Ouest France: Viktor Ianoukovitch condamné à 13 ans de prison – par contumace
Article publié dans Ouest France, le 24/01/2019
Il a fallu huit heures aux juges pour délivrer leur verdict et prononcer la peine de 13 d’emprisonnement pour haute trahison. Si les journalistes et avocats présents dans la salle ont du souffrir la lente lecture de l’arrêt de justice, Viktor Ianoukovitch, n’était pas là. Il a beau être déclaré coupable d’avoir appelé Vladimir Poutine à intervenir militairement en Ukraine, il ne passera probablement pas un jour derrière les barreaux. L’ancien président ukrainien est en exil à Moscou depuis sa fuite, fin février 2014, à la suite de la victoire de la Révolution de la Dignité.
Personnalité honnie en Ukraine, et reniée par ses anciens alliés, Viktor Ianoukovitch a cumulé les chefs d’accusation: haute trahison, violences policières, corruption et détournement de fonds publics. Des charges qu’il rejette en bloc comme des preuves d’une “persécution politique”. Il était apparu quelques fois en vidéoconférence, sous les huées de la salle, et s’était perdu en démonstrations loufoques. Depuis, il snobe les convocations des juges.
Le Procureur général Iouriy Loutsenko avait fait de ce cas de haute trahison un marqueur de sa détermination à “expurger les crimes de l’ancien régime”. Selon ses critiques, c’est au contraire un trompe-l’oeil, qui ne masque pas l’impunité dont bénéficient les dignitaires corrompus de l’ancien régime. Le fait que le verdict contre Viktor Ianoukovitch soit prononcé alors que le patron politique du Procureur Général, le Président Petro Porochenko, se lance dans sa campagne de réélection, ne serait pas qu’un heureux hasard. Pour autant, l’évènement est vécu en Ukraine comme une conclusion évidente, et bienvenue. Même si, comme le précise l’internaute Lyubov Lyachenko, “13 ans de prison pour les 13000 morts dans l’est du pays, ce n’est pas assez…”