Hausse “alarmante” des exécutions sommaires de soldats ukrainiens - ONU
Vous l’avez peut-être vue sur les réseaux sociaux,
et évidemment je ne vais pas la reposter ici,
une photo d’un homme qui tient dans ses mains la tête décapitée qui a été identifiée par la police ukrainienne comme celle d’un soldat
C’est le dernier cas, et visuellement un des plus choquants, des atrocités qui se déroulent dans le cadre de la guerre russe en Ukraine.
Et il faut parler de cette dimension particulièrement sombre de ce conflit
Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo qui a trait à des exactions de toute sorte, alors que l’Onu rapporte une augmentation des cas d’exécutions de prisonniers de guerre ukrainiens par les troupes russes
On parle de 79 cas depuis août 2024.
Si vous suivez cette chaîne, vous savez que je n’ai pas encore abordé cette question des exactions et des crimes de guerre,
sauf de manière indirecte, en mentionnant ces atrocités dans un contexte plus global.
C’est extrêmement périlleux de parler de ce sujet compte tenu de la désinformation qui règne dans l’espace médiatique et les réseaux sociaux
compte tenu aussi des spécificités de chaque cas, qui doivent faire l’objet d’investigations par des enquêteurs et des procureurs
Mais on le sait depuis 2022 et la découverte du massacre de Boutcha, il y a un fil rouge,
des exactions qui sont pratiquées dans le cadre de cette guerre, contre les militaires et les civils,
et ces exactions, elles sont majoritairement du fait des soldats de l’armée russe.
Techniquement, on ne peut pas encore parler de crime de guerre car, encore une fois, il faut que chaque cas soit établi par enquêteurs et procureurs
et je n’entre pas dans les débats sur les crimes contre l’humanité ou de génocide
il faut rester extrêmement prudent dans l’utilisation de ces termes qui sont employés à tort et à travers.
Ce sera vraisemblablement la cour pénale internationale qui tranchera sur ces questions
et là ça va aider que l’Ukraine est désormais partie prenante de la cour, depuis le 1er janvier de cette année.
Mais pour cela, pour juger de potentiels crimes de guerre, il faut d’abord démontrer le contexte de guerre
ce qui peut sembler contre-intuitif
mais la Russie et l’Ukraine ne sont pas déclarés la guerre de manière formelle
En Ukraine ça fait débat depuis 2014,
de son côté Moscou se cramponne à son narratif de l’opération militaire spéciale
Le cas russo-ukrainien n’est pas une exception, je tiens à le préciser: de l’Irak à l’Afghanistan à Gaza et au Congo, on voit que plus aucun Etat ne déclare formellement la guerre,
et dans beaucoup de ces cas c’est pour avoir en fait les coudées franches pour mener la guerre, précisément.
En l’occurence, pour prouver du contexte de guerre, il va falloir démontrer le crime d’agression commis par la Russie,
Et tout juste hier, 4 février, un groupe de 38 pays a posé les bases pour la création d’un tribunal spécial international
Il devrait commencer ses activités au cours de cette année au sein du Conseil de l’Europe et statuer sur ce crime d’agression.
Si ce crime d’agression est établi, alors la cour pénale internationale aura une base légale pour parler de crimes de guerre.
Il faudra ensuite faire la distinction entre les exactions, les atrocités, les crimes
les arrestations arbitraires de civils suivis par des cas de torture, de viols, de meurtres,
par exemple, comment traiter les bombardements sur des zones résidentielles? des actes de guerre ou des crimes de guerre?
De par leur invasion de l’Ukraine, leur occupation d’environ 18% du territoire, mais aussi leurs pratiques dans cette guerre, les Russes sont ceux qui commettent ces exactions
Encore une fois, il faut être extrêmement prudent, prendre chaque cas avec précaution pour établir les circonstances et les responsabilités.
Mais on a déjà suffisamment de preuves visuelles et de témoignages pour affirmer cette tendance
d’exactions contre des civils mais aussi contre des militaires.
et c’est sur ce phénomène que je veux faire un petit point dans cette vidéo parce qu’on a des chiffres publiés tout récemment.
Les autorités ukrainiennes ont dénombré 177 prisonniers victimes d’exécution entre 2022 et fin 2024, et donc autant de violations des conventions de Genève
Et comme j’ai dit en introduction, les cas d’exécutions de prisonniers se multiplient ces derniers mois.
Et en ce début février, la mission de monitoring du haut commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme a annoncé avoir recensé 79 victimes ukrainiennes dans 24 cas d’exécution depuis août 2024.
La mission a aussi recensé un cas de soldat russe tué par des Ukrainiens alors qu’il était désarmé.
Ce qui donne une idée de la différence de pratiques qui existe entre les deux armées.
Beaucoup de ces exécutions sont documentées car filmées en vidéo, prises en photo, ou encore racontées par des témoins.
On a des cas très célèbres, comme ce soldat ukrainien qui se retourne vers ses gardiens, crie Gloire à l’Ukraine et est abattu dans la foulée
On se souvient aussi des vidéos très brutales diffusées par Yevgueni Prigojine et ses miliciens Wagner.
La majorité des exécutions sommaires, elles sont filmées depuis des drones, donc les images sont lointaines et floues
c’est pour cela qu’il faut être très prudent et se garder de jugements hâtifs.
Comme pour ce cas de la tête que j’ai mentionné dans mon intro, on ne sait pas dans quelles circonstances l’homme a été décapité
Mais l’accumulation de ces preuves est préoccupante
et elle pose la question du ou des motifs de ces exactions.
est-ce que ce n’est que l’agrégation de cas individuels ou est-ce que ça fait partie d’un phénomène collectif ou d’une politique coordonnée?
Là-dessus, encore une fois, prudence, mais ce rapport de la mission de monitoring du haut commissariat de l’Onu pour les droits de l’homme
met en avant le fait que des personnalités politiques et militaires russes ont ouvertement appelé à ces exactions contre les Ukrainiens, civils ou soldats
publiquement appelé à exécuter les prisonniers ukrainiens
Ces incidents je cite ne se déroulent pas dans une bulle déconnectée de la réalité, selon le rapport.
Cela étant dit, il n’y a rien de systématique dans ces pratiques puisqu’on assiste régulièrement à des échanges de prisonniers entre la Russie et l’Ukraine
ce qui veut dire qu’il y a des prisonniers, et beaucoup de prisonniers ukrainiens côté russe.
Les massacres de Boutcha ne se sont pas reproduits dans toutes les localités qu’ont occupé ou occupent les Russes
Mais on a quand même vu Vladimir Poutine décorer pour ses “actions exemplaires” la 64e brigade russe, celle qui contrôlait Boutcha au moment des exécutions sommaires,
Donc, cas isolés ou politique coordonnée? La vérité se trouve probablement entre les deux
Le Kremlin et le haut commandement n’ont pas ordonné des exactions et atrocités systématiques
mais ils les permettent, en encouragent un discours de brutalité extrême et de négation de la souveraineté ukrainienne
en accentuant sur la problématique de dénazification
parce que, si l’ennemi est un nazi alors il est déshumanisé
et en garantissant une impunité quasi-totale pour les coupables.
C’est comme ça que l’on n’a vu aucun auteur d’exactions être puni en Russie depuis 2014.
A l’inverse, les exactions et abus qui sont commis par des Ukrainiens depuis 2014, et il y en a eu,
sont traitées et jugées par un système judiciaire et un état de droit qui, bon an, mal an, est fonctionnel.
Donc ça pose la question des responsabilités et de la justice à apporter aux coupables côté russe,
et évidemment, sur la manière dont cette guerre va se terminer et les modalités d’un éventuel accord de paix
Merci!