“Ça doit cesser"! Mais quand?
Nous sommes le 21 janvier 2024
et 24h après l’investiture de Donald Trump, on voit que sa promesse de campagne d’arrêter la guerre russe en Ukraine en 24h
n’était pas sérieuse.
Ce n’est pas une grande surprise, mais Donald Trump et son équipe étalent véritablement leurs hésitations sur la question
On comprend que le règlement de cette question n’est pas pour tout de suite
Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette vidéo où l’on explique comment
l’administration Trump n’a visiblement qu’une idée très vague sur l’arrêt de la guerre
très vague dans le concept mais aussi dans le temps.
Mais que celle-ci pourrait bien passer par une série de concessions faites à la Russie.
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Donald Trump n’a pas mentionné les mots Ukraine ou Russie dans son discours inaugural.
Il a aussi très peu mentionné la Chine, ce qui était assez notable compte tenu de la politique de son premier mandat.
Un peu plus tard, alors qu’il signait dans le bureau ovale sa centaine de décrets présidentiels préparés à l’avance,
il a assuré que Vladimir Poutine était en train de détruire la Russie en ne faisant pas de deal,
qu’il y a 1 million de soldats russes et 700.000 Ukrainiens morts, des estimations que l’on ne peut vérifier mais qui sont bien supérieures aux chiffres auxquels on se réfère habituellement
et que Vladimir Poutine ne peut pas être content de cette guerre vu qu’elle devait se terminer en une semaine et qu’elle dure déjà depuis 3 ans.
Mais surtout, Donald Trump a confirmé que la construction d’un cessez-le-feu et d’un accord de paix, ça prendrait du temps
il a dit qu’il faut qu’il parle à Vladimir Poutine, ce qui sous-entend qu’il ne l’a pas encore fait.
et son secrétaire d’Etat, son ministre des affaires étrangères, Marco Rubio, qui a été confirmé dans son poste hier juste après l’investiture
a aussi expliqué que le travail allait commencer tout de suite
ce qui sous-entend que ça n’a pas commencé avant.
C’est une différence marquée avec le conflit au Proche-orient, où le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas
est entré en vigueur grâce à l’action conjointe de l’administration Biden et de l’équipe Trump.
et il est entré en vigueur avant même l’investiture
Là aussi, ça a pris du temps, mais le travail a commencé bien en amont.
et aussi, dans ce cas-là, il y a un des belligérants qui a été autorisé, soutenu, encouragé à accomplir ses objectifs stratégiques
à savoir Israël.
Dans le cas de la guerre russe en Ukraine, aucune des deux parties n’est pour l’instant en mesure de défaire son adversaire et d’imposer sa vision maximaliste à l’autre.
Dans le temps long, tout est possible, à la fois pour la Russie et pour l’Ukraine.
On a vu comment une situation figée pendant une décennie en Syrie s’est réglée en l’espace de deux semaines
Mais dans le temps court de l’action politique américaine,
la situation actuelle ne permet pas la victoire de l’Ukraine sur la Russie ou l’inverse
et donc ne permet pas l’instauration d’un arrêt immédiat des combats.
Il faut se rappeler qu’en Corée, les négociations de paix ont commencé dès la fin de l’année 1950
mais ce n’est que trois ans et trois millions de morts plus tard, en 1953, qu’elles ont débouché sur un accord d’armistice qui est toujours respecté aujourd’hui.
Moi je reste assez convaincu qu’il va y avoir un accord de cessez le feu en 2025
Parce que sur le champ de bataille, tout le monde est épuisé
et a besoin d’une pause
Mais surtout parce que Donald Trump veut obtenir des résultats rapides
et il vise le prix Nobel de la paix.
et donc pour ça il va mettre tout son poids dans sa balance
Mais tout son poids, ça veut dire quoi? Il pourrait chercher à renforcer la position de l’Ukraine
en lui livrant des missiles balistiques de longue-portée, plus d’armement,
en renforçant les sanctions et en augmentant la production pétrolière pour baisser les cours mondiaux et affaiblir la Russie
Mais ses premières décisions semblent plus indiquer qu’il va affaiblir l’Ukraine
Je pense à la décision de suspendre tous les programmes d’aide des Etats-Unis à l’étranger
notamment l’agence de développement USAID
C’était l’Ukraine qui était au sommet de la liste.
En 2023, elle avait reçu 17 milliards de dollars à travers des programmes d’assistance, de coopération technique, de soutien à la société civile.
Si Donald Trump a gelé cela, alors il est prêt à réduire les modalités de la résilience ukrainienne et de la résistance du pays
ce qui veut dire qu’il ne pas sans doute pas arrêter, mais maintenir une incertitude sur le soutien militaire
mettre en sourdine toutes les discussions sur une adhésion à l’Otan et les garanties de sécurité bilatérales
et dialoguer directement avec Vladimir Poutine pour l’amener à la table de négociations
par exemple un deal comme: tu gardes les territoires occupés mais tu ne dis rien sur le renforcement de la présence américaine au Groenland et donc dans l’Arctique.
Si c’est ce scénario qui est suivi, alors la Russie en sortira gagnante
mais pas satisfaite pour autant
et donc l’accord de cessez-le-feu ne sera qu’une pause
avant d’autres conflits, sans doute en Ukraine, peut-être ailleurs
Et donc là il faut se poser la question de l’attitude des Européens
les Américains se désengagent, est-ce que les Européens doivent du coup perdre de vue les défis et les menaces qui pèsent sur la sécurité de leur propre continent
et accepter tout ce qui se décidera entre la Maison blanche et le Kremlin?
L’Ukraine va bientôt entrer dans la 4ème année de cette invasion généralisée
mais c’est surtout pour l’Europe plongée dans l’incertitude da l’âge d’or américain promis par Donald Trump,
c’est pour cette Europe laissée à elle-même que se posent, maintenant, en 2025, des questions existentielles.
Merci!