Libération: La première Gay Pride à Kiev, contexte

"VU DE", publié dans Libération, le 25/05/2013

NB: La "Marche de l'Egalité" s'est tenue à Kiev ce samedi matin, 25/05/2013. Les organisateurs ont déplacé le lieu de la Marche en dehors du centre-ville, afin d'échapper à l'interdiction décidée par le tribunal. Une cinquantaine de participants ont défilé sous haute protection policière. Quelques échauffourées ont éclaté sans faire de blessés. Une dizaine de contre-manifestants ont été détenus par la police. La Marche a duré moins d'une heure. L'essentiel des contre-manifestants, religieux et nationalistes, sont arrivés sur place après-coup.IMG_0389[1]----------C’est une décision anticonstitutionnelle et très inquiétante.» Pour Stas Mischenko, représentant de l’ONG Gay Alliance Ukraine et organisateur de la première Gay Pride ukrainienne, l’interdiction de manifester dans le centre de Kiev le 25 mai, décrétée jeudi par un tribunal administratif de la capitale, est un coup dur. «Mais nous voulons organiser la Marche de toute manière, dans un autre endroit s’il le faut. C’est le moment ou jamais de nous faire entendre. Si nous ne le faisons pas, personne ne nous aidera.»Dans l’Ukraine patriarcale, la communauté LGBT n’a pas bonne presse. «Notre position est claire : l’homosexualité, c’est une perversion de la nature, une maladie», dit Iouri Chpirnyi, représentant de l’association chrétienne L’Amour contre l’homosexualité. Sa position est d’ailleurs celle des Eglises orthodoxes, qu’elles soient ukrainienne, russe, ou même géorgienne. Une posture souvent militante, comme on a pu le voir le 17 mai à Tbilissi, la capitale géorgienne : une foule de croyants, dont des prêtres orthodoxes, ont chargé un défilé gay, faisant 17 blessés.L’organisation de Chpirnyi s’inscrit dans un réseau associatif qui prend en charge de nombreux homosexuels désireux de «guérir». Pour la psychologue Ludmila Gridkovets, «tout système biologique harmonieux doit tendre à la reproduction. Les homosexuels vivent dans un système perverti qui signifie la fin de l’évolution de l’espèce humaine». A Kiev, elle mène des thérapies de groupe visant à faire accepter l’ordre patriarcal à ses patients et à leur faire renier leurs expériences sexuelles passées. Elle affirme rencontrer un franc succès.Le corps médical est traditionaliste. Igor Medvid, représentant de HealthProtection LGBT, une association de défense des droits des personnes LGBT atteintes du sida, se rappelle avoir confié son orientation sexuelle à un médecin lors d’une consultation. «Tout d’un coup, mon problème vasculaire n’était plus important. Il m’a fortement conseillé d’aller me faire soigner de ma préférence pour les hommes.»Le milieu politique est tout aussi rétif à la modernité. Si le gouvernement a répété à maintes reprises son attachement aux valeurs européennes, le Parlement n’en a pas moins adopté en première lecture, en octobre, un projet de loi qui vise à interdire la «promotion de l’homosexualité dans l’espace public». Un des auteurs du projet ukrainien, le communiste Yevhen Tsarkov, avait été sacré «homophobe de l’année» en 2012. Nostalgique de l’URSS de Staline où l’homosexualité était illégale, il dénonce «l’homodictature» qui règne selon lui de nos jours. «Il nous faut, dit-il, protéger les enfants de ce diktat, car ils ne peuvent pas décider sciemment de leur orientation sexuelle.»
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