président Viktor Ianoukovitch. L'accès à la place Sainte Sophie (Софіївська Площа) où ils s'étaient réunis avait été restreints, bloqué par d'innombrables autocars, utilisés pour acheminer les manifestants sur place. A quelques centaines de mètres de là, environ 5 000 partisans de l'opposition unie se sont réunies sur la place Saint Michel (Михайлівська Площа) pour entamer une marche vers le monument à Taras Shevchenko. Avec, pour chapeauter le tout, 16 000 policiers répartis à travers la ville pour empêcher tout débordement. Aux cris de « Ianoukovitch, destitution ! », les manifestants de l'opposition unie, qui préparent les élections d'octobre prochain, ont réclamé la libération de Ioulia Timochenko et le retrait d'une loi très controversée sur les langues minoritaires, qui pourrait faire du russe la seconde langue officielle dans la moitié du pays. La pleine application de la loi pourrait diviser l'Ukraine de manière irrémédiable. Quelques semaines après son entrée en vigueur, ce sont 7 régions (6 oblasts + la république autonome de Crimée) et 5 grandes villes de l'est qui ont déclaré leur intention d'utiliser les possibilités qu'offre la loi (voir carte). Si on ajoute à ça une économie exsangue paralysée par une corruption rampante et une pratique de plus en plus autoritaire du pouvoir, les défis pour le jeune Etat ne manquent pas. L'Ukraine se trouve aujourd'hui à un tournant de son indépendance.