RFI: Après la décision d’un tribunal onusien, la Russie libérera-t-elle les marins ukrainiens?

Papier diffusé dans le journal de 18h, sur RFI, le 25/05/2019

Le tribunal international du droit de la mer, une instance de l’ONU située à Hamburg, en Allemagne, ordonne à la Russie de libérer les 24 marins ukrainiens et trois vaisseaux qu’elle avait capturé en novembre 2018. A Kiev, on célèbre une victoire diplomatique, même si peu peu s’attendent à ce que le Kremlin respecte la décision de justice. A Kiev, Sébastien Gobert

La capture des marins et navires ukrainiens en novembre avait défrayé la chronique: en 5 ans de guerre, c’était la première fois que des militaires russes clairement identifiés s’en prenaient aux soldats de Kiev. L’affaire était d’autant plus que l’attaque était injustifiée: les 3 navires cherchaient juste à traverser le détroit international de Kertch pour rallier les ports ukrainiens de la mer d’Azov. La Russie, qui s’est appropriée le détroit depuis l’annexion de la Crimée en 2014 et exerce une forte pression sur le trafic maritime en mer d’Azov, avait considéré cette tentative de passage comme une provocation.

La décision d’aujourd’hui est donc une victoire diplomatique pour l’Ukraine. La réaction russe a néanmoins douché les espoirs d’une libération rapide: pour le Kremlin, le droit international ne s’applique pas à ce qu’il considère comme ses eaux territoriales. A Hambourg d’ailleurs, 19 juges ont voté pour la libération, 1 seul contre : le juge russe.

La réputation internationale de la Russie est en jeu, notamment sa place au sein des institutions de régulation et d’arbitrage internationaux. Cela est particulièrement important à un moment où la Russie cherche à retrouver sa représentation au sein de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Pourtant, peu s’attendent à une libération effective des 24 marins. Ce n’est pas la première fois que la Russie ne respecte pas des arbitrages internationaux qui lui sont défavorables. Le géant gazier Gazprom refuse ainsi de payer près de 3 milliards de dollars à l’ukrainien Naftogaz après une décision de la cour internationale de Stockholm.

A Kiev, la réaction russe a été reçue avec pragmatisme. Pour le nouveau président Volodymyr Zelenskiy, le Kremlin a l’occasion d’envoyer un signal positif qui conditionnera l’ensemble des négociations de paix. “Nous attendons de voir quel chemin va prendre le Kremlin”, a-t-il déclaré. “Mais en tout cas, nous attendons avec impatience nos soldats à la maison!”

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