Koursk. Combien de contre-offensives?

On le sait, la Russie a lancé une contre-offensive dans l’oblast de Koursk et repris une dizaine de villages.

Mais non seulement l’avancée des troupes de Moscou semble s’être ralentie

Mais en plus les troupes de Kiev ont franchi la frontière à un autre endroit, initiant ainsi une contre-offensive pour répondre à la contre-offensive…

Bref, que se passe-t-il à Koursk?

Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette vidéo dans laquelle on parle de la situation militaire, très évolutive, mais aussi de comment elle s’inscrit dans le contexte diplomatique, maintenant que Donald Trump semble avoir annoncé sa vision d’un plan de paix…

On le voit sur la carte, les Russes percent le flanc ouest des positions ukrainiennes

Elles ont dégagé la petite ville de Korenevo et poussent depuis l’ouest et depuis le nord.

Le commandant des forces armées Oleksandr Syrskiy a minimisé cette offensive, de même que Volodymyr Zelensky.

Mais ils ont été très vite démentis par des militaires sur place, relayés par les médias ukrainiens.

L’offensive russe est bien réelle.

Et selon les rapports de pertes, les Ukrainiens y laissent pas mal d’armement et d’équipement, difficile de savoir les pertes humaines.

Mais dans le même temps, les troupes de Kyiv ont lancé une nouvelle offensive, en traversant la frontière à un autre endroit.

Vous le voyez sur la carte, c’est la zone grise, donc encore disputée.

Le groupe Khorne, qui est un groupe de blogueurs militaires pro-ukrainien sur Telegram, est très enthousiaste à l’idée de cette attaque,

qui pourrait prendre les Russes à revers et changer la dynamique de leur contre-offensive.

Pour l’instant, on manque d’informations sur les mouvements de troupes et les contrôles de territoire.

Est-ce que cela fait partie d’une stratégie bien pensée ou est-ce que cela relève d’un geste désespéré, on en saura plus dans les prochains jours.

En tout cas j’évoquais dans mes vidéos précédentes la possibilité que l’Ukraine lance une opération à un autre endroit du front, c’est chose faite.

Moi j’imaginais plutôt le front sud, en direction de la Crimée.

Mais cette nouvelle opération à Koursk montre que les forces ukrainiennes sont mobiles, flexibles, et aptes à créer la surprise ailleurs.

Attention, cela veut aussi dire que les Russes peuvent faire de même.

Il y a plus de 600 kilomètres de frontière qui n’est pas encore concernée par les combats entre l’Ukraine et la Russie.

Et même les Bélarusses sur leur portion de frontière qui fait plus de 700 kilomètres.

En tous les cas, les péripéties de ce petit bout de territoire russe montrent que le Kremlin s’en soucie, malgré tout

Mais que ce n’est pas suffisant pour déstabiliser le pouvoir politique de Vladimir Poutine.

Et ça montre aussi que les Russes ont acheminé un grand nombre de troupes dans la région.

Les Ukrainiens parle d’effectifs entre 30 et 45.000 hommes, Zelensky montant même jusqu’à 60.000;

Mais que ça n’a pas entraîné des redéploiements de troupe du Donbass à la région de Koursk.

Là dessus, il y a débat, certains observateurs ukrainiens et étrangers estimant que si, des brigades ont été envoyées pour reprendre Koursk.

Mais sur le terrain, rien n’indique qu’il y ait un affaiblissement de l’effort.

Les Russes ont certes ralenti devant Pokrovsk, mais c’est d’abord et avant tout pour consolider leurs flancs en prenant la forteresse de Vulhedar et la ville de Selidove.

Nul doute qu’ils continueront sur Pokrovsk par après.

Ils ont le temps, toute leur stratégie de grignotage le montre depuis deux ans.

Alors, comment est-ce que tout cela s’inscrit dans le contexte diplomatique?

Parce qu’on voit, depuis plusieurs semaines, des mouvements de fond.

Volodymyr Zelensky répète qu’il travaille à la version de son plan de paix qu’il va présenter à Joe Biden et aux candidats à l’élection présidentielle américaine la semaine prochaine

Dans le cadre de sa visite aux Etats-Unis pour l’assemblée générale de l’ONU à New York.

L’administration Biden parle aussi de négociations de paix, même si elle se refuse à livrer des missiles balistiques de longue portée et à autoriser l’Ukraine à s’en servir dans la profondeur, pour renforcer la position stratégique de Kiev.

Dans une récente interview pour CNN, Volodymyr Zelensky s’est encore plaint des insuffisances de l’aide occidentale.

Il pensait équiper 14 brigades sur la base des promesses d’aide, il peut à peine équiper 4, à l’en croire.

L’administration BIden est aussi en train de batailler avec le Congrès pour prolonger la durée d’utilisation de 6 milliards de dollars destinés à l’Ukraine

Elle arrive à terme fin septembre et si rien n’est fait jusque là, cet argent sera perdu.

Donc bon, on sent que les Ukrainiens sont fébriles et désireux de renforcer leurs positions avant l’élection américaine.

Kamala Harris est toujours évasive sur le sujet de l’Ukraine, on l’a encore vu au débat télévisé de la semaine dernière

Mais Donald Trump aurait une ébauche de plan, en tout cas c’est ce qu’a suggéré JD Vance son colistier.

Un plan qui consiste à créer une zone démilitarisée le long des fronts actuels, de céder des terres occupées à la Russie et d’abandonner les ambitions euro-atlantiques.

Beaucoup d’Occidentaux souhaiteraient procéder ainsi, on entend cela à Paris, Bruxelles, Berlin.

Mais pour les Ukrainiens ce serait une capitulation.

qui ne serait qu’une pause dans le conflit car personne n’imagine que le Kremlin se satisferait des territoires en ruines qu’il contrôle actuellement.

Cette ébauche de plan de paix, elle ressemble beaucoup au plan proposé en mai dernier par la Chine et le Brésil.

Volodymyr Zelensky l’a déjà dénoncé comme “destructeur” et rejeté quasiment en bloc.

Selon lui, le plan consisterait à abandonner des territoires et oublier que la Russie tue sa population.

Ce qui fait que l’on a trois plans à l’heure actuelle:

Le plan Brésil-Chine et potentiellement Trump-Vance si l’offre venait à se concrétiser: geler le conflit par un cessez-le-feu, démilitariser, concéder à la Russie des territoires qu’elle contrôle actuellement.

Le plan russe: l’Ukraine doit se retirer complètement des quatre oblasts que Moscou a annexé sur le papier, l’Ukraine doit se démilitariser et renoncer à ses ambitions euro-atlantiques.

Le plan ukrainien: d’abord obtenir un retrait russe puis un cessez-le-feu puis discuter

Lequel de ces trois plans s’imposera, si jamais l’un d’entre eux s’impose?

En tous les cas beaucoup dépendra des sujets que j’ai évoqué: les tirs de missiles balistiques dans la profondeur russe, la quantité et la qualité de l’aide occidentale, le grignotage du Donbass par la Russie et le sort des armes dans l’oblast de Koursk.

C’est à travers ces sujets que l’on comprendra qui sera en position de force pour négocier, et selon quelles conditions.

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