RFI: Novembre morose à Kiev

Intervention dans la séquence Bonjour l'Europe, sur RFI, le 17/11/2016Alors que l’Ukraine s’apprête à commémorer le troisième anniversaire du début de la Révolution du Maïdan, l’ambiance est plus que morose dans le pays… Les réformes se font attendre, et les critiques contre le gouvernement se font de plus en plus acerbes… khatia_dekanoidzeOn comprend que les derniers jours ont été assez tendus, à Kiev? Oui, le début de semaine a été étrange, pour tout dire. Ce lundi, plusieurs manifestations ont été organisées dans le quartier gouvernemental. Un groupe protestait contre l’austérité économique. Un autre groupe était composé d’anciens épargnants qui réclamaient le remboursement de leurs épargnes perdues dans la faillite de plusieurs banques.Beaucoup de ces participants étaient payés, et ne savaient pas exactement pourquoi ils protestaient. C’est l’OSCE, entre autres, qui l’a démontré.Et le tout s’est déroulé dans un climat de tension. Les manifestants étaient entourés de jeunes hommes, pour beaucoup cagoulés, à l’allure menaçante. Et le dispositif policier était impressionnant. L’avenue principale de Kiev était même fermée à la circulation, par crainte d’une attaque terroriste. Les autorités craignaient ce qu’ils appellent des provocations russes. C’était donc… bizarre.Est-ce que cela peut vraiment être une provocation russe? C’est impossible à affirmer, vraiment. Le fait est que les médias russes ont récemment véhiculé, sans trop de raisons, des annonces de “troisième Maïdan”, c’est-à-dire une nouvelle révolution à Kiev, qui serait elle, très radicale et violente. Mais les manifestations ont été pacifiques, et organisées par des partis ukrainiens, qui ont des préoccupations très nationales, et des critiques légitimes.Les sacrifices demandés à la population sont énormes, par exemple sur le prix du gaz pour les ménages. Le Président a cherché à calmer le jeu lundi en annonçant des mesures d’aide. Mais beaucoup d’Ukrainiens se sentent laissés pour compte.Et de l’autre côté, les réformes n’avancent pas, et la corruption reste endémique. Transparency International vient de publier un rapport citant l’Ukraine comme l’un des pays les plus corrompus d’Europe, juste après que les fortunes colossales des dirigeants du pays ont été rendues publiques, début novembre.Oui, d’ailleurs, on voit que plusieurs réformateurs ont quitté leurs postes…? Exactement. C’était aussi ce lundi. La jeune chef des douanes d’Odessa Ioulia Marouchevska et la chef de la police nationale Khatia Dekanoidze ont démissionné. Cela doit être compris dans le contexte d'une rivalité politique entre Petro Porochenko et l'ancien gouverneur d'Odessa Mikheil Saakachvili. Elles ont dénoncé les entraves que l’ancien système opposait à leurs efforts de changement.Cela envoie un message très négatif, sachant que la réforme de la police, c’était l’un des rares accomplissements dont pouvait se vanter le pouvoir. Et puis, dernière cerise sur le gâteau, celui qui remplace Khatia Dekanoidze, c’est un ancien combattant ultra-nationaliste lié à des groupes néo-nazis, homme de main du très controversé ministre de l’intérieur Arsen Avakov.Bon. Il faut analyser chacun de ces évènements séparément, à froid, bien évidemment. Et il faut se rappeler que tout ne va pas mal en Ukraine. Mais voilà. Vous me demandez quelle est l’ambiance en Ukraine ce novembre. Et bien, ce début de semaine, sous une neige précoce qui plus est, ce début de semaine a été très confus, et pose beaucoup de questions.Ecouter l'intervention ici

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