La Libre Belgique: La Longue Marche vers l'Egalité

Article publié dans La Libre Belgique, le 27/05/2013IMG_0389[1]

C’était une question de symbole. Une petite cinquantaine de participants de "la Marche de l’égalité" ont défilé samedi, sur quelques centaines de mètres d’une allée de la périphérie de Kiev, pendant moins d’une heure, protégés par plusieurs centaines de policiers. "Nous avons réussi" , se félicite l’un des organisateurs de la marche, Stas Mischenko, représentant de l’ONG Gay Alliance - Ukraine. "Nous avons tenu la première gay pride de l’histoire d’Ukraine. Nous avons enfin eu l’occasion de faire valoir notre liberté d’expression !"Quelques échauffourées ont conduit à l’arrestation d’une dizaine de contre-manifestants, mais aucun blessé n’est à déplorer. En 2012, une première tentative de gay pride s’était soldée par un dispositif policier insuffisant et des combats de rue. Cette année, "la Marche de l’égalité" avait aussi été remise en question. Saisi par des députés du Parlement et des conseillers municipaux de Kiev, un tribunal administratif avait interdit toute manifestation publique dans le centre de la capitale pendant le week-end. Le chef de l’administration municipale, Oleksandr Popov, avait officiellement condamné la Marche, en la qualifiant de "moquerie des citoyens de Kiev" ."Les organisateurs avaient travaillé pendant dix mois. Tout était prêt, et les dernières tentatives d’empêcher la Marche allaient clairement à l’encontre du droit de manifester de manière pacifique" , commente Tanya Mazur, directrice de la branche ukrainienne d’Amnesty International. La Marche était soutenue par de nombreuses ONG internationales et des dirigeants occidentaux. Une délégation officielle de la ville de Munich et quelques représentants du Parlement européen se sont joints à la manifestation. "Je suis venu parce que ma ville est jumelée avec Kiev , explique le vice-maire de Munich, Josef Monatzeder (Die Grünen). Mais je dois avouer mon étonnement de ne pas voir ici le maire de Kiev."Si la présence de délégations étrangères a sans nul doute poussé les autorités à assurer une protection policière optimale, elle a aussi donné ajouté à la hargne des opposants de la Marche. "L’homosexualisme, c’est une perversion contre la nature venue de l’Ouest. Ce n’est pas dans la tradition ukrainienne et ça ne le sera jamais !" , dénonce d’une voix stridente Nataliya, en brandissant un crucifix. Au son de chants religieux et de slogans, tels que "L’Ukraine sans homosexualité - bas les pattes de nos enfants !" ou "Stop à la propagande LGBT !" , plusieurs centaines de contre-manifestants, principalement religieux et nationalistes, ont afflué vers le lieu de la Marche, une fois son emplacement rendu public."Guérir" les homosexuels"Regardez autour de vous, nous sommes plusieurs centaines. On parle d’une très petite minorité qui veut imposer leur propagande" , constate Ruslan Kuharchuk, fondateur du mouvement L’Amour contre l’homosexualisme. Lui se défend d’être homophobe : il se considère comme "homonégativiste" . "C’est une maladie, un virus qui menace l’équilibre social et familial en Ukraine." Et d’organiser, dans l’après-midi, "une Marche pour la Famille" dans le centre de Kiev, qui a rassemblé environ 2 000 personnes.Son organisation s’inscrit dans un réseau associatif et religieux qui prend en charge de nombreux homosexuels désireux de "guérir" . A Kiev, la psychologue Ludmila Gridkovets pratique des thérapies dites de Hellinger, qui visent à faire accepter à ses patients un ordre sexuel et familial patriarcal et de nier leurs expériences sexuelles passées. "L’homosexualité peut être guérie" , affirme-t-elle. Une assurance qui est répandue dans les structures sociales, politiques, religieuses et même médicales en Ukraine. Igor Medvid, jeune activiste LGBT, s’était ainsi vu conseiller, pendant une consultation, d’aller "se faire soigner de (sa) préférence pour les hommes" . "Et les cas de discrimination anti-LGBT dans le système médical sont assez fréquents." Et la gay pride ne suffira pas à elle seule à changer la situation.
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