Le corridor céréalier menacé?
Un cargo a été percuté par un missile russe le 11 septembre.
Il transportait des céréales en provenance d’Ukraine et à destination de l’Egypte.
Le missile Kinzhal a été tiré depuis un bombardier TU-22M, l’attaque était donc délibérée.
Ce qui pose la question: le couloir céréalier de la mer noire est-il remis en cause?
Bonjour à tous c’est Sébastien, bienvenue dans cette vidéo où l’on parle d’une des plus grandes victoires stratégiques de l’Ukraine depuis 2022, et où l’on s’interroge sur sa durabilité…
Donc c’était le 11 septembre au soir, un bombardier TU-22M a tiré un missile Kinzhal sur un vaisseau cargo, le Aya,
Un vaisseau battant de pavillon de Saint Kitts et Nevis, opéré par une compagnie turque,
qui transportait plus de 26.000 tonnes de céréales en provenance d’Ukraine à destination de l’Egypte.
Aucun membre de l’équipage souffert physiquement de l’attaque
Mais le cargo a été endommagé
Il a du se diriger vers le port le plus proche, Constanta en roumanie
Le bateau se trouvait dans la zone économique exclusive de la Roumanie. Donc pas ses eaux territoriales mais donc une bande de mer sur laquelle un État riverain dispose de l'exclusivité d'exploitation des ressources.
La Roumanie a condamné l’attaque en la dénonçant comme une escalade sans précédent.
Bon en fait un autre bateau a été touché en novembre 2023 par un missile, le pilote avait été tué, des membres d’équipage blessés.
Mais l’attaque du 11 septembre est notable car des dizaines de cargo transitent sans coup férir depuis juillet 2023
quand l’initiative des céréales de la mer noire avait expiré.
Donc j’explique rapidement: l’Ukraine était une grande exportatrice de céréales, de grain et de nombreuses denrées alimentaires.
A cause de l’invasion généralisée, du blocus de la flotte russe et de la dissémination de mines marines, le commerce est tombé à zéro.
Jusqu’à ce que la Turquie lance cette initiative et ouvre un couloir d’exportation, en coopération avec l’Ukraine, la Russie et l’ONU.
Mais en juillet 2023, Moscou décide de ne pas prolonger l’accord.
Qu’à cela ne tienne, les Ukrainiens entreprennent de continuer leurs exportations.
Il faut dire que la situation a changé entre temps.
La flotte russe de la mer noire a subi de lourdes pertes, l’Ukraine a repris le contrôle de l’île des serpents et de plateformes de forage
la flotte russe de la mer noire est progressivement chassée de la Crimée vers ses ports des côtes Est de la mer.
L’Ukraine bénéficie du soutien turc, mais aussi roumain et bulgare, tous trois membres de l’Otan
qui prennent sous leurs ailes les cargos qui s’aventurent dans le corridor
et mènent des opérations de déminage.
A la fin 2023, les trois ports d’Odessa ont retrouvé leur niveau d’exportation de 2021.
Donc l’attaque du 11 septembre inquiète.
Elle inquiète par rapport à la capacité des ports d’Odessa de continuer à opérer
Elle inquiète aussi par rapport à l’acte délibéré de frapper un navire commercial en pleine mer, qui va à l’encontre des conventions internationales
Elle inquiète vis-à-vis de la sécurité alimentaire mondiale.
Ca a d’ailleurs été la première réaction de Volodymyr Zelensky qui a rappelé que l’Ukraine exporte ses denrées alimentaires à une cinquantaine de pays, l’Egypte en l’occurrence.
Cet argument s’entend, même si l’Ukraine n’est pas l’unique fournisseuse de céréales et denrées alimentaires au monde.
L’autre grande exportatrice étant la Russie, qui a désormais augmenté ses exportations grâce aux terres arables qu’elle a saisi en Ukraine.
Et l’attaque du 11 septembre inquiète enfin car elle s’inscrit dans une vague d’incursions russes dans les pays de l’Otan pour en tester les limites et les capacités de réaction.
Récemment on a vu des drones pénétrer la Roumanie, la Pologne et la Lettonie.
Le tir de missile dans la zone économique exclusive roumaine est donc un de ces tests
et pose la question de la viabilité du corridor céréalier
auprès des pays qui le protègent
mais aussi auprès des compagnies maritimes qui prennent des risques et, encore plus, des compagnies d’assurance, qui ont soit augmenté leurs primes de risque soit déserté la mer noire.
Rien n’est donc acquis. Mais en attaquant un navire commercial en pleine mer, la Russie a encore une fois démontré son potentiel de nuisance, au-delà de ses agissements en Ukraine.
Merci