RFI: Vers un allègement du régime de visas UE-Ukraine

Intervention dans l'émission "Bonjour l'Europe", le 15/05/2013Depuis 2005, juste après la Révolution orange, les citoyens de l'Union européenne peuvent se rendre en Ukraine pour trois mois sans visas. Mais les Ukrainiens sont eux encore soumis au régime de visas pour entrer dans l'espace Schengen, ce qui se traduit par des procédures longues, coûteuses, et parfois humiliantes. Ca serait sur le point de changer : il y a deux jours, le 13 mai, le conseil des ministres de l'Union européenne a approuvé une simplification de l'attribution des visas pour certaines catégories d'Ukrainiens. Un premier pas, peut-être, vers l'abolition pure et simple du régime des visas d'entrée. Mais il y a encore beaucoup à faire. BELGIUM_3En quoi consiste cet accord, et est-ce que la perspective d'une abolition du régime des visas est envisageable ? Et bien en l'occurrence, il s'agit d'un accord très technique. Il simplifie la procédure et clarifie la liste des documents à fournir pour demander un visa Schengen. Ca concerne juste quelques catégories très précises d'Ukrainiens. Par exemple, les chauffeurs de poids lourds, les journalistes, les participants à des conférences, ou encore les voyageurs qui se déplacent pour des raisons familiales ou médicales. C'est un accord qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet. Alors, Kostiantyn Yeliseyev, le représentant de l'Ukraine auprès de l'UE, a accueilli la nouvelle de la décision du Conseil des ministres comme un signe d'encouragement, mais a répété que l'abolition du régime de visas est « une priorité » du gouvernement ukrainien. Alors oui, c'est envisageable puisque apparemment tout le monde le veut. Mais vu d'Europe, l'Ukraine est perçue comme un pays à problème. Est-ce qu'une libéralisation du régime de visas est vraiment justifiée ? Oui, il y a un consensus assez large là-dessus. En 2011, l'Ukraine était le second pays dans le monde en terme d'émission de visas Schengen, soit plus de 1.100.000 visas émis. Donc il y a des relations déjà assez intenses. Et quant aux risques sécuritaires, on sait que les visas n'arrêtent pas les trafics et la contrebande. Et puis on parle ici de visas d'entrée, pas de visas de séjour. Donc il ne devrait pas y avoir de perspective d'immigration massive à l'horizon. Cela dit, vous avez raison, l'Ukraine a des problèmes. Et c'est pour cela que la libéralisation du régime de visas prend autant de temps. Les Européens demandent de sérieux efforts en matière de transparence, de sécurisation des frontières, ou encore des modifications du code pénal. Des critères qui rentrent dans le cadre de la signature d'un accord d'Association entre l'UE et l'Ukraine. Mais le gouvernement ukrainien joue au chat et à la souris à la fois avec Bruxelles et avec Moscou. Et il est donc très lent à fournir des résultats. Et justement, on en est où avec cet Accord d'Association ?Bonne question. Les Européens avaient posé une sorte d'ultimatum aux Ukrainiens, jusqu'à la fin mai, pour résoudre des questions de réforme du système judiciaire, du code électoral, et de la justice sélective, notamment l'épineux cas de l'emprisonnement de Ioulia Timochenko. Sans quoi ils ne signeraient pas l'Accord lors d'un sommet à Vilnius en novembre. Bon. Il reste deux semaines, l'affaire Timochenko est loin d'être résolue, et il y a encore beaucoup à faire. Donc c'est à suivre. Sur cette question, voir le communiqué de presse de la Commission européenne du 15/05/2013 ici Mais pour vous donner un exemple : les Européens poussaient pour l'adoption d'une loi anti-discrimination, notamment pour protéger les droits des minorités sexuelles, comme un signe d'adhésion aux valeurs communautaires. Là on ne parlait même pas de mariage pour tous. Et bien hier, les députés au Parlement ukrainien ont été tout près d'en venir aux poings, et le vote sur le projet de loi a été repoussé aux calendes grecques. Alors que ce soit pour les droits des minorités sexuelles, les visas ou la justice sélective, on voit que le chemin vers une intégration européenne est bien sinueux. Ecouter l'intervention ici

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