DNA - Un anniversaire au goût amer

Article publié le 24.08.2011 sur le site des Dernières Nouvelles d'AlsaceC’était un des grands espoirs nés de la dissolution de l’URSS. Le 24 août 1991, la déclaration d’indépendance de l’Ukraine créait un géant européen, fondé sur les valeurs de démocratie et d’économie de marché. Pour le pays, considéré depuis des siècles comme la «Petite Russie», le défi de construire un État-nation moderne s’annonçait considérable.Le chemin parcouru est conséquent. Les Ukrainiens se sont rapidement débarrassés de leur arsenal nucléaire soviétique, se sont dotés d’institutions stables et d’un système politique pluraliste. La société civile a prouvé un dynamisme certain en hiver 2004 à travers la «révolution orange», qui avait renversé pacifiquement le président autoritaire d’alors, Léonid Kouchma. Pour Andreas Umland, professeur associé à l’académie Kyiv-Mohyla, «le développement relativement pro-démocratique de l’Ukraine a été un succès majeur», notamment par rapport aux voisins moldaves et bélarussiens.

Sous la surveillance du «grand frère» russe

L’Ukraine s’est affichée sur la carte de l’Europe, en prenant ses distances par rapport au «grand frère» russe. Après avoir participé à la guerre en Irak en 2003 et adhéré à l’OMC en 2008, l’Ukraine s’est vue chargée de l’organisation du championnat de footbal «Euro 2012», en partenariat avec la Pologne. Kiev est aussi en passe de conclure un accord d’association avec l’UE, qui instaurera une zone de libre-échange avec les 27.La Russie n’accepte néanmoins pas l’idée d’une Ukraine affranchie. Le Kremlin se plaît à exercer une forte pression sur ses livraisons d’hydrocarbures et les relations commerciales. Il est parvenu à prolonger la présence de sa flotte de la mer noire à Sébastopol, en Crimée, jusqu’en 2042, et ne manque jamais d’exprimer son opinion sur les affaires intérieures.Des affaires intérieures qui donnent un goût amer à l’anniversaire du 24 août. Les «Orange» n’ont pas su tenir leurs promesses révolutionnaires, et le pays subit maintenant une austérité drastique face à une crise économique sans précédent.

Trois fois moins riches que leurs voisins polonais

Le nouveau président russophile, Victor Ianoukovitch, se démarque par une pratique autoritaire du pouvoir et un contrôle accru des médias. La persécution des opposants politiques, comme l’ancien Premier ministre Ioulia Timochenko, est pratique courante.Malgré un certain dynamisme, l’économie manque de réformes de fond et d’investissements structurels. Les Ukrainiens demeurent trois fois moins riches que leurs voisins polonais, tandis que l’économie du pays est sous la coupe de puissants oligarques et paralysée par une corruption généralisée.Si un sondage récent a révélé qu’environ 80% des Ukrainiens approuvent l’indépendance de leur pays, la même proportion estime que leurs conditions de vie se sont dégradées depuis 1991.Pour les 20 ans du pays, la fête est austère. Le gouvernement a minimisé les dépenses et renoncé à une parade officielle. Et ce 24 août semble bien plus rythmé par des manifestations des partis d’opposition en soutien à Ioulia Timochenko que par l’union nationale.

Previous
Previous

RFI: «Opportunity Ukraine» : Ianoukovitch mis en cause pour plagiat

Next
Next

DNA - Arrestation de Timochenko : les protestations continuent