LLB: Des séparatistes proclament l’Etat de “Petite Russie”

L’annonce du chef de la “République populaire de Donetsk” trouble le dialogue avec les représentants ukrainiens, à Minsk.

La nouvelle Ukraine s’appellera “Malorossiya”, soit “Petite Russie”, sa capitale sera à Donetsk et son drapeau sera le blason de Bohdan Khmelnytsky, un célèbre cosaque du XVIIe siècle. C’est en tout cas ce que souhaite Alexandre Zakhartchenko, le chef de l’autoproclamée République populaire de Donetsk, une région séparatiste à l’est de l’Ukraine. Ce dernier a annoncé hier la constitution d’un “Etat successeur à l’Ukraine”. Dans un communiqué, Zakhartchenko a présenté “Malorossiya” comme un Etat réunissant 19 régions de “l’ancienne Ukraine”, et affirmé, sans les nommer, que des représentants de l’ensemble de ces régions soutenaient l’initiative. “Nous offrons aux citoyens ukrainiens une sortie pacifique de cette situation difficile, de cette guerre. Mais il s’agit de notre dernière offre”, précisait le communiqué.

Depuis la Géorgie, le président ukrainien Petro Porochenko a critiqué une tentative de “diviser le pays” et affirmé que Zakhartchenko était un “pantin”. A Kiev, classe politique et observateurs du conflit considèrent en effet que les véritables responsables de cette tonitruante déclaration sont à chercher du côté du Kremlin. “C’est une stratégie classique de Moscou”, affirme ainsi le politologue ukrainien Andreï Miseliouk : “Créer une crise de toutes pièces, puis s’en servir pour obtenir des compensations.”

Paris, Berlin et Washington ont dénoncé l’initiative. La Russie a démenti toute implication, bien que Vladislav Surkov, un conseiller du président Poutine vu comme l’informel émissaire de Moscou auprès des groupes séparatistes se soit félicité de la “très utile hype” autour de “l’imaginaire Etat de Malorossiya”.

Une annonce apparemment précipitée

Pour les autorités ukrainiennes, ce n’est pas une coïncidence si cette annonce intervient à la veille d’une nouvelle rencontre à Minsk entre des représentants des autorités ukrainiennes et des groupes séparatistes. Yevhen Marchouk, l’un des représentants ukrainiens dans ces négociations, a déclaré que la déclaration des rebelles pro-russes pourrait “couler” les discussions prévues aujourd’hui.

Mais l’annonce divise jusque dans les rangs des rebelles. La “République populaire de Luhansk”, second principal groupe séparatiste, a affirmé ne pas avoir été tenue au courant de ce projet, et s’est refusée aujourd’hui à en discuter à Minsk avec les autorités ukrainiennes. Pour Andreï Miseliouk, ce désaccord pourrait indiquer un projet monté “dans la précipitation” pour cadrer avec les discussions d’aujourd’hui, bien que plusieurs commentateurs dans la presse russe y voient une preuve que l’initiative était bien locale et peu coordonnée.

L’appellation choisie n’est en tout cas pas anodine : “Malorossiya” était le nom donné à une partie de l’Ukraine actuelle sous l’empire russe. L’autre partie, une bande s’étendant au sud de l’Ukraine depuis la mer d’Azov jusqu’à la Moldavie, était nommée “Novorossiya” (Nouvelle Russie), un nom que les rebelles pro-russes avaient déjà tenté de s’approprier.

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