France 24: Nouveau bras de fer entre l’Ukraine et la Russie… sur le Danube
Intervention en direct dans le journal de 19h, sur France 24, le 25/07/2019
Nouveau bras de fer entre l’Ukraine et la Russie. Les Ukrainiens ont arraisonné un tanker russe dans le port d’Izmail, sur le Danube. Les Ukrainiens assurent qu’il a été impliqué dans une bataille navale en novembre 2018 dans le détroit de Kertch, à l’est de la Crimée annexée. La Russie a haussé le ton vis-à-vis de l’arrestation de l’équipage, mais il est déjà libéré, n’est-ce pas Sébastien Gobert?
En effet, les marins sont déjà en chemin vers la Moldavie voisine, d’où ils vont prendre un avion pour Moscou. Ils devraient y être ce soir. Il s’agit de 7 et 15 personnes selon les sources, tous des citoyens russes. Les autorités russes comme vous l’avez dit avaient averti les Ukrainiens de ne prendre des otages, et prévenu de conséquences rapides si l’équipage était détenu en violation du droit international.
C’est un discours qui a été mal reçu ici en Ukraine. Vous vous souvenez que la Russie détient encore 24 marins ukrainiens et trois bateaux qui ont été capturés en novembre. Le Kremlin refuse de les relâcher malgré un verdict du tribunal international du droit maritime, une instance de l’ONU basée à Hambourg, qui a ordonné une libération immédiate. C’était fin mai, mais les Russes n’ont toujours pas obtempéré. Pour l’instant, les négociations sont gelées. Donc le fait que la partie russe parle de violation du droit international dans ce cas précis, ça passe assez mal ici.
Que cherche Kiev dans ce nouveau bras de fer?
C’est une grande question puisqu’on ne sait pas trop ce que les Ukrainiens veulent faire avec le tanker, aujourd’hui à quai donc à Izmail, sur le Danube, à 500 kilomètres à l’ouest du détroit de Kertch. Les autorités ici en parlent d’une pièce maîtresse pour l’enquête, mais les faits sont déjà avérés, et la cour de Hambourg a déjà rendu son jugement, donc on ne voit pas trop de quelle enquête ils peuvent parler et ce que les Ukrainiens en attendent.
C’est probablement une nouvelle manière de faire pression et d’exercer des représailles indirecte. Vous savez que l’Ukraine et la Russie se livre une guerre non-déclarée depuis 2014 après l’annexion de la Crimée et le début de la guerre dans l’est.
Cela a des implications militaires mais aussi énergétiques, commerciales, médiatiques. Et on le voit aujourd’hui, ça implique aussi le trafic maritime dans la mer noire. Pour les Ukrainiens, c’est aussi une méthode très prosaïque. L’Ukraine n’a presque plus de flotte depuis l’annexion de la Crimée, et ne peut pas répondre de manière militaire à ce qu’elle a considéré comme une provocation en novembre dernier. Donc l’arraisonnement de ce tanker, c’est presque anecdotique dans l’éventail de tensions entre l’Ukraine et la Russie. Mais cela illustre une situation de conflit plus général qui ne va sans doute pas se résoudre de si tôt.