Quelle Kamala pour l’Ukraine?

Kamala Harris vient de remporter l’investiture du parti Démocrate et au vu des sondages, elle a toutes ses chances d’être élue face à Donald Trump première femme Présidente des Etats-Unis le 5 novembre prochain.

Mais qu’est-ce que cela veut dire pour l’Ukraine?

Joe Biden a fait beaucoup pour soutenir l’Ukraine dans sa résistance face à l’invasion russe.

Ce soutien américain, et occidental en général, permet à l’Ukraine de ne pas perdre la guerre, mais pas de la gagner.

Est-ce qu’une présidence Kamala Harris serait différente?

Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette vidéo où l’on parle des implications de l’élection présidentielle américaine sur la guerre russe contre l’Ukraine, alors que les rumeurs de négociations de paix se font de plus en plus insistantes.

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Encore une fois, comme tous les 4 ans, tous les regards sont fixés sur la politique américaine.

Les Ukrainiens et les Russes ne font pas exception.

Un des objectifs de l’incursion ukrainienne à Koursk est de gagner un avantage tactique dans la perspective de négociations de paix.

Et de démontrer aussi que l’Ukraine est loin d’avoir perdu sur le champ de bataille, et la Russie loin d’avoir les capacités de gagner.

L’Ukraine pousse à Koursk et la Russie pousse dans le Donbass, afin de renforcer leurs positions respectives lors d’un moment politique et diplomatique qui pourrait avoir lieu, en fonction des élections américaines.

Si Donald Trump est réélu, on tombera dans un période d’incertitude globale quant à sa politique, tant l’ancien Président est réputé pour être imprévisible.

Si l’on se concentre sur la question russo-ukrainienne, il est impossible de prévoir ce que fera Donald Trump.

Il a déjà annoncé que s’il avait été à la Maison blanche en 2022 la guerre n’aurait jamais été déclenchée, qu’il rétablira la paix en 24 heures.

Mais on sait ce que les déclarations de Donald Trump un jour valent le lendemain. pas grand chose.

En fait, cela peut partir dans toutes les directions.

Trump peut vouloir établir une paix à tout prix, et se plier aux conditions de Poutine.

Il ferait cela d’autant mieux qu’il a une dent contre Volodymyr Zelensky et l’Ukraine.

On se rappelle du scandale du coup de téléphone, et du premier procès pour impeachment en décembre 2019.

Mais il peut aussi vouloir s’imposer dès le début de son mandat avec une victoire sur la Russie qui enverrai un signal fort à la Chine.

Et puis, les dizaines de milliards de dollars qui son alloués pour l’Ukraine depuis 2022 vont d’abord et avant tout aux groupes d’armement américain.

Donc en tant qu’homme d’affaires, Donald Trump peut être convaincu que ce n’est pas l’Ukraine qui a besoin d’aide, mais le complexe militaro-industriel américain.

Bref, cela peut partir dans toutes les directions.

Kamala Harris, de son côté, c’est plus prévisible.

Si elle gagne l’élection, alors l’administration de Joe Biden y gagne un second mandat.

Et on connaît déjà leur politique vis-à-vis de la guerre russe en Ukraine.

C’est une politique de soutien inédit à l’Ukraine agressée et de réengagement américain en Europe.

Mais c’est aussi une politique de livraisons d’armes et d’équipement qui sont tardives, en quantité insuffisantes.

C’est une politique qui a sanctuarisé la Russie en interdisant aux Ukrainiens de frapper le territoire russe avec des armes américaines.

C’est une politique qui a permis à l’Ukraine de ne pas perdre, mais aussi de ne pas gagner.

Et tout ce que je dis sur la politique américaine s’applique à l’ensemble de la quarantaine de pays, principalement occidentaux, qui soutiennent l’Ukraine.

Les Etats-Unis ont un rôle d’impulsion majeur dans ce groupe. S’ils sont lents dans leurs prises de décision, alors les Européens ne se sentent pas pressés non plus.

Rappelez-vous les débats sans fin sur la livraison d’armes offensives, de chars d’assaut, d’avions de chasse…

Ce sont des questions complexes, qui sont contingentes aux logiques politiques et aux ressorts techniques et logistiques des pays donateurs.

Mais quand on voit le temps qu’il a fallu pour débloquer la livraison des chars Leopard, de munitions d’artillerie, et évidemment des chasseurs F-16…

Ca interroge.

Aujourd’hui, 2 ans et demie après le début de l’invasion et dix ans après le début de la guerre en 2014, l’Ukraine reçoit des F-16 au compte-goutte.

Pas étonnant que la guerre s’éternise.

Et il n’est pas étonnant non plus que les Ukrainiens ont tenu les Occidentaux à l’écart des préparatifs de l’incursion de Koursk.

Ils ne voulaient pas se faire mettre des bâtons dans les roues par la frilosité des Occidentaux.

Il n’est pas sûr que Kamala Harris modifie cette tendance.

Dans sa campagne, Kamala Harris parle de beaucoup de choses qui sortent du débat binaire qu’avait imposé Joe Biden, entre lui et le chaos, entre la démocratie et l’autoritarisme.

Mais s’il y a une chose dont Kamala Harris ne parle pas, c’est d’Ukraine.

Joe Biden est un homme de la guerre froide. La rivalité avec la Russie a défini une grande partie de sa carrière politique.

Kamala Harris pourrait être plus intéressée de traiter ce conflit comme un foyer secondaire, de laisser les Européens assurer la sécurité sur leur propre continent et de se pivoter encore plus son attention vers l’indo-Pacifique et la Chine.

Mais le plus probable, c’est qu’elle continue la politique de Joe Biden. C’est à dire: soutenir l’Ukraine, mais toujours trop peu et trop tard.

Merci à vous d’avoir regardé cette vidéo!

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