L’Ukraine entre Pyongyang et Pokrovsk

Les soldats nord-coréens sont bel et bien en Russie

la confirmation par le secrétaire à la défense américain Lloyd Austin valant presque d’annonce officielle

Ils pourraient arriver très prochainement sur le champ de bataille ukrainien pour soutenir les troupes de Moscou.

Le renseignement militaire ukrainien estime même que les premières unités sont arrivées hier, 23 octobre, dans la région de Koursk.

Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette vidéo où l’on parle des réactions qui s’accumulent à l’envoi des troupes nord-coréennes pour soutenir l’effort de guerre russe en Ukraine.

Les Occidentaux condamnent, mais surtout, c’est la Corée du sud qui s’alarme et qui pourrait du coup envoyer des armes et peut-être du personnel militaire à l’Ukraine.

Et pendant ce temps là, sans attendre les troupes de Pyongyang, à l’est de l’Ukraine, les Russes ont enfoncé les défenses ukrainiennes dans la ville de Tchasiv Yar et continuent d’avancer sur Pokrovsk

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L’envoi de troupes nord-coréennes en Russie pour se battre en Ukraine, cela fait quelques semaines qu’on en parle et que les preuves s’accumulent.

J’ai fait une de mes dernières vidéos là-dessus, je vous laisse regarder cela pour plus de détails en cliquant sur le lien ci-dessus.

Mais donc hier, 23 octobre, cela a été confirmé par le secrétaire de la défense américain Lloyd Austin

Pourquoi est-ce que cela a pris autant de temps pour les Américains de confirmer quelque chose que les Ukrainiens et les Sud-Coréens affirmaient depuis plusieurs jours,

c’est une question qui est sans doute liée à la campagne présidentielle

et à la stratégie de l’administration Biden de projeter l’image que tout est sous contrôle.

Mais l’implication directe de la Corée du nord, le premier déploiement de troupes de Pyongyang à l’étranger depuis 1953, c’est plutôt le contraire.

Alors, il faut que je cite ici que la Corée du nord justement dément formellement cet envoi, qu’elle juge je cite “sans fondements”

Et que la Russie, où se déroule actuellement le sommet des BRICS, ne nie pas formellement, mais dénonce des rapports contradictoires.

Bon, ça, ce n’est pas surprenant venu de Moscou et de Pyongyang.

Et ça s’inscrit dans la logique de la guerre d’information et de désinformation qui est à l’oeuvre depuis plusieurs années

Les Russes démentent tout ce qu’ils font, les Occidentaux tempèrent à l’extrême et ajoutent la prudence à la lenteur

les Ukrainiens eux dénoncent, accusent, exhortent leurs partenaires à réagir, multiplient les déclarations alarmées et alarmistes, très souvent à raison

Et jouent aussi dans cette guerre de l’information.

Les services ukrainiens ont déjà diffusé une vidéo en langue coréenne pour présenter aux soldats de Pyongyang leurs futures prisons

Selon le renseignement militaire ukrainien, un premier contingent serait arrivé hier, le 23 octobre, dans l’oblast de Koursk

pour épauler les troupes russes dans la reconquête de leur territoire.

On ne sait pas exactement combien, certaines déclarations faisant état de 2600 hommes, d’autres d’au moins 3000.

Les recoupements d’estimations portent sur un total de 12000 Nord-coréens dépêchés en Russie pour aller se battre en Ukraine

ce qui pourrait n’être qu’un premier envoi.

je rappelle, l’armée nord-coréenne a officiellement 2 millions d’hommes en effectifs actifs.

On ne sait pas ce qu’ils valent sur le terrain, ils n’ont pas été testés depuis 1953.

Mais c’est de toutes les manières une mauvaise nouvelle pour l’Ukraine.

Même sans les Nord-coréens, elle a perdu la moitié du territoire qu’elle contrôlait à Koursk

Ses forces armées reculent sur plusieurs secteurs

Et hier, on a vu les Russes prendre pied dans la ville de Tchasiv Yar, près de Bakhmut,

Et relancer une série d’attaques dans le secteur de Selidove et Kurakhove, menaçant encore un peu plus la défense de Pokrovsk.

et donc effectivement percer les défenses ukrainiennes sur le front de l’est.

Volodymyr Zelensky, qui piétine avec son plan de la victoire,

a donc pu être agacé quand le secrétaire de la défense américain Lloyd Austin a expliqué qu’il ne savait pas exactement ce que les Nord-Coréens viennent faire en Russie

de la formation, de l’appui ou du combat direct.

Parce que dans le même temps, dans une interview à Fox News, Lloyd Austin a réitéré son refus d’autoriser les Ukrainiens à utiliser les missiles balistiques occidentaux dans la profondeur russe

En affirmant que les Ukrainiens peuvent gagner même sans ça - ce qui est plutôt contredit par la réalité du terrain.

Et toujours dans le même temps, les Européens ont exprimé inquiétudes et condamnations face à un développement qui constituerait une grave escalade.

Mais ne semblent pas forcément faire grand chose.

Encore une fois, tout ce qu’on appelle l’Occident collectif est paralysé par la perspective de l’élection américaine, donc il n’y a pas grand chose à attendre avant le 5 novembre

La Chine ne s’est pas exprimée sur le sujet, un communiqué vient tout juste d’affirmer qu’elle n’est “pas au courant” de ce développement.

bien qu’on peut s’imaginer qu’elle n’est pas insensible à l’intensification des liens entre Moscou et Pyongyang.

Beijing ayant traditionnellement assumé un rôle de grand frère et de garde fou vis-à-vis de Pyongyang.

En fait, c’est la Corée du sud qui est la plus expressive et la plus décisive.

Les autorités de Séoul partagent beaucoup de détails, en privé et publiquement,

Dénoncent une menace pour la sécurité internationale et appellent à un retrait immédiat de ces troupes nord-coréennes de Russie.

Séoul a jusqu’ici refusé d’envoyer directement de l’armement à Kyiv, même si elle est passée par des réseaux indirects pour acheminer notamment des pièces détachées

Mais là, elle pourrait muscler sa politique et envoyer non seulement des armes mais aussi des militaires

Pas forcément pour se battre en Ukraine mais pour conseiller les Ukrainiens et assurer la traduction avec d’éventuels prisonniers de guerre.

Ce serait donc non seulement une extension de la guerre russe en Ukraine, avec la participation de soldats de deux nouveaux pays,

Mais aussi un déplacement géographique inédit de l’affrontement entre les deux Corées.

L’élargissement de la guerre russe en Ukraine, elle est toute aussi inédite

On sait que beaucoup de puissances étrangères se sont impliquées dans ce conflit depuis 2022, a fortiori depuis 2014.

Mais pas au point d’envoyer des soldats en service actif sur le front.

Les puissances occidentales, ou encore l’Iran du côté russe, ont envoyé en plus des armes, de l’équipement et du soutien financier,

des instructeurs, des experts, des formateurs.

On a aussi des nationaux de plusieurs pays se battent comme volontaires pour un camp ou un autre.

Mais on n’a pas d’unités d’armées régulières actuellement présents sur le champ de bataille.

Cette évolution est donc majeure et elle interpelle les Occidentaux sur leurs lignes rouges et leur peur de l’escalade.

On voit que l’escalade elle est là.

On a vu que les Occidentaux, ces dernières années, se sont caractérisés par une politique du trop peu, trop tard, qui n’a pas réussi à inverser le rapport de force sur le champ de bataille

Mais là, face à cette escalade qu’ils redoutent tant, ils sont en plus paralysés par l’élection américaine.

Un moment d’immobilisme que la Russie et ses alliés exploitent pleinement.

Merci

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