France Inter: Le phénomène Dakh Daughters en Ukraine

Séquence dans l'émission "Partout Ailleurs" de France, Inter, diffusée le 04/10.2013

Un phénomène majeur en Ukraine. Les Dakh Daughters qui se produiront à Paris le 9 octobre au théâtre Monfort. Les filles du Dakh ont créé un mélange tout à fait inédit et déjanté d'arts dramatiques, de pièces musicales et d'effets visuels. Stars cette année du GogolFest, un grand festival multidisciplinaire à Kiev, leur dernier spectacle associe les artistes du trapéziste français Stéphane Ricordel.

Dakh daughters

Le visage peint en blancs, les yeux noirs et les lèvres couvertes d'un rouge à lèvre ouvertement excessif, elles ressemblent à des personnages de film muet. Mais les sept « Dakh Daughters », les filles du Dakh, sont loin d'être silencieuses. Entraînées par les accords et percussions de basse, de violoncelle, de synthés, de tambourins, de guitare, d'accordéon, de violon, ou encore de xylophone, les artistes ukrainiennes murmurent et discutent, chantent et hurlent, dansent et sautent. A chaque représentation, elles prennent totalement possession de la scène et du public.

Comme leur nom l'indique, les musiciennes sont les filles du « Dakh », une compagnie de théâtre créée il y a plus de dix ans, très populaire en Ukraine. Le groupe « Dakh Daughters » a donc développé un mélange unique de théâtre et de musique, de spontanéité et de mise en scène. Ruslana Khazipova est l'une d'entre elles. Elle explique que leurs représentations déjantées sont avant tout le reflet d'une vieille amitié.

Ruslana: Nous sommes ensemble depuis dix ans déjà, et en fait, on transpose nos expériences de vie sur la scène, c'est ça que l'on fait. Quand on répète, on ne fait que s'entraîner sur des points techniques. On se réunit souvent, beaucoup de choses sortent de nos rencontres, on essaye d'y donner une structure, et ça se retrouve sur la scène.

Après avoir été consacrées en tant qu'actrices au sein de la compagnie du Dakh, sept filles ont entrepris, en 2012, une première tournée à Paris. C'est à cette occasion qu'elles ont conçu des représentations musicales avec un air de cabaret. Et le groupe est né. Pour la chanteuse Solomiya Melnik, c'est presque une évolution biologique.

Solomiya: Depuis dix ans, nous avons la chance de travailler avec des acteurs professionnels, des enseignants, et la troupe a grandi de cette manière. Ca nous permet de voir nos erreurs, nos lourdeurs, nos réussites, de nous perfectionner et de nous renouveler. C'est comme un organisme vivant, qui évolue avec les membres qui le composent. C'est une des raisons pour lesquelles nous travaillons sous cette forme. Au cinéma, on peut répéter un film à l'infini. Mais notre art, c'est du théâtre et de la musique, et ça change à chaque fois. On peut se renouveler en permanence.

A Kiev, elles viennent de briller au GogolFest, un festival multidisciplinaire créé par le directeur du théâtre Dakh, Vladyslav Troïsky. Personnalité très respectée en Ukraine, il se débat depuis longtemps pour développer une scène artistique alternative et innovante dans son pays. Le festival est dédié à l'esprit décalé de l'écrivain Nikoali Gogol. Il se tient dans une usine désaffectée du sud de Kiev, et offre un espace de créativité et de libre expression auquel on est guère habité dans l'Ukraine post-soviétique.

Cette année, les Dakh Daughters ont présenté un spectacle intitulé « La Gare », en coopération avec la compagnie du trapéziste français Stéphane Ricordel. Elles parlent de solitude, d'attente, d'espoir, de fraternité. Des messages qui revêtent une signification particulière dans une Ukraine marquée par une dérive de plus en plus autoritaire du régime en place. Certaines de leurs chansons sont en français, et elles entendent faire de la France et de sa culture une étape dans leur recherche de légèreté et de leur ouverture au-delà de l'Ukraine.

A Paris, au théâtre Monfort, elles ne seront que six, mais c'est largement suffisant pour faire résonner les sonorités extravagantes de cette nouvelle scène artistique ukrainienne.

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