RFI: Première Gay Pride à Kiev

Reportage diffusé dans l'émission d'Accents d'Europe, le 28/05/2013Que l’on juge, les autorités ukrainiennes ont autorisé, le week-end dernier, la première gay pride de l’histoire du pays. Non sans mal. Il faut dire que le climat politique est plutôt négatif, un projet de loi voudrait transformer en délit, la promotion de l’homosexualité dans l’espace public… Résultat, sous un important dispositif policier, les participants à cette première gay pride étaient bien peu nombreux…603852_10151577238492044_2110341863_nUne cinquantaine de participants qui défilent sur quelques centaines de mètres, pendant moins d'une heure, encadrés par plus d'un millier de policiers. La « Marche de l'Egalité », la première Gay Pride à Kiev était vraiment une question de symbole. L'an dernier, une première tentative s'était soldée par un dispositif sécuritaire insuffisant et des agressions de participants. Alors cette année, les conditions de sécurité étaient maximum et l'ambiance n'était pas à la fête. Stas Mischenko, un des organisateurs de la Marche, explique pourquoi il était essentiel d'aller jusqu'au bout. Stas: La situation de la communauté homosexuelle en Ukraine se dégrade de jour en jour . On voit une montée nette de la xénophobie et de l'homophobie, des discours de haine et de la violence contre les personnes gays. Dans le même temps, il y a un certain nombre d'initiatives législatives qui visent à limiter la liberté d'expression et d'association de la communauté LGBT. Nous ne pouvons pas rester silencieux, nous avons besoin d'apporter une réponse claire sur cette situation et d'être entendus. Je suis convaincu que la Gay Pride est un moyen très approprié pour délivrer notre message aux plus hauts niveaux. Car dans un premier temps les politiques ont bien tenté d’empêcher cette gay Pride. Saisi par des députés et des conseillers municipaux, un tribunal administratif avait interdit toute manifestation publique dans le centre de Kiev au cours du weekend. Le chef de l'administration municipale, Oleksandr Popov, avait condamné publiquement la Gay Pride la qualifiant de  « moquerie des citoyens de Kiev ».les organisateurs ont déplacé le lieu de la Marche et bénéficié d'un fort soutien de plusieurs ONG internationales et de personnalités occidentales, et la Gay Pride a quand meme eu lieu. Entre autres, le maire adjoint de Munich avait fait le déplacement avec une délégation de personnalités allemandes. Uwe Hagenberg, un activiste gay à Munich, a participé à la Marche en signe de soutien. Uwe: On compare toujours à ce qui se passait en Allemagne dans les années 70, pour essayer de comprendre comment donner plus de visibilité à la communauté LGBT et assurer une reconnaissance de leurs droits. Il doit y avoir 300 000 LGBT dans la ville, mais on en voit très peu. Et pour cause. Quelques clubs gays existent dans les grandes villes d'Ukraine et quelques associations portent la voix de la communauté homosexuelle. Mais les actes homophobes, voire les attaques violentes, sont régulières, et en général les homosexuels se cachent. Et la meilleure preuve, c'est que si peu de manifestants se soient déplacés. Si cette première gay pride  était timide,  c'est aussi parce que les adversaires de la communauté homosexuelle sont nombreux. Les premiers à arriver sur les lieux étaient des représentants de groupe religieux, principalement des chrétiens orthodoxes du patriarcat de Moscou. Ruslan Kurhachuk est le fondateur de l'organisation religieuse « L'amour contre l'homosexualité». Ruslan: A l'heure actuelle, le plus gros danger pour la famille traditionnelle, c'est la propagande des relations homosexuelles. On ne se préoccupe pas de ce que les gens font dans leurs chambres. Mais quand ils organisent des événements de plein air, là nous croyons que c'est de la propagande de l'homosexualité. Et nous protestons contre ces événements pour protéger nos droits. En particulier ceux des familles et des enfants. Lui ne se considère pas comme homophobe mais comme « homo-négativiste » et refuse le diktat d'une minorité. Dans l'après midi, il était à la tête d'une manifestation « Pour la Famille », qui elle s'est tenue dans le centre de Kiev et a rassemblé près de 2000 personnes. Et puis enfin, une colonne musclée de jeunes nationalistes, militants du parti Svoboda, ont fait irruption sur le lieu de la Marche. Bien qu'ils soient arrivés après que tout soit fini, Andriy Illenko, député du parti Svoboda et meneur de ces militants, s'est attribué la dispersion des gays et lesbiennes de la Marche. Andriy: Mes amis, nous voyons aujourd'hui que la Gay Pride est un échec(Applaudissements)C'est grâce à notre action que la Marche n'a pas été tenue dans le centre-ville. C'est grâce à notre action qu'elle est déjà finie. Et c'est par notre action que ce genre d'événement ne se répétera pas ! Au Parlement, il ?uvre dans ce sens. Un consensus assez large, qui va des nationalistes aux communistes, se dessine contre la liberté d'expression de la communauté homosexuelle. Un projet de loi, déjà adopté en première lecture, prévoit d'interdire toute promotion de l'homosexualité dans l'espace public. Et le vote d'un autre texte, qui vise lui à punir les actes de discriminations homophobes, a été reporté sine die par les députés du Parlement. Certains voient la tenue de cette première gay pride comme un succès, d'autres comme un échec. En tout cas, il faudra plus que ce petit défilé pour consolider la fierté de la communauté homosexuelle en Ukraine. Ecouter le reportage ici

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