Le Soir: Acharnement contre Ioulia Timochenko

Article paru dans Le Soir, 25/02/2012Elle n’est peut-être pas mourante comme l’affirment ses partisans, mais elle est certainement mal en point. L’ancien Premier ministre ukrainien, Ioulia Timochenko, qui purge actuellement une peine de 7 ans de prison, est « sérieusement malade », selon un médecin allemand qui l’a auscultée le 14 février au sein d’une commission indépendante. Un de ses confrères canadiens, qui l’a examiné en même temps, confirme qu’elle souffre de « douleurs constantes » et qu’elle ne peut plus quitter son lit. Il accuse la direction de sa prison de Kharkiv, dans l’Est du pays, de mentir sur son état de santé et d’avoir entravé les tests que lui et ses collègues ont menés auprès de la détenue.Bien que les résultats de la commission soient encore tenus confidentiels, la fille de Ioulia Timochenko, Evguenia, affirme que sa mère souffre d’une hernie discale, qui nécessiterait son transfert dans un hôpital spécialisé. Un déplacement impossible, dans la mesure où il irait « à l’encontre des intérêts du pouvoir », qui préférerait garder Ioulia Timochenko séquestrée et isolée.Sa fille Evguenia, le visage fatigué et la voix résignée, y voit une nouvelle preuve de ce qu’elle considère comme une persécution politique acharnée. Coupée de sa mère et de son père – qui a pris, de son côté, le chemin de l’exil en République Tchèque –, elle vient d’annoncer son divorce d’avec Sean Carr, chanteur de rock britannique. Esseulée, elle se débat pour garder l’attention des médias sur le sort de sa mère. Sans grand résultat pour l’instant.A l’image de l’ancienne égérie de la révolution orange, son camp fait grise mine. L’opposition politique au « Parti des Régions » au pouvoir demeure décapitée et désunie, malgré l’approche d’élections législatives en octobre. Ses soutiens n’ont pas réussi à mobiliser les foules de manifestants qu’ils avaient promis. L’opinion publique ukrainienne, déçue par les échecs de l’ancien Premier ministre et aux prises avec une situation économique difficile, se désintéresse ouvertement de son sort.Des voyages tous azimutsPour Yuri Soukhov, un de ses avocats, la situation est critique. Vêtu d’un gros pull-over, mal rasé, il confie, abattu : « il n’y a plus de perspectives d’amélioration du sort de Timochenko en Ukraine. Sans pression internationale, nous n’arriverons à rien ». D’où une stratégie d’internationalisation à outrance de l’affaire. Evguenia Timochenko et les avocats de sa mère n’en finissent plus de voyager entre les Etats-Unis, et l’Europe de l’Ouest. De Kharkiv, où elle a tenté de voir sa mère, elle s’envole pour Londres, avant de se rendre à Vienne pour s’adresser à l’Assemblée parlementaire de l’OSCE – Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Elle envisage même un voyage en Russie pour rencontrer le Premier ministre Vladimir Poutine, pourtant farouche adversaire de sa mère. Des initiatives « de la dernière chance », d’autant que l’acharnement politique se poursuit : on s’attend, ce lundi, à la condamnation de Yuri Lutsenko, l’ancien ministre de l’Intérieur de la « révolution orange ». Au terme d’un procès lui aussi politisé, il encourt 4,5 ans de prison.

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