Koursk-Pokrovsk: Quo Vadis?

Une centaine de missiles, une centaine de drones, des infrastructures énergétiques touchées, des coupures d’alimentation en électricité et en eau, sept morts et une cinquantaine de blessés.

L’Ukraine s’est réveillée dans la peur de l’une des plus grosses attaques aériennes russes depuis le début de l’invasion,

clairement la plus importante depuis le 8 juillet et le tir direct sur l’hôpital pédiatrique d’Ohmatdyt.

De leur côté les Ukrainiens ont lancé une attaque de drones sur la base aérienne d’Engels dans la profondeur russe. Un immeuble d’habitation a été touché de plein fouet.

Les Ukrainiens assimilent l’attaque russe à une revanche pour Koursk, tandis que des troupes russes s’amassent à la frontière…

Alors, après la phase de stupeur provoquée par l’incursion de Koursk, la dynamique de la guerre est-elle encore en train de changer?

Bonjour à tous c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo dans laquelle on fait un point sur la situation militaire, de Koursk à Pokrovsk.

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Donc je l’ai déjà dit, vous l’avez tous vu, l’Ukraine a subi une attaque massive,

d’abord des drones afin de saturer la défense aérienne

suivis par des missiles qui ont visé des villes et des cibles énergétiques.

Beaucoup de drones iraniens Shahed. Il y a deux jours, l’Iran félicitait l’Ukraine pour les 33 ans de son indépendance: ce matin ses drones attaquaient le pays.

Cela a fait 7 morts et une cinquantaine de blessés

et aussi des dégâts sur des infrastructures énergétiques.

qui ont provoqué des dégâts.

Mais apparemment rien de particulièrement critique cette fois-ci.

Les Ukrainiens ont eux visé la base aérienne russe d’Engels qui abrite les bombardiers TU-95 qui attaquent régulièrement l’Ukraine.

Un drone a touché directement un immeuble d’habitation, une femme serait dans un état critique.

Je reviens au cas ukrainien.

La défense aérienne a abattu un certain nombre de projectiles, mais de nombreux sont passés.

Récemment Volodymyr Zelensky s’est plaint que les systèmes de défense antiaériennes promis par les partenaires occidentaux arrivent tard et au compte-goutte.

On en a vu la manifestation ce matin, avec certains drones qui ont été abattus au fusil mitrailleur, près des montagnes des Carpates, donc à plus de mille kilomètres de la frontière russe.

Encore une preuve que l’aide occidentale est suffisante pour que l’Ukriane ne perde pas, mais pas assez pour qu’elle gagne.

Les Ukrainiens considèrent cette attaque comme une revanche pour l’incursion ukrainienne à Koursk ou même pour les célébrations du jour de l’indépendance le 24 août.

On s’attendait une grosse attaque le 24 août, elle est arrivée deux jours après.

Ce qui est intéressant. Car le 24 août, on a plutôt assisté à un échange de prisonniers, 115 Ukrainiens contre 115 Russes.

c’était presque un cadeau russe aux Ukrainiens, le jour de l’indépendance.

On pouvait presque croire à un geste d’ouverture des belligérants.

Mais deux jours plus tard, l’attaque massive vient démentir toute idée de détente.

Comme quoi les dates ne veulent rien dire. On fantasme beaucoup sur le 9 mai, sur le jour de Noël, sur le jour de l’indépendance…

Mais en règle générale, les Russes attaquent quand ils le peuvent et quand ils le veulent, sans calendrier prédéfini.

En plus de cela on observe un groupement de plus en plus massif de troupes bélarusses à la frontière avec l’Ukraine.

C’est sous couvert d’exercices, mais on sait ce que cela a caché beaucoup de préparatifs d’opérations par le passé.

Est-ce que Loukachenka va attaquer?

Une invasion généralisée des régions nord de l’UKraine depuis le Bélarus est assez improbable.

D’abord parce que l’armée bélarusse, c’est 60.000 hommes, réputés mal entraînés et dotés de matériel soviético-soviétique

Ensuite parce qu’Aliaksandr Loukachenka joue un jeu d’équilibriste depuis 2022.

Il prête son territoire à la russie pour qu’elle attaque l’Ukraine.

Mais son armée n’est pas impliquée directement.

Il est clairement complice de Vladimir Poutine. Mais il ne veut pas devenir lui aussi coupable.

Enfin, le cas bélarusse c’est un peu 50 shades of grey, 50 nuances de gris.

Donc il n’aurait pas la capacité d’envahir l’Ukraine.

D’autant que la frontière est minée et fortifiée côté ukrainien.

En revanche, et c’est intéressant, un analyste du groupe Rochan consulting n’écarte pas la possibilité d’une incursion, comme celle que les Ukrainiens ont mené à Koursk.

Une opération limitée, pour contrarier les plans ukrainiens et les forcer à redéployer des troupes.

C’est clairement une situation qu’il faut garder à l’oeil.

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Mais alors justement, Koursk. Que se passe-t-il là-bas?

Les Ukrainiens continuent à consolider leurs positions et à conquérir des villages.

Mais rien ne bouge de trop.

La zone de 600kms2 qui s’est retrouvée isolée par l’explosion de ponts sur la rivière Sejm est toujours sous contrôle russe.

Les Russes qui ont stoppé l’avance ukrainienne mais qui n’ont toujours pas lancé de contre-offensive.

je rappelle que selon le média russe Meduza, le Kremlin tente d’habituer la population à l’idée que les troupes ukrainiennes sur le sol russe, c’est une “nouvelle normale”

et que la reconquête prendra du temps.

On l’explique par la lourdeur de l’armée russe, le manque de réserve, le maintien de l’objectif prioritaire de la conquête de Pokrovsk dans le Donbass.

Du côté ukrainien, Volodymyr Zelensky assure que les objectifs de l’opération sont à peu près remplis: se constituer une monnaie d’échange en territoires et en prisonniers, sécuriser la région frontalière de Soumy, amener la guerre sur le territoire russe pour la faire ressentir à la population.

La mise en place d’une administration ukrainienne sur les territoires occupés est aussi à suivre avec attention: désormais l’Ukraine est une puissance occupante, avec toutes les responsabilités et les risques que cela comporte.

Si les Ukrainiens voulaient déstabiliser Vladimir Poutine politiquement, cet objectif est loin d’être atteint, Vladimir Poutine semble bien en place et non seulement il minimise l’opération à Koursk mais aussi ses armées poursuivent leurs avancées sur Pokrovsk.

Dans le Donbass, la situation est de plus en plus critique. Les Russes avancent avec leur méthode de rouleau compresseur.

La perte du centre logistique et noeud de transport Pokrovsk serait - sera? - un coup dur pour les Ukrainiens dans leur défense de la région.

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Donc non, la logique du conflit ne s’inverse pas. Elle ne s’était pas non plus inversée avec l’incursion à Koursk,

ou avec ou une récente opération de la 3ème brigade dans le secteur de Kharkiv qui avait fait beaucoup parler d’elle.

L’attaque aérienne de ce matin rappelle que l’on est dans un conflit de longue durée, où tous les coups sont permis.

Mais ni l’Ukraine ni la Russie ne vont s’effondrer à cause de ces attaques de missiles, de l’occupation de Koursk ou d’une prise de Pokrovsk.

Même une attaque bélarusse ne changerait pas le cours de la guerre. Elle compliquerait les stratégies ukrainiennes et elle étendrait un peu plus la zone de combat.

Mais elle n’infléchirait pas l’issue du conflit.

On est encore en attente de l’offensive qui bouleversera le rapport de forces.

Et d’ici là, on peut s’attendre à encore beaucoup de surprises, mais aussi beaucoup d’attaques de drones et de missiles sur des cibles civiles.

Merci à vous

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