M6, son chaos imaginaire et ses filles de rêve

Billet d'opinion sur la diffusion du documentaire "Un été brûlant à Odessa", sur M6, le 24/07/2016Et pendant ce temps, Odessa continue d'attirer les plus grands noms de l'investigation télévisée à la francaise. Apres Paul Moreira, c'est Bernard de la Villardière qui impose sur M6 "Un été brûlant à Odessa", dans son émission "Enquête Exclusive". Réalisation Marc Roussel, dont je découvre le nom.Screen Shot 2016-07-28 at 14.35.55http://www.lezappingdupaf.com/2016/07/un-ete-brulant-a-odessa-dans-enquete-exclusive-sur-m6.htmlEn lieu et place d'une enquête, le téléspectateur a droit à un amalgame de séquences sans beaucoup de connecteurs logiques. Des filles d'Odessa à l'incendie de la maison des syndicats, des filles d'Odessa aux milices nationalistes, des filles d'Odessa à la nouvelle police, pour revenir aux filles d'Odessa. Les séquences s'enchaînent sans marqueurs temporels très ancrés: dur de départager ce qu'il s'est passé en 2014, 2015, ou cette année. Quand est censé se dérouler cet "été brûlant", on ne sait guère. Mais de tout temps, les filles d'Odessa... Bref.Ce qui apparaît évident, encore une fois, c'est le manque de contexte et de clés de lecture. Et la frustration implicite du scénariste-journaliste de ne pas constater, dans les rues d'Odessa en 2016, "l'état de guerre", la violence, les fusillades en plein jour, et autres amuse-gueule qui avaient été imaginées à Paris et qui rendraient, si avérées, le sujet si sexy. Alors on compense, par une musique de fond angoissante, des images d'archive et des commentaires gratuits et plus ou moins au conditionnel, sur cette guerre qui était la, qui approche, qui est imminente, qui est déjà là en fait. Vous ne la voyez pas? On va vous la montrer. Et ces milices nationalistes qui font la loi et régissent tout à la place de la police... Rien ne va plus. Une situation catastrophique qui justifie, en fait, mais c'est bien sûr, que des dizaines de jeunes filles se vendent à des étrangers à travers des agences de mariage ou sur des scènes de boîtes de nuit. Pour quitter cet enfer, ou en tout cas y survivre. Car vous savez, les filles d'Odessa... Bref.Et de les voir si décontractées et pleines de vie dans un environnement si hostile... Brrr. A la fin du reportage, j'avais presque envie d'en adopter une tellement elles me faisaient pitié. Mais, alors, si je le faisais, devrais-je me confronter au Big Boss nationaliste qui régit apparemment tout et tout le monde à Odessa? Et si je croyais à cet amalgame confus, et confusant, on peut le dire, qui s'étale sur plus de 50 minutes, oserais-je même me rendre dans ce coupe-gorge qu'est Odessa? Et si je considérais que cela est une enquête, ou même du journalisme moderne et sérieux, pourrais-je encore me regarder dans la glace?https://www.youtube.com/watch?v=JV6C_Q0t60A Lire ici une analyse détaillée du film de M6 par l'équipe du Ukraine Crisis Media Center. 

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