RSE: Ukraine: Des Affiches pour tous les goûts

Brève publiée sur le site de Regard sur l'est, le 24/09/2012Le ton de la campagne pour les élections législatives en Ukraine semble plus grave que jamais. Parmi les accusations de montée de l'autoritarisme du Parti des Régions (Партія регіонів) au pouvoir, de persécution politique et d'atteintes aux libertés fondamentales, on considère le scrutin à venir comme crucial. Mais il n'empêche. Quelques stratégies de communication de certains candidats ne manquent pas d'ironie, voire d'humour.Celle qui fait le plus de bruit, c'est une «babouchka», c'est-à-dire une femme âgée, «typique» de l'espace post-soviétique, à l'air bienveillant et au foulard sur les cheveux.Sur une série d'affiches placardées dans les environs de Dnipropetrovsk, elle tient son chat dans les bras, annonçant à qui veut le lire: «J'ai découvert que mon petit-fils avait voté pour le Parti des Régions. Alors [j'ai réécrit mon testament et] je lègue ma maison à mon chat». Les panneaux, installés en août, ont été retirés prestement. Leur commanditaire, Maksym Holosnyy, ancien membre du Parti des Régions aujourd'hui indépendant, est actuellement en fuite, sous le coup d'une enquête criminelle pour vol. Une procédure que l'on dit déconnecté de l'affaire de la « babouchka », mais qu'il dénonce lui comme une pression politique.L'affaire a fait grand bruit sur Internet et les réseaux sociaux, et des dizaines de caricatures mettant en scène un chat ont tourné en ridicule le Président Viktor Ianoukovitch et le gouvernement de Mykola Azarov. Sur sa page Facebook, l'analyste politique Dmytro Potekhin a surnommé cette affaire le «Pussy Cat Riot» d'Ukraine, en référence au groupe punk russe. Il s'avère par ailleurs que la «babouchka» en question est une citoyenne russe, résidant dans la région de Kenozero. Et qu'elle ne possède pas de chat.  L'opposant n'est pas le seul à utiliser des images importées de l'étranger. La famille ukrainienne, heureuse et bien portante, qui sert de devanture au Parti des Régions pour promouvoir son slogan «Grâce à la stabilité – le bien-être», est en réalité une famille... américaine. L'hebdomadaire «Ukrainski Tyzhden» a retrouvé la photo, achetée sur le site www.shutterstock.com pour 100 dollars américains. Parmi les opposants au Parti des Régions, Oleg Lyashko, président du Parti Radical (Pадикальна партія), s'est distingué en se mettant lui-même en scène sur ses affiches. En portant une vyshyvanka, chemise folklorique, et une fourche, symbole traditionnel de la révolte paysanne en Ukraine, il appelle à des “changements radicaux” et à mettre “les bandits dehors”. Un de Ses opposants, l'indépendant Ruslan Sekela, s'affiche lui aussi en vyshyvanka. Mais c'est avec un fusil mitrailleur dans les mains qu'il promet de rendre au peuple ce qui lui a été volé. Une déclaration conforme au droit, selon l'organisation d'observation d'élections Opora, dans la mesure où R.Sekela n'incite pas à la violence. Mais l'usage d'armes à des fins publicitaires serait tout de même interdit par la loi.

Parmi les grands partis, l'originalité est moins de mise. Pour le parti de l'opposition unie «Batkivshyna» (Patrie – Всеукраїнське об’єднання “Батьківщина), force est de constater que l'heure n'est pas à la plaisanterie. Une Ioulia Timochenko de marbre et un Arseniy Yatseniuk impassible, tous deux vieux routiers de la politique ukrainienne, promettent de manière inédite changements, liberté et démocratie.

Un discours similaire à celui de Nataliya Korolevska et de son parti «L'Ukraine en avant!» (Україна–Вперед!). Le principal atout de sa campagne semble être un battage médiatique considérable et le ralliement de personnalités «people», à savoir le footballeur Andriy Shevchenko et l'acteur vedette Ostap Stupak. Aux côtés du playboy, "Ballon d'or" 2004, propulsé numéro deux de sa liste malgré son manque d'expérience en politique, N.Korolevska se présente souriante, policée, et vêtue de blanc. Le symbole d'une union parfaite.

Les posters du parti «Udar» (Coup de Poing, Punch - удар) dépeignent Vitaliy Klitschko massif, confiant, surfant sur le vocabulaire de la compétition sportive. Ses spots publicitaires mettent en scène une Ukraine qui espère la victoire de son champion. Sur le ring de boxe, tout du moins. Son bilan sportif est en effet bien plus fourni que ses succès en tant que politicien, et c'est apparemment là-dessus qu'il entend se baser pour changer le pays et en nettoyer la vie politique.

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