RFI: Kiev ne veut pas parler avec les autorités auto-proclamées de Donetsk et Louhansk
Reportage diffusé dans le journal de 14h, sur RFI, le 18/09/2017Ballet diplomatique autour de la perspective d’envoyer une mission de Casques Bleus dans l’est de l’Ukraine. La guerre y fait toujours rage depuis 2014. Les affrontements entre forces ukrainiennes et troupes pro-russes et russes ont coûté la vie à plus de 10.000 personnes. Le Kremlin s’est longtemps opposé à l’envoi d’une force de maintien de la paix avant de se raviser début septembre. Les diplomates s’activent. A Kiev, on reste très prudent. A Kiev, Sébastien Gobert a rencontré la vice-première ministre ukrainienne, Ivanna Klympush-Tsintsadze. L’Ukraine demande depuis 2015 l’envoi d’une mission de maintien de la paix, de l’ONU ou de l’Union européenne, qui s’étende à tous les territoires séparatistes, reprenne le contrôle de la frontière ukraino-russe, et sécurise la région afin que des élections puissent se dérouler sans la pression de groupes armés. La proposition russe est bien plus limitée. La vice-première ministre Ivanna Klympush-Tsintsadze est donc sur la réserve.Ivanna: Ce pourrait être une opportunité pour la paix, aussi bien qu’une tentative de compliquer encore le conflit, au mépris des lignes rouges que l’Ukraine a tracé. Parmi ces lignes rouges, le contingent de Casques Bleus ne doit pas comporter de soldats russes. Pour Kiev, ils sont déjà en Ukraine, en tant force d’occupation. Aussi, le Kremlin demande que les forces onusiennes gèrent leur déploiement avec les autorités séparatistes de Donetsk et Louhansk, et donc entame avec elles un dialogue officiel. A Kiev, c’est un “Niet” catégorique.Ivanna: Il n’y a que deux parties à ce conflit. L’une est la Fédération de Russie, l’autre, c’est l’Ukraine. La Russie a annexé la Crimée illégalement, et attaque l’Ukraine à l’est. Alors ça n’a pas de sens de parler à Donetsk et à Louhansk qui ne décident de rien, car tout est décidé par le Kremlin! Pourquoi leur parler? Selon les statuts de l’ONU, l’Ukraine est en droit d’accepter, ou de refuser, le déploiement de Casques bleus sur son territoire. Mais au-delà de ce droit légal, la pression politique et diplomatique pourrait se renforcer sur Kiev. Après un gel des négociations de paix pendant des mois, beaucoup d’Occidentaux voient dans la proposition russe une chance d’obtenir une avancée unique, au moins une chance de mettre fin aux violences meurtrières le long de la ligne de front.