Edito LLB: Encore une carte du Kremlin qui tombe

Edito publié dans La Libre Belgique, le 28/09/2022

C’est un "oui" retentissant. Car il ne pouvait pas en être autrement. Que les "référendums" d’annexion des territoires ukrainiens occupés par les Russes aient remporté 73 %, 86 % ou 99 % d’approbation, cela ne fait aucune espèce de différence. Les résultats étaient prévus à l’avance et, bien plus encore, les images de propagande. Car ces "référendums" n’avaient rien d’une élection, mais relevaient simplement d’une opération de communication. Vladimir Poutine nous informait juste de ce qu’il avait l’intention de faire il y a des mois déjà : voler des territoires conséquents et y nier l’existence même de l’Ukraine.

Reste que personne ne peut décemment qualiZer de "vote" une telle combine organisée en quelques jours sous la menace des armes dans des régions ravagées par la guerre, martyrisées par une force d’occupation brutale, dépeuplées. Cette dernière bravade du Kremlin permet ainsi de déconstruire le mythe des "référendums" tenus en Transnistrie, en Abkhazie, en Ossétie du Sud, en Crimée ou encore dans le Donbass. Le modus operandi, inspiré des meilleures traditions soviétiques, est identique : saisir un territoire par la force et y créer une proto-identité locale factice afin de promouvoir l’idée d’une "libération" des peuples et de leur droit à l’autodétermination.

Grâce à la précipitation et au désespoir qui émanent des manigances russes dans le sud-est ukrainien, les Zcelles des marionnettes apparaissent en plein jour. Il n’est plus éthiquement possible pour les relais d’inauence russes et les "idiots utiles", selon l’expression consacrée, de ressasser l’idée d’un "retour" volontaire de la Crimée en 2014 ou d’une quelconque volonté d’émancipation des républiques autoproclamées de Donetsk et Louhansk. Cela n’enlève rien aux problématiques de chacune de ces situations très spéciZques. Mais en abattant ses cartes les unes après les autres - invasion généralisée, massacres indiscriminés, chantage énergétique et nucléaire -, le Kremlin nous expose la véritable nature de sa politique et nous permet de consolider les opinions publiques européennes face au déZ existentiel qu’il pose à l’Ukraine et à l’Occident. En jouant la carte de la mobilisation partielle, concomitante aux "référendums", il ouvre aussi les yeux de la population russe sur la dangerosité de son aventurisme. Il n’y a plus qu’à espérer que les Russes en tirent les conséquences.

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