RFI: Attaques informatiques contre Emmanuel Macron depuis l'Ukraine: pas si simple que ça
Reportage diffusé dans les journaux de la matinale, sur RFI, le 16/02/2017Hier, 15 février, dans une Tribune dans Le Monde, Richard Ferrand, le secrétaire général d’En marche, le mouvement d’Emmanuel Macron a accusé la Russie de vouloir saboter la campagne du candidat à la présidentielle. Moscou serait à l’origine de milliers d’attaques informatiques contre le site d’En marche. La moitié viendrait d’Ukraine. La prudence est néanmoins de mise: le lien entre l’origine des attaques et leur commanditaire n’est pas simple à déterminerPourquoi l’Ukraine se retrouve-t-elle au coeur de ce scandale cybernétique français? Le pays a connu un développement fulgurant et atypique de son réseau Internet depuis une dizaine d’année. Grâce à une très bonne qualité de connexion, et à cause d’un manque de régulation, le pays est devenu une plateforme du piratage international. Mais des attaques informatiques lancées depuis des ordinateurs ukrainiens, cela ne veut pas dire des attaques informatiques décidées depuis l’Ukraine. Et cela ne présage en rien de l’identité des commanditaires de ces attaques. Serguei Smitienko est un expert ukrainien en défense cybernétique.Serguei Smitienko: On peut trouver l’ordinateur à l’origine de l’attaque. Mais c’est dur de trouver le Centre de Commande et Contrôle, le C&C, de cet ordinateur. Typiquement, l’ordinateur est en Ukraine. Le C&C est au Kenya. Et ceux qui contrôlent le C&C sont en Thaïlande. Autrement dit, il est très difficile de mettre un nom sur les attaques qui ont touché le site d’Emmanuel Macron. Difficile, mais pas impossible, comme l’explique Anton, un spécialiste en défense cybernétique au sein des services secrets ukrainiens. Il a préféré garder l’anonymat.Anton: Il est possible de remonter la chaîne de l’attaque. Mais la partie victime doit solliciter les organes ukrainiens compétents afin de nous donner un le mandat juridique. Sans cela, nous ne pouvons rien faire. Selon l’équipe d’Emmanuel Macron, les attaques se sont multipliées depuis novembre. Les services secrets ukrainiens n’ont reçu aucune demande d’enquête du côté français. Les auteurs des attaques restent donc inconnus à ce jour.Sébastien Gobert - Kiev - RFI