La troisième rentrée sous les bombes

Une école touchée par un bombardement à Soumy hier, un bâtiment d’un ensemble pédagogique détruit ce matin à Kiev.

Mais l’Ukraine a marqué aujourd’hui la rentrée des classes.

Avec pour beaucoup, en sous-sol.

Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où l’on va parler de la troisième rentrée depuis le lancement de l’invasion généralisée,

avec tous les défis sécuritaires mais aussi organisationnels que cela implique.

Je tiens à m’excuser, Je ne suis pas encore en mesure de vous proposer des reportages vidéos sur ce genre de sujets, mais j’y travaille.

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Alors aujourd’hui ce sont un peu plus de 2 millions d’écoliers qui retrouvent le chemin de l’école.

Il y a une entorse à la tradition car c’est normalement le 1er septembres systématiquement, mais bon, c’était un dimanche.

J’ai beaucoup cherché mais je n’ai pas trouvé le chiffre précis d’écoliers inscrits. On m’a dit qu’il devrait tomber en septembre.

Il y a aussi 600.000 enfants qui vont étudier en ligne et 390.000 de plus à distance depuis l’étranger.

Ce qui nous fait environ 3 millions d’écoliers de 6 à 18 ans, en Ukraine les niveaux école, collège et lycée

Le 1er septembre 2021, la dernière rentrée avant l’invasion, il y avait 4 millions 230.000 écoliers en Ukraine.

C’est donc une sacrée baisse de plus d’un million d’écoliers en deux ans, soit qui sont en territoires occupés soit qui sont à l’étranger

Alors, où va se faire l’enseignement? Selon les derniers chiffres, 197 écoles sont complètement détruites, 1625 partiellement détruites.

C’est une école sur sept.

Evidemment, cela dépend de la géographie. Dans l’oblast de Kharkiv, pas une seule école n’est intacte.

Dans la région de Lviv, toutes les écoles sont en bon état.

Dans la région de Kiev ce sont 14% des écoles qui sont endommagées.

Comment les établissements scolaires qui sont opérationnels se sont organisés pour assurer cette année?

Evidemment il y a beaucoup de situations très différentes, en fonction des emplacements, du type de bâtiment, du nombre d’enfants inscrits.

L’obligation cruciale c’est d’avoir un abri souterrain à moins de 500 mètres des salles de classe.

Certains établissements ont pris la décision de passer directement en sous-sol et ont mis beaucoup d’efforts pour aménager les abris.

Donc il faut s’imaginer des milliers d’écoliers qui vont passer l’année scolaire en sous-sol, surtout dans les régions orientales et méridionales du pays.

D’un autre côté, cela aidera beaucoup pour les dépenses de chauffage à la saison froide.

Je dis cela sans cynisme, cela fait de nombreuses années que beaucoup d’écoles avaient des problèmes pour payer leurs factures de chauffage pendant l’hiver.

Le fait d’avoir environ 2 millions d’écoliers inscrits en ce début d’année ne veut pas dire que les 2 millions iront physiquement à l’école toute l’année.

Cela dépendra des aléas de la guerre, des stratégies des parents, de la situation concernant l’électricité…

Peut-être que les enfants iront à l’école deux ou trois mois et continueront ensuite en ligne.

En tous pour les écoles qui n’ont pas pu aménager d’abri anti-bombe, tout se fera en ligne.

Et pour ça, l’Etat a développé et perfectionne l’enseignement en ligne.

Là on parle de 600.000 enfants qui sont inscrits pour une année d’enseignement à distance en Ukraine

Plus 390.000 enfants qui sont à l’étranger et qui continuent à suivre le programme scolaire ukrainien.

L’Ukraine a perfectionné un système pour rendre l’enseignement en ligne plus divertissant, interactif et encourager les enfants à rester concentrés.

La pandémie a beaucoup aidé pour développer ce programme.

Mais ce n’est évidemment pas la même chose.

Vous vous imaginez pour des enfants qui ont commencé l’école en 2020, l’année du Covid, et qui entament leur cinquième année d’enseignement en mode hybride.

C’est une génération qui souffre de sérieuses lacunes dans l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, et des bases des mathématiques.

Quand je travaillais dans l’humanitaire c’est quelque chose que j’avais aussi constaté dans les régions récemment libérées par l’Ukraine.

Et les défis de l’enseignement ne concernent pas que les enfants.

L’Ukraine manque cruellement d’enseignants, soit qu’ils sont partis à l’étranger, soit qu’ils sont en incapacité d’enseigner, soit qu’ils ont rendu leur tablier à cause des très faibles salaires.

Ce qui fait que non seulement le nombre d’écoliers est en baisse, mais en plus les conditions et le niveau de l’enseignement sont sérieusement remis en question.

Avant l’invasion l’Ukraine était connu pour sa population diplômée, bien formée notamment dans les sciences et les mathématiques, et laborieuse.

C’est encore vrai. Mais si cette situation perdure, cela le sera de moins en moins.

Chaque rentrée scolaire est l’occasion de le rappeler.

Merci!

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