RFI: L’Ukraine encore secouée par une hystérie collective liée au coronavirus
Papier diffusé dans les journaux de l’après-midi, sur RFI, le 22/02/2020
L’Ukraine est encore secouée par les scènes d’hystérie collective du 20 février: des manifestations et des affrontements avec la police avaient eu lieu pour protester contre le rapatriement de 72 personnes de Wuhan, l’épicentre du coronavirus en Chine. Ces personnes sont désormais en isolation pour 2 semaines dans le centre de l’Ukraine. La ministre de la santé a décidé de passer cette période de quarantaine avec eux. Depuis Kiev, Sébastien Gobert
“Nous n’avons pas montré notre meilleur visage”. Dans une adresse vidéo, le président Zelenskyy dénonce les mensonges et la désinformation qui ont suscité des scènes surréalistes le 20 février. A l’annonce du rapatriement de 45 Ukrainiens et 27 étrangers de Chine vers une clinique du ministère de l’intérieur située à Novi Sanjari, dans le centre de l’Ukraine, les habitants avaient bloqué les routes et cherché à forcer les cordons de police. L’autocar transportant les réfugiés avait été accueilli à coups de pierres. La panique a gagné aussi deux localités dans l’ouest du pays, où l’on murmurait que les patients pouvaient être logés. Près de Ternopil, une foule s’est ainsi rassemblée autour d’un prêtre pour une prière de groupe visant à ce que leur hôpital soit épargné. Face à cette hystérie collective, intensément relayée sur les réseaux sociaux, les messages d’apaisement du gouvernement n’ont eu pratiquement aucun effet. Le scandale trahit ainsi la très faible confiance que les Ukrainiens ont dans leurs institutions d’Etat et leur système médical. Même la ministre de la santé souffre de cette désinformation: la rumeur l’accuse d’être en fait en sécurité à Kiev, et non en quarantaine. Elle doit se montrer plusieurs fois par jour dans des vidéos pour prouver qu’elle est sur place, et rassurer sur l’efficacité de la réaction publique face au risque de pandémie.