RFI: Donbass; pas de politique de déminage coordonnée
Reportage diffusé sur RFI, le 11/02/2016Un an après la signature des Accords de Minsk, les échauffourées sont encore fréquentes le long de la ligne de front du Donbass. Des millions de personnes tentent de continuer à vivre malgré les dangers, malgré une situation économique précaire, et la présence dans toute la région de mines anti-personnelles et anti-chars. Aucune politique de déminage coordonnée n’est mise en place. Pour l’instant, les organisations internationales misent sur la prévention. Dans le Donbass, dans le petit village de Rubtsi, Sébastien GobertAvec un masque de loup sur la tête, l’acteur veut jouer avec les enfants. Il commence à ramasser des jouets, des cailloux, des bouts de bois. Mais quand il est attiré par une mine, les écoliers s’époumonent pour le retenir de s’en approcherL’acteur fait semblant d’avoir perdu un bras. Sur le visage des enfants, c’est le choc. C’est exactement l’effet recherché par les acteurs de la Fondation Suisse d’Action contre les Mines, coordonnés par Olena Kryvova.Olena Kryvova: Nous nous efforçons de susciter l’intérêt des enfants avec des moyens ludiques. L’idée, c’est de simuler une situation réelle: si tu découvres une mine, qu’est-ce que tu fais? A l’école du petit village de Rubtsy, la venue de l’équipe est un évènement. La directrice adjointe Vira Oleksandrivna se félicite de cette initiative.Vira Oleksandrivna: Pour notre école et les enfants, ce genre d’information est très utile. Il faut qu’ils comprennent que les mines sont dangereuses, qu’il ne faut pas y toucher, à ça ou à tout objet inconnu. Dans le Donbass meurtri par la guerre, un cas marque les esprits, celui d’enfants qui trouvent une mine dans la forêt et la ramènent chez eux pour la montrer à leur famille. La mine a explosé une fois dans leur maison, provoquant un carnage. De nombreuses autres histoires circulent, et ne touchent pas que la zone de la ligne de front. Le village de Rubtsy est lui bien au nord de la région. Vira Oleksandrivna.Vira Oleksandrivna: Il y a eu quelques combats par ici au moment de la bataille de Slaviansk, il y avait quelques barrages routiers. Il y a évidemment des mines par ici. Mais où exactement? Il est impossible de le savoir, à moins de les trouver par hasard.
Le groupe d’Olena Kryvova n’est pas en charge d’action de déminage, laissé aux mains des autorités publiques. Olena Kryvova dénonce néanmoins leur manque d’efficacité.Olena Kryvova: Les services d’urgence se déplacent quand quelqu’un les prévient de la présence d’une mine. Si personne n’appelle, personne ne vient. Il n’y a pas de politique systématique de déminage. Les militaires ont les cartes des champs de mines, mais ils ne partagent pas l’information, car ils se considèrent toujours en état de guerre. En filigrane, la perspective de voir la ligne de front bouger de nouveau, qui rendrait inutile toute politique de déminage.On est loin d’une solution définitive au conflit du Donbass. En attendant, ce sont des millions de personnes et d’enfants qui doivent regarder à deux fois où ils mettent les pieds.Ecouter le reportage ici