LLB: Poutine annexe des territoires ukrainiens qu’il ne contrôle pas tout à fait

Article publié dans La Libre Belgique, le 30/09/2022

En réponse, Volodymyr Zelensky a déposé une demande d’adhésion accélérée à l’Otan.

Un long discours, des embrassades enjouées dans une salle d’apparat du Kremlin et un concert patriotique sur une place Rouge couverte de drapeaux blanc-bleu-rouge: il s’agissait clairement pour Vladimir Poutine “d’accueillir” les régions ukrainiennes de Louhansk, Donetsk, Zaporijia et Louhansk dans le giron de la “mère patrie” avec le même faste que la Crimée en mars 2014. A la suite d’une invasion brutale et de simulacres de référendums organisés à la hâte dans des territoires ravagés et dépeuplés, les habitants restant sur place deviendrait ainsi des citoyens russes “pour toujours”. La distribution de passeports russes bat son plein depuis des mois et, pour les républiques autoproclamées de Donetsk et Louhansk, depuis 2014.

Dans un discours “volumineux” d’une quarantaine de minutes, le président russe s’est efforcé, comme à son habitude, de livrer une analyse historique favorable à la Russie, de présenter son intervention en Ukraine comme un acte d’autodéfense face à une Ukraine “fasciste” et un Occident dominé par le “lobby LGBTQ+” et transformant ses populations en “toxicomanes”. Et de promettre de défendre ses nouveaux territoires “avec tous les moyens disponibles”. De fait, le renseignement ukrainiennes ont admis que le risque d’une utilisation d’armes nucléaires tactiques est “désormais très élevé”. De quoi alimenter la thèse d’une annexion visant à geler les affrontements, toute attaque sur le nouveau territoire russe pouvant constituer une “menace existentielle” justifiant l’usage de l’arsenal de dissuasion.

Pourtant, sur la place Rouge, les images de liesse soigneusement chorégraphiées ne laissaient guère transparaître l’enthousiasme sincère liées à l’annexion de la Crimée. A l’époque, le taux de popularité du maître du Kremlin avait atteint des sommets à plus de 90%. Aujourd’hui, malgré le manque de fiabilité des enquêtes d’opinions, le centre indépendant Levada assure que le taux d’approbation de M. Poutine a chuté de 83% à 77%, première baisse depuis l’invasion du 24 février. Les images de la chaotique mobilisation partielle, doublées par celles de l’exode d’hommes russes vers les pays limitrophes, a sérieusement entamé le moral des Russes. De même que la situation militaire. L’un des propagandistes en chef, Vladimir Soloviev, s’est lamenté, jeudi, de ne voir “aucune victoire depuis des semaines” sur le champ de bataille.

Dans le nord-est ukrainien, les forces ukrainiennes enchaînent les succès tactiques, notamment en encerclant le verrou stratégique de Lyman et des milliers de soldats russes. Ce vendredi, le chef des forces d’occupation de la région de Kherson, Vladimir Saldo, avait beau se réjouir aux côtés de M. Poutine, une large partie de son fief est assiégée par les forces ukrainiennes. “25 000 soldats russes sont bloquées par le fleuve infranchissable depuis que les ponts ont été détruits”, précise l’expert militaire Xavier Tytelman. “Kiev n’a qu’à attendre qu’ils tombent comme des fruits mûrs.”

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