Mediapart: Figure anticorruption, la nouvelle présidente moldave marche sur un fil

Article publié sur le site de Mediapart, le 16/11/2020

La large victoire de Maia Sandu dimanche à la présidentielle moldave suscite de grands espoirs de changements dans l’un des pays les plus pauvres d’Europe. Mais l’application de son programme ne sera pas aisée.

Kiev (Ukraine).– « Cette élection n’est pas qu’une question entre l’Est et l’Ouest, il nous faut trancher entre le passé et le futur. » Deux jours avant le second tour de l’élection présidentielle, l’historien et député Virgiliu Pâslariuc estimait que sa candidate, Maia Sandu, représentait une chance unique de « transformer le pays » avec son programme de réformes libérales de choc, de lutte acharnée contre la corruption et d’intégration européenne comme « meilleur vecteur de développement pour la Moldavie ». Après des décennies d’incurie et de détournements de fonds massifs, le bien-fondé de cette plateforme de changement reposait d’abord et avant tout sur la personnalité de Maia Sandu, cohérente dans son intégrité et son travail.

Le 15 novembre, 57,75 % d’électeurs ont approuvé l’analyse de Virgiliu Pâslariuc. Parmi eux, plus de 262 000 Moldaves de l’étranger qui se sont mobilisés à travers le monde pour offrir à Maia Sandu 92,94 % de leurs voix. Un soutien massif qui illustre la responsabilité historique du mandat de la première femme présidente de Moldavie. 1,2 million de personnes, soit un tiers des habitants d’un des pays les plus pauvres d’Europe, vivent et travaillent à l’étranger. Leur intégration dans le fonctionnement des institutions démocratiques, voire l’établissement de conditions pour faciliter leur retour sont autant de défis majeurs pour le futur de l’État.

Pour ce faire, Maia Sandu se projette sur le long terme. Depuis son entrée en politique il y a une dizaine d’années, elle n’a jamais caché les sacrifices que son programme engendrerait dans un premier temps, même si elle entend obtenir des résultats rapides dans la lutte contre la corruption. « Dans les cinq mois où j’ai servi comme première ministre, en 2019, nous avons liquidé un trafic de cigarettes de plusieurs millions d’euros à partir du territoire non contrôlé de Transnistrie [République non reconnue sur la rive gauche du Dniestr, inféodée à la Russie, de facto indépendante depuis un conflit en 1992 – ndlr]. C’est donc possible, à condition d’être déterminée », expliquait-elle lors d’un entretien, le 13 novembre.

Lire le reste de l'article ici (accès abonnés)

Previous
Previous

Analyse: Pourquoi le coronavirus raffole-t-il de la politique ukrainienne?

Next
Next

Analyse: En Ukraine, une fronde régionale face à la "quarantaine du weekend"