Accélération des assauts russes sur Pokrovsk
La situation se dégrade rapidement dans les environs de Pokrovsk
Les Russes ayant lancé une attaque au sud de la ville il y a quelques jours
ce qui amorce un mouvement d’élargissement du siège de la ville,
voire d’encerclement.
Cette accélération soumet les forces armées ukrainiennes à rude épreuve,
d’autant qu’il n’y a aucune raison qu’elle s’arrête avant au moins le 20 janvier
et la prise de fonctions de Donald Trump.
Bonjour à tous et bienvenue dans cette vidéo où l’on fait un rapide point sur la situation militaire
et aussi une petite observation sur l’évolution de la doctrine nucléaire russe
Vladimir Poutine assurant qu’il ne la renforce pas, mais qu’il l’améliore.
Donc je l’ai dit, le front devant Pokrovsk s’est élargi
comme vous pouvez le voir sur cette carte,
les Russes ont lancé une offensive sur le sud de la ville
ce qui rapproche les troupes russes de Pokrovsk et complique la défense ukrainienne.
Cette attaque était à la fois prévisible et peu attendue dans l’immédiat,
dans la mesure où l’on attendait que les Russes consolident leurs flancs avec la prise de Kourakhove
Vous le voyez aussi sur cette carte, la position des Ukrainiens est de plus en plus fragilisée dans ce secteur.
Pareil pour Velyka Novosilska, dont on a déjà parlé.
Ces trois points sont tous, à leurs échelles, des verrous pour la conquête totale du sud de l’oblast de Donetsk
S’ils réussissent cela, il restera quand même le nord et les grosses villes fortifiées de Konstantinivka, Drujkivka, Kramatorsk et Sloviansk
On sait que la conquête de la région administrative de Donetsk est un des objectifs de Moscou
Même si évidemment elle ne s’arrêtera pas là, les prises de choix étant des métropoles comme Kharkiv, Dnipro, Zaporijia ou Odessa
pour assurer la viabilité des territoires conquis
et que l’objectif ultime est Kyiv et la réduction la disparition de l’Ukraine en tant qu’entité souveraine et indépendante.
Visiblement, c’est dans ce sud de l’oblast de Donetsk que les Russes concentrent leurs principaux efforts
le haut commandement ukrainien parle de 150.000 hommes massés sur ces trois secteurs de Velyka Novosilska, Kurakhove et Pokrovsk.
Des hommes qui sont envoyés sans interruption au combat dans des vagues successives
ce qui est bien différent des séquences de 2022, 2023 et début 2024, où la prise de Bakhmut ou Avdiivka par exemple
étaient suivies par des pauses.
Là, il n’y a plus de pause.
Et la tactique des Russes a changé d’après les rapports du front
Au lieu de vagues massives désordonnées de ce que l’on appelait à l’époque de la chair à canon,
là on assiste à des assauts de petites unités très légères, très mobiles,
parfois montées sur de simples motos
qui parviennent à exploiter les avantages produits par les duels d’artillerie, les drones et évidemment les bombes planantes
pour percer les défenses ukrainiennes.
Les pertes sont apparemment toujours très élevées mais les résultats sont là
et cela explique pourquoi la saison froide ne va pas arrêter ces assauts russes
étant donné que ces petites unités sont plus légères et moins sensibles à la qualité des sols
Si les Russes prennent tout le sud de l’oblast de Donetsk, il y a un risque qu’elles débordent sur l’oblast voisin de Dnipropetrovsk.
Et ça, c’est un risque politique avant tout car ça serait un affront à la stratégie ukrainienne
l’oblast de Dnipropetrovsk n’a pas été affecté par l’invasion russe, ni en 2022 ni en 2014.
Et les Russes ont la possibilité d’avancer, pour les raisons que j’ai évoqué
mais aussi à cause des faiblesses des Ukrainiens
et notamment en termes de préparations de fortifications
j’en ai déjà parlé sur cette chaîne, mais le Financial Times vient de publier un reportage
dans la région de Dnipropetrovsk en constatant que beaucoup a été fait, mais beaucoup reste à faire.
Comme je l’ai dit déborder sur l’oblast de Dnipropetrovsk c’est avant tout un risque politique, symbolique,
les frontières administratives de ces régions n’étant pas synonymes de lignes stratégiques
on l’a vu ces derniers jours avec une sorte de confusion pour savoir si les Russes déployés à Koursk avaient pris une partie de l’oblast de Soumy,
comme on le voit sur cette carte
le haut commandement le dément
mais sérieusement, ça n’est pas le plus important
et il est évident que les Russes ne vont pas s’arrêter à la frontière
pour déloger les Ukrainiens de la région de Koursk
tout comme les Ukrainiens ne se sont pas arrêtés à la frontière russe non plus.
si je peux me permettre, c’est de bonne guerre.
Je reviens à la situation autour de Pokrovsk, Kourakhove et Velyka Novosilska,
on ne peut pas attendre un quelconque ralentissement de ces opérations
car clairement la stratégie russe c’est d’aller aussi loin, aussi vite que possible
avant l’entrée en fonction de Donald Trump le 20 janvier,
quand des négociations formelles devraient s’ouvrir en toute logique.
et ça se voit aussi dans les attaques aériennes qui sont quotidiennes en Ukraine
et qui affaiblissent le réseau électrique du pays
A Kiev, on a au moins trois coupures de courant par jour
et ça se voit aussi dans la rhétorique nucléaire qui est agitée à chaque fois que les Ukrainiens tirent un missile dans la profondeur russe
ce qui s’est passé la nuit dernière sur des cibles dans l’oblast de Bryansk et de Rostov sur le don
tout de suite Vladimir Poutine a rebrandi cette menace
mais cette fois, avec une nuance:
selon lui, les missiles balistiques à portée intermédiaire Orechnik
peuvent aisément remplacer les tirs de missiles intercontinentaux porteurs de têtes nucléaires.
Donc il promet des armes de destruction massive,
mais plus une apocalypse nucléaire
c’est un glissement rhétorique intéressant, probablement pour rassurer la Chine
et laisser un terrain de dialogue avec Donald Trump
qui avait lui, on s’en souvient, largué la plus puissante des bombes conventionnelles, la mère de toutes les bombes en Afghanistan en 2017
Quel serait l’impact d’un tir d’Orechnik sur l’Ukraine?
On risque de le savoir très vite. Le renseignement américain estime que les Russes pourraient procéder à un tel tir dans les jours qui viennent…
Merci!