RFI: Report des élections municipales à Kiev

Intervention dans l'émission Bonjour l'Europe, le 05/06/2013Un peu de politique ukrainienne. Ca fait des mois qu'on accuse le président Ianoukovitch d'une dérive autoritaire. Et les partis d'opposition comptent sur des prochaines échéances électorales pour rééquilibrer la situation. Mais encore faut-il que ces élections aient lieu... bigEn premier lieu, c'est l'élection pour la mairie de Kiev, la capitale. On l'attendait pour bientôt, mais elle a été reportée à octobre 2015. Est-ce que c'est légal ? Et bien oui, c'est on ne peut plus légal, puisque ça a été décidé par la cour constitutionnelle d'Ukraine elle-même ! Une décision qui date de la semaine dernière. Il faut dire que les élections de la capitale ukrainienne étaient toujours décalées par rapport aux autres municipalités du pays. Et bien là, les juges ont décidé de reporter le vote, officiellement pour harmoniser le cycle électoral des municipales en Ukraine. Alors, c'est légal, mais beaucoup de personnes trouvent que ce n'est pas légitime. Vous savez, l'actuel conseil municipal a été élu en 2008 pour un mandat de 5 ans. A sa tête, il y avait le maire Leonid Chernovetskyi. Une personnalité controversée, qui avait brillé par son absence : il était vu bien plus souvent dans des pays ensoleillés qu'à son bureau de Kiev. Et presque sans prévenir, il a démissionné de son poste il y a un an. Pour le remplacer, c'est le chef de l'administration municipale, Oleksandr Popov, un homme de confiance du Président Ianoukovitch, qui joue le rôle de maire. Et donc en tout, avec cet arrêt de la cour constitutionnelle, le conseil municipal va rester en place plus de 7 ans, dont plus de 3 ans dirigé par un fonctionnaire qui n'a jamais été élu. Pour une ville de plus de 3 millions d'habitants, ça fait un peu tâche. Mais si c'est la cour constitutionnelle qui l'a décidé, ce n'est pas contestable, non ? Pourquoi certaines personnes trouvent cet arrêt illégitime ? Et bien, Kiev, c'est une métropole de pus en plus sympathisante de l'opposition. Selon les sondages les plus récents, si l'ancien boxeur et leader de l'opposition, Vitali Klitschko se présentait, il récolterait au moins 2 fois plus de voix qu'Oleksandr Popov. Et donc on soupçonne une motivation politique derrière la décision de la cour, pour que le parti des régions au pouvoir conserve la main sur la capitale.Et quand je dis « on », c'est beaucoup de monde. Les occidentaux expriment leur inquiétude, des ONG regrettent le manque de débat sur la question, et les partis d'opposition crient au complot politique, accusent la cour constitutionnelle d'être une « cour de pantins », et tentent de mobiliser les foules. Mais bon, en Ukraine il faut relativiser la marge de manœuvre de l'opposition. Le weekend dernier par exemple, il y a eu une série de petites élections locales dans quelques municipalités du pays. Et bien, la plupart des candidats de l'opposition se sont fait battre à plate couture par leurs concurrents du parti des régions, et souvent sans même l'aide des traditionnelles fraudes électorales. Alors d'une part, on a un parti des régions taxé d'autoritarisme mais quand même populaire, et d'autre part une opposition faible et divisée. Et cette opposition, sans campagne électorale majeure, elle a du mal à se faire entendre. Ecouter l'intervention ici 

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