DNA - Arrestation de Timochenko : les protestations continuent
Article publié sur le site des Dernières Nouvelles d'Alsace, 11.08.2011Ioulia Timochenko, ancien Premier ministre ukrainien, égérie de la « Révolution Orange » de 2004, est jugée depuis fin juin. Motif invoqué par son ennemi Ianoukovitch, président de la République : abus de pouvoir dans la signature d’un accord gazier avec la Russie. La nouveauté est que depuis le 5 août Timochenko est en détention.Jusqu’à présent, Ioulia Timochenko ne semble pas trop souffrir de son séjour en prison. Au tribunal, malgré des inquiétudes sur son état de stress, elle est maquillée et élégante. Hier, comme à son habitude, elle a ouvert l’audience elle-même en s’exclamant : « Gloire à l’Ukraine ! ». Refusant de se lever à l’entrée du juge dont elle ne reconnaît pas l’autorité.
Les Occidentaux condamnent son arrestation
Les Occidentaux condamnent son arrestation. Même la Russie a haussé le ton. La mise en détention a stimulé une forme d’unité chez les partis d’opposition, jusqu’alors divisés. Le 8 août, une petite dizaine d’entre eux ont fondé un « comité contre la dictature » censé coordonner leurs efforts en vue des élections législatives d’octobre 2012. Une unité nécessaire : si Ioulia Timochenko tombait pour de bon, personne ne se sentirait plus à l’abri.Ioulia Timochenko est jugée pour abus de pouvoir dans la signature d’un accord gazier avec la Russie en janvier 2009. Une accusation considérée comme le prétexte d’un règlement de compte politique. Le président de la république Victor Ianoukovitch piloterait ainsi la procédure judiciaire afin de mettre sa principale rivale hors-jeu d’ici aux élections.A l’extérieur du tribunal, les manifestations sont quotidiennes malgré leur interdiction par une instance administrative. Lundi, à la réouverture du procès, ils étaient 800 à se réunir, la plupart venus de province. Une dizaine de tentes abritent un sit-in permanent. Jeunes militants, députés, personnes âgées interpellent les badauds sur l’injustice et professent leur foi en « Ioulia ». La surveillance policière est renforcée : plusieurs unités des forces spéciales sont, elles aussi, arrivées de province.A dix mètres de là, sur le même trottoir, un carré pro-gouvernemental donne un autre son de cloche. Une centaine de personnes environ, cachées derrière de hautes palissades sombres, agitent des drapeaux du Parti des Régions (au pouvoir). Des cris hostiles, « Ioulia, honte à toi ! », résonnent, suivis de chants patriotiques.Aucune date n’est annoncée pour la fin du procès. Cela ne décourage pas les pro-Ioulia, bien décidés à tenir. Comme le dit Filip, jeune manifestant, « Nous resterons ici jusqu’à la fin, en septembre, en octobre ou plus tard ! »