Entre la chute de Kurakhove et l’investiture de Trump, le dernier Ramstein?
Hier s’est tenue une nouvelle rencontre du groupe Ramstein
ce groupe d’une cinquantaine de pays qui coordonnent l’aide militaire à l’Ukraine depuis 2022
c’était la 25ème rencontre du type et c’est peut-être la dernière
à quelques jours de l’investiture de Donald Trump.
Mais l’arrêt des Ramstein, ça ne veut pas dire l’arrêt de l’aide à l’Ukraine
et encore moins l’arrêt des combats.
Puisque plus personne à Washington ou Mar-a-Lago ne parle de faire la paix en 24h
On se perd maintenant entre 48h, 100 jous, 6 mois…
Ce qui montre que même Donald Trump semble avoir compris la complexité du problème.
Bonjour à tous c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où l’on va parler Ramstein, Zelensky et Trump
Mais aussi Kurakhove et Koursk, où l’on a vu quelques évolutions importantes ces derniers jours.
Avant tout, je veux vous présenter mes meilleurs voeux pour l’année 2025 qui commence
il est encore temps
et aussi m’excuser de ne pas avoir enregistré de vidéos ces dernières semaines, comme vous pouvez l’entendre à ma voix j’ai souffert d’une bronchite carabinée pendant les fêtes
et c’est seulement maintenant que je retrouve l’énergie et surtout la voix pour reprendre mes enregistrements réguliers
j’essaie de le faire chaque jour mais des fois, la vie prend le dessus.
Il y a beaucoup de choses que j’ai manqué, l’arrêt du transit de gaz russe sur le territoire ukrainien, l’adhésion de l’Ukraine à la cour pénale internationale
l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’espace Schengen,
l’investiture controversée du président géorgien à Tbilissi…
Les menaces renouvelées du président azerbaïdjanais à l’encontre de l’Arménie…
Beaucoup de choses que j’ai manqué, mais il s’agit de sujets de long-terme donc on aura l’occasion d’y revenir.
En tous les cas, très heureux de vous retrouver, et merci de me suivre ici.
Alors donc hier, on a eu cette réunion du groupe Ramstein
C’était la 25ème rencontre de ce groupe de 49 pays.
L’Ukraine a obtenu des nouveaux paquets d’aide, notamment du Canada, le plus gros.
Mais hier, c’était surtout une rencontre pour tenter de coordonner une aide de long-terme, qui puisse résister au mandat de Donald Trump si jamais il décide de diminuer ou d’interrompre le montant de l’aide.
Hier on a donc parlé 2025, 2026 et même 2027, donc des programmes d’assez long-terme.
C’est pour ça que j’ai dit que ça pouvait être la dernière réunion format Ramstein
Sachant que ce format de contributions bilatérales coordonnées par ce groupe pourrait s’arrêter
Des précautions ont été prises pour que l’Otan prenne plus de poids dans la coordination de l’aide
Mais l’Otan, on sait aussi que Donald Trump ne l’aime pas beaucoup et qu’il pourrait malmener l’alliance atlantique dès le début de son mandat.
Cela étant dit, on ne sait pas encore ce que l’administration Trump va adopter comme politique.
Pour l’instant, ça part dans tous les sens, entre Panama, l’annexion du Canada et du Groenland
les signaux envoyés à Volodymyr Zelensky autant qu’à Vladimir Poutine…
Les Russes qui font savoir qu’ils rejettent le plan de Keith Kellogg, l’envoyé spécial pour l’Ukraine,
Mais qui accueillent la perspective d’une rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump, apparemment des préparatifs seraient déjà en cours.
Dans le même temps, l’équipe Trump revoit son calendrier
Donald Trump avait parlé de faire la paix en 24h pendant sa campagne
maintenant il parle une fois de 48h, ensuite de 6 mois, Keith Kellogg parle lui de 100 jours…
C’est toujours bancal d’annoncer un calendrier de toutes les manières, mais ce que cela montre c’est que l’équipe Trump a réalisé la difficulté de la question russo-ukrainienne
et Donald Trump qui veut des résultats rapides, il pourrait bien être obligé de patienter un peu.
Ce qui fait qu’à partir du 20 janvier, moi j’attends plutôt des nouvelles du côté des otages israéliens, du Proche-orient en général, ou encore de Panama et de la question migratoire entre l’Amérique latine et les Etats-Unis.
Et en ce qui concerne le règlement de la guerre russe en Ukraine, il faudra sans doute attendre
ce qui fait que les évolutions des fronts continuent à être très importantes
et là dessus, on a observé ces dernières semaines la continuation des tendances de 2024.
C’est à dire du côté russe le grignotage dans l’est
et du côté ukrainien le maintien de cette poche de territoire russe dans l’oblast de Koursk.
Les Russes viennent tout juste de prendre Kurakhove
Les combats se déroulent désormais à l’extérieur de la ville, les Ukrainiens en ont été chassés,
Ils ont pris 70% de Toretsk,
Ils sont à 2 kilomètres de Koupiansk
et surtout, ils prolongent une manoeuvre de contournement de Pokrovsk par le sud.
il y aurait déjà des forces de reconnaissance qui auraient effectué des missions dans la ville.
Tous ces points sont importants pour le dispositif de défense ukrainien
mais c’est Pokrovsk qui est primordial car c’est un noeud de communications et un centre logistique important dans la région
les Ukrainiens ne peuvent déjà plus utiliser Pokrovsk comme ils l’utilisaient avant
Une partie des équipements a été évacuée, les trains ne circulent plus
mais la perte de la ville sera de toutes les manières un coup dur pour les Ukrainiens.
De leur côté, les Ukrainiens tiennent leurs positions bon an, mal an, à Koursk
Il y a eu beaucoup d’excitation il y a quelques jours parce que les Ukrainiens avaient relancé un effort offensif au nord de la poche
finalement, cela n’a rien donné et le territoire contrôlé par les Ukrainiens continue de se réduire comme peau de chagrin.
Mais les Ukrainiens s’accrochent
et continuent à maintenir une pression sur les forces russes et nord-coréennes.
les Nord-Coréens, on les a vu en action, il y a beaucoup de rapports contradictoires sur leur utilité ou leurs pertes
moi ce que je vois c’est qu’ils sont là, et que les Ukrainiens perdent du terrain
donc quelque soient les conditions de leur déploiement, ça a un impact
et en plus ils acquièrent pour le compte de Pyongyang une expérience unique des nouveaux arts de la guerre,
ce qui est essentiel vu que les Nord-Coréens ne s’étaient pas déployés sur un champ de bataille depuis 1953.
Donc ça, ça fait une vraie différence et ça remplit un objectif stratégique de Pyongyang,
le partenariat avec Moscou renforce ses capacités défensives et offensives
ce qui est un phénomène qui inquiète beaucoup la Corée du sud et ses alliés.
et même la Chine, même si on reste sans réaction de Beijing.
Ce qui fait que l’on commence l’année 2025 sur les mêmes tendances que 2024
et que si Donald Trump n’obtient pas de résultats rapides dans l’instauration d’un cessez-le-feu, on peut continuer à observer ces tendances pendant un certain temps.
Regardez ce qu’il s’est passé en 2024 sur cette carte centrée sur le sud-est du pays: Les forces russes ont avancé de 3.985 km2 en Ukraine en 2024, soit près de sept fois plus qu’en 2023
Cette avancée a notamment été nourrie par l’accélération des mouvements des Russes à l’automne 2024, leurs troupes ayant progressé de 610 km2 en octobre et 725 km2 en novembre
Koursk n’est pas comprise dans ces statistiques.
Est-ce que cette accélération va se continuer ou pas?
Elle est due aux problèmes structurels de l’armée ukrainienne
certains sont en train d’être réglés, d’autres restent ignorés
mais c’est dû aussi au redoublement d’efforts des forces russes
L’idée, c’est qu’il s’agit de redoubler d’efforts pour arriver en position de force à un éventuel cessez-le-feu
mais c’est une chose si ces négociations interviennent en février ou en mars, ou bien en septembre prochain
est-ce que les Russes peuvent tenir ce rythme pendant 6 mois encore?
En tous les cas, je n’imagine pas que les Russes consentiront à un gel du conflit tant que les Ukrainiens contrôlent des territoires à Koursk
ou tant qu’ils ne contrôlent pas les ruines de Pokrovsk.
En 2015, Vladimir Poutine avait négocié un cessez-le-feu à Minsk qu’il a directement violé le temps de terminer la conquête de la ville de Debaltseve,
un autre noeud de communications entre Donetsk et Louhansk.
Donc c’est clair que les Russes ne vont pas s’enterrer aux portes de Pokrovsk.