La Libre Belgique: Hromadske TV, nouvelle voix de la révolution

Article publié dans La Libre Belgique, le 18/12/2013Hromadske TV, nouvelle chaîne, est vite devenue la voix de la révolution.1782A un bout de la pièce, longue d’une trentaine de mètres, des techniciens s’affairent sur des écrans d’ordinateurs, juste à côté d’un coin cuisine encombré. A l’autre extrémité, deux journalistes sont en train d’interviewer une des principales personnalités politiques du pays.Le studio de Hromadske TV, télévision publique en ukrainien, n’a rien à voir avec une télévision normale. "Nous sommes pour la plupart des journalistes qui avons subi des pressions dans d’autres médias", raconte Nataliya Gumenyouk, jeune journaliste indépendante hyperactive, aujourd’hui une des figures de proue de Hromadske TV."Pour les journalistes télévision, il n’y avait pas d’espace. Les autres chaînes sont soit commerciales, soit tabloïd, soit criminelles, ou encore purement propagandistes. Nous nous sommes dit qu’il n’y avait pas de temps à perdre, car l’Ukraine avait besoin de programmes citoyens, c’est-à-dire avec un sens de responsabilité sociale", dit-elle.Une idée chère aux journalistes de l’équipe, dont beaucoup sont aussi considérés comme des activistes civiques, en lutte contre les abus du régime autoritaire de Victor Ianoukovitch depuis des années.Lancement précipitéUn des membres fondateurs de la chaîne, Mustafa Nayem, a ainsi été le premier à appeler, sur les réseaux sociaux, les citoyens de Kiev à descendre sur Maidan Nezalezhnosti, le 21 novembre. C’est à cette occasion que la chaîne commence à émettre le 22 novembre, une semaine avant le lancement prévu. "Rien n’était prêt, les difficultés techniques se sont résolues sur le tas, mais ce naturel a aussi contribué à notre crédibilité auprès du public", se souvient Nataliya Gumenyouk.Pari tenu : les programmes de la première semaine sont suivis par plus de 650 000 téléspectateurs. Les journalistes sont tous bénévoles. Au cours de plusieurs mois de maturation, ils ont récolté des donations de plusieurs sources différentes, dans le but avoué de ne pas avoir de propriétaire majoritaire, qui pourrait un jour changer la ligne éditoriale.Des ONG, des ambassades occidentales ou encore des donateurs privés, ont soutenu l’initiative. "Le plus important pour nous, ça a été les donations venant du public ukrainien. En tout, environ 80 000 euros", souligne Dmytro Gnap.Avec l’aide de volontaires"Une des clés de notre respectabilité, c’est notre réseau de volontaires", indique Loudmila Iankina, manager d’une équipe de 150 jeunes volontaires qui ont répondu à un appel à l’aide lancé sur Facebook. "Cela nous permet d’assurer contacts, transports, logistique, mais aussi d’avoir des yeux partout. Nous avons été les premiers à démentir la rumeur que des tanks étaient en chemin pour Kiev, par exemple."Et selon elle, la liste d’attente de personnes désireuses de contribuer à Hromadske TV s’allonge de jour en jour."Contrairement à la Révolution orange de 2004, il semble que les autres chaînes de télévision couvrent les événements de manière un peu plus large", compare Nataliya Gumenyouk. "Mais leur crédibilité est ruinée auprès du public depuis longtemps." Pour beaucoup, Hromadske TV est déjà devenue une des principales voix de la Révolution.

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