DNA: Gestation Pour Autrui en Ukraine
Article publié dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace, le 13/03/2013La gestation pour autrui (GPA), autorisée en Ukraine, y est en plein essor pour satisfaire des clients notamment étrangers. Pourtant l’activité reste encore trop mal encadrée. Rencontre avec Tanya, enceinte de jumeaux.D’allure élégante, le regard doux, Tanya prend place dans le bureau de la directrice de l’Agence internationale de soutien aux technologies reproductives (IRTSA) à Kiev. Agée de 30 ans, avocate de profession, elle est mariée et a deux enfants, de 8 et 11 ans. Aujourd’hui cependant, son ventre ne lui appartient plus totalement. Il y a quelques semaines, elle s’est fait implanter 4 embryons issus d’un autre couple, et elle est devenue leur mère porteuse.
« J’ai pensé à tous ces couples qui ne peuvent avoir d’enfant »
« Ce sont des jumeaux. Tout va bien, ils vont naître en août », confie-t-elle avec un sourire radieux. « Je suis très heureuse avec ma famille mais j’ai pensé à tous ces couples qui ne peuvent pas avoir d’enfants. J’avais envie de faire quelque chose pour eux. »Presque par hasard, fin 2012, elle s’enregistre sur le site de l’IRTSA. Elle est très vite contactée par la directrice, Kristina Beleva. « Nous sélectionnons des candidates d’un niveau social assez élevé, afin de nous prémunir d’éventuels problèmes de stress, d’alcool ou même de violence domestique », explique cette dernière.Les candidatures sont aussi nombreuses que la « compensation » financière est attractive : 15 000 dollars pour la mère porteuse, majorés de 25 % pour des jumeaux, plus 400 dollars mensuels d’aide au logement et de nourriture. Le tout aux frais des parents donneurs.« Bien sûr, l’argent est important mais nos mères porteuses, comme Tanya, s’engagent en général pour d’autres raisons », se défend Kristina Beleva.Dans une Ukraine où la gestation pour autrui est en plein essor, l’agence est considérée comme l’une des plus sérieuses du pays.
« Nous avons dû refuser des clients français »
Les donneurs aussi sont triés sur le volet : ils doivent fournir un certificat médical d’infertilité et provenir d’un pays où la GPA est autorisée, et où la reconnaissance de l’enfant ne posera pas de problème. « Nous avons dû refuser des clients français, par exemple. Ces derniers temps, nous avons beaucoup de parents venant de Suède, des Etats-Unis et même du Pakistan », détaille Kristina Beleva.Après une longue série d’entretiens et d’examens médicaux, Tanya rencontre un couple de riches Ukrainiens qui décident de lui confier leurs embryons. « Je comprends très bien que ce n’est pas mon enfant. Je ne suis pas contre garder contact après la naissance mais ça dépend des parents, je saurai faire la différence », affirme Tanya.Et la réaction de son mari ? « Les hommes ne comprennent pas toujours nos décisions. Mais il respecte mon choix et m’accompagne dans cette expérience, c’est le plus important ».