Les “idées secrètes” de Mark Rutte

Mark Rutte, le secrétaire général de l’Otan, aurait des idées pour mener les négociations entre l’Ukraine et la Russie

il préfère les garder secrètes mais il assure qu’elles sont de nature à ce que Vladimir POutine ne veuille jamais plus retenter d’envahir l’Ukraine

Alors, de quoi pourrait-il s’agir?

Et comment ces idées secrètes pourraient s’inscrire dans les plans de table et les conversations à huis clos qui se déroulent en ce moment?

Bonjour à tous c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où l’on parle de ces préparatifs pour des négociations,

du côté américain évidemment mais aussi du côté européen

avec un sommet informel du conseil européen qui s’est tenu aujourd’hui à Bruxelles.

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Alors je commence justement par ces préparatifs, ce que j’appelle des plans de table.

On a évidemment l’administration Trump qui s’agite dans tous les sens

Donald Trump a affirmé que des discussions et des rencontrent ont déjà lieu en coulisses

avec l’Ukraine et avec la Russie

et qu’elles se déroulent très bien.

On attend l’envoyé spécial de la Maison blanche à Kyiv dans un futur très proche

et des préparations pour une rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine seraient bien avancés

Donc on voit, en tout cas on devine ces mouvements

Mais pour l’instant ce qui caractérise la Maison blanche, ce sont des messages très contradictoires

concernant Vladimir Poutine qui détruirait la Russie,

Volodymyr Zelensky qui ne serait pas un ange

concernant l’Ukraine et la Russie qui devront toutes les deux faire des concessions

surtout concernant la suspension de l’aide américaine, Elon Musk qui veut liquider l’agence USAID

qui joue un rôle très important en Ukraine

concernant la cohérence et l’Otan

avec les velléités d’expansion envers le Canada et le Groenland…

Si la solidarité entre les pays de l’Otan est remise en cause, c’est évidemment tout bénéfice pour la Russie et ses alliés iraniens, nord-coréens ou encore chinois.

Volodymyr Zelensky a aussi déjà averti qu’une rencontre Trump-Poutine ou des discussions Etats-Unis-Russie doivent inclure l’Ukraine, sans quoi il y aurait le risque d’un mauvais deal

Mais l’argument n’a pas vraiment l’air de faire mouche.

Face à cette hyperactivité trumpienne, les Européens sont beaucoup plus cohérents

mais aussi beaucoup moins actifs

Vous avez entendu je pense l’expression comme un lapin tétanisé par la lumière des phares d’une voiture

que l’on entend beaucoup ces derniers jours sur les plateaux de télé

c’est un peu exagéré je pense, mais c’est vrai que les Européens sont bousculés par la remise en cause de la stabilité non pas de l’ordre international mais de l’ordre occidental

plus rien n’est acquis et les Européens doivent penser en tant que bloc comme jamais auparavant.

C’est pour cela qu’ils se sont réunis aujourd’hui à Bruxelles, à environ 1 kilomètre du siège du conseil européen,

au palais d’Egmont dans le centre de la capitale belge,

une dépendance du ministère des affaires étrangères belges

pour une journée informelle

informelle dans ce contexte, ça veut dire presque sans presse et sans communiqué final

Ils sont venus discuter de sécurité au sens large, que ce soit défense militaire mais aussi réponses aux tarifs douaniers que l’administration Trump prépare et évidemment la situation du Groenland.

Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, est passé pour le déjeuner

et le Premier ministre Keir Starmer est passé pour le dîner

ce qui est inédit depuis le Brexit, donc ça montre l’urgence de la situation

Pour les Européens, l’enjeu est conséquent

puisqu’ils doivent apporter une réponse cohérente aux perturbations émises par Washington,

ne pas perdre la face, et donc ne pas perdre le Groenland, même si ce n’est pas un territoire européen de jure mais je n’entre pas dans les détails ici

assurer la cohérence de leur politique commerciale et du marché unique

et développer une défense autonome,

et plus globalement achever d’opérer leur reconversion en un bloc géopolitique

qui influe sur le monde, à commencer par son voisinage dans une logique d’intérêts mais aussi de principes et de valeurs.

Dans le cas de la guerre russe en Ukraine, on sait que les Européens vont être sollicités pour le maintien de la paix, s’il y a un accord de cessez-le-feu,

et pour la reconstruction et l’intégration européenne de l’Ukraine

évidemment

Mais Washington ne semble pas du tout motivé de les inclure dans les négociations.

Donc parmi la myriade de tests que les Européens font face, il y a celui-ci: que les négociations ne se fassent pas sans eux et qu’ils ne soient pas, comme l’Ukraine d’ailleurs, placés devant un fait accompli.

C’est là où la déclaration de Mark Rutte est intéressante

C’est l’ancien Premier ministre néerlandais, actuel secrétaire général de l’Otan

qui a donné un entretien au tabloïd allemand Bild publié samedi dernier

Il a commenté sur le cours de la guerre, en affirmant que même si le front bouge dans la mauvaise direction de son point de vue,

l’Ukraine n’est pas en train de perdre.

Mais surtout, il a affirmé qu’il avait des idées qu’il tenait à garder secrètes en vue des négociations

et que grâce à ces idées, Poutine ne voudrait plus retenter d’envahir l’Ukraine

Mark Rutte, c’est un fin politicien qui est connu aux Pays-Bas pour faire beaucoup de promesses qu’il n’a pas tenu et pour savoir louvoyer entre différentes coalitions politiques

Donc je ne sais pas trop quoi penser de cet entretien

mais le fait que Mark Rutte est un Européen et qu’il dirige l’Otan, c’est un signal que peut-être les discussions ne se déroulent pas qu’entre Washington et Moscou

Ces idées secrètes, sur le papier ça peut être n’importe quoi

encore plus de sanctions, une implication de l’Otan dans la défense anti-aérienne de l’Ukraine, dans la sécurité de la mer noire,

ça peut même être des actions contre la flotte russe dans la mer noire ou ses intérêts dans la Méditerranée, en Libye, dans d’autres pays africains

ça peut être l’ébauche d’un plan global de sécurité qui inclurait les mouvements d’échiquier dans l’Arctique et autour du Groenland.

Ca pourrait être un peu tout si on veut réfléchir out of the box, en dehors des cadres établis.

Mais comme on est habitués à des réponses lentes, timides et conventionnelles de la part des Européens,

il y a aussi le risque que ces idées secrètes ne soient pas de nature à renverser la table ou à inverser un rapport de force

qui effectivement, dissuade Vladimir Poutine de jamais ré-envahir l’Ukraine

si jamais ces idées secrètes existent, on n’en comprendra les contours que plus tard.

Si vous avez une idée n’hésitez pas à me l’indiquer en commentaire

En tous les cas, et je termine par là, on constate cette hyperactivité américaine et ce début d’activité européenne

Et évidemment les Ukrainiens sont eux aussi bien présents sur la barricade.

Mais du côté des Russes, à part quelques déclarations et insinuations ici et là, l’ambiance est à un stoïcisme remarquable.

Comme si ces négociations, elles ne concernaient que les Occidentaux et les Ukrainiens

Mais que les Russes, eux, continuent leurs opérations comme si de rien n’était.

Il ne faut pas s’y tromper: la Russie est intéressée par l’ouverture de négociations et par tous les avantages qu’elle pourrait y obtenir.

Ce à quoi l’on assiste, c’est la parfaite illustration de la méthode Gromiko

Andreï Gromiko, ministre des affaires étrangères de l’URSS de 1957 à 1985, donc extrêmement influent

sa méthode de négociation, c’étaient trois points:

maximiser la demande (neutralité permanente ppour l’Ukraine, pas d’adhésion à l’Otan, reconnaissance occidentale des annexions, levée de toutes les sanctions et accord plus large pour reconnaissance d’une sphère d’influence

ne rien céder, toujours dire que les Occidentaux vont proposer qqc parce qu’ils veulent sortir de cette situation plus que les russes

travailler avec une méthode d’ultimatum

C’est-à-dire une posture de négociation qui n’est pas seulement la traduction d’un rapport de force du terrain à la table de pourparlers

mais une posture de négociation qui est en elle-même un rapport de forces.

Et on voit que c’est exactement ce qui est en train de se passer.

et que ce sont effectivement les Occidentaux qui parlent beaucoup plus de négociations et de sortie du conflit que les Russes

donc selon cette méthode Gromiko, les Américains sont déjà dans une position de faiblesse puisque ce sont eux qui font le premier pas.

Et c’est là où les modalités des négociations et ces idées secrètes de Mark Rutte, vont être très importantes.

Je m’arrête là, on suivra ça dès qu’on en saura plus.

Merci!

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