RFI: L’enquête sur le meurtre de Kateryna Handziouk aboutit enfin en Ukraine
Papier diffusé dans les journaux de la matinale, le 12/02/2019
En Ukraine, le président du conseil de la région de Kherson, dans le sud du pays, a été mis en examen pour avoir commandité le meurtre d’une militante anti-corruption. Kateryna Handizouk, 33 ans, avait été attaquée à l’acide en juillet 2018. Elle avait succombé à ses blessures en novembre. Elle est devenue le symbole des attaques à répétition qui visent journalistes et défenseurs des droits de l’homme en Ukraine. A Kiev, Sébastien Gobert
Pour le procureur général Iouriy Loutsenko, c’est le triomphe d’une enquête longue et complexe. L’attaque meurtrière avait impliqué plusieurs criminels, des soutiens politiques, et des financements d’un des patrons du crime organisé, aujourd’hui sous le coup d’un mandat de recherche international. Le président du conseil régional de Kherson, Vladyslav Manher, était visiblement la pièce manquante du puzzle assassin.
Il n’empêche que l’annonce de sa mise en examen n’apaise pas la société civile. D’abord parce que l’enquête a une coloration politique douteuse, à quelques mois des élections présidentielles. Vladyslav Manher est en effet un membre du parti de Ioulia Tymochenko, la grande rivale du président Petro Porochenko, le parrain politique du procureur général. Ensuite parce que celui-ci n’a pris l’affaire au sérieux qu’après une série de protestations en Ukraine et à l’étranger. Plus de 50 militants anti-corruption et défenseurs des droits de l’homme ont été visés par des pressions et des attaques physiques en 2018. La plupart des enquêtes dans ces affaires sont restées lettre morte.
Enfin, la société civile attend des résultats concrets: une mise en examen n’est qu’une étape spectaculaire du processus judiciaire. C’est maintenant aux juges de mener un procès irréprochable à l’encontre de cette personnalité politique, et de délivrer un verdict exemplaire. Cela est loin d’être évident. La réforme du système judiciaire est l’un des échecs les plus retentissants de la transformation de l’Etat dans l’Ukraine post-révolutionnaire.