RFI: Des milliers de manifestants à Kiev pour réclamer la destitution de Petro Porochenko
Reportage diffusé dans les journaux de la matinale, sur RFI, le 04/12/2017
Des milliers de personnes ont défilé dans le centre de Kiev, hier dimanche, pour réclamer la destitution du Président Petro Porochenko. Celui-ci est taxé d’autoritarisme, et accusé de vouloir étouffer la lutte contre la corruption. A l’appel de l’ancien président géorgien Mikheïl Saakachvili, les manifestants étaient 1500 selon la police, 20.000 selon les organisateurs. Les perspectives du mouvement restent néanmoins incertaines. A Kiev, Sébastien Gobert
C’était sans conteste une des plus importantes manifestations depuis la Révolution de l’Euromaïdan. Mikheïl Saakachvili est en guerre contre le pouvoir depuis plus de deux mois. Il voulait marquer l’intensification de sa lutte.
Mikheïl Saakachvili: Nous leur avions donné du temps pour satisfaire à nos demandes. Et qu’est-ce qu’ils ont fait? Ils nous ont trahi comme d’habitude!
Ce jour-là, l’ancien président géorgien personnalisait son combat.
Mikheïl Saakachvili: Le peuple d’Ukraine a un ennemi: l’oligarchie! Notre ennemi, ce sont les oligarques! Notre ennemi, c’est le représentant de l’oligarchie: le Président Petro Porochenko!
Il a lancé une procédure de destitution par le peuple, grâce à la rue à et des pétitions en ligne. Le message est d’autant plus fort que l’inquiétude est réelle, vis-à-vis d’un exécutif autoritaire et corrompu, qui a recours à des méthodes violentes contre ses opposants, verrouille le système judiciaire, et muselle la presse. Presque aucune télévision nationale n’a couvert la manifestation, pourtant conséquente. En revanche, NewsOne, une des seules chaîne qui offre une plateforme d’expression à Mikheïl Saakachvili, s’est retrouvée assiégée dans la soirée par des militants nationalistes. La police n’est pas intervenue pour autant.
Malgré cela, le mot d’ordre d’impeachment, la destitution du président, mobilise peu. Beaucoup des manifestants avaient été acheminés de plusieurs régions, et se montraient peu impliqués. La société civile, et les autres forces d’opposition politique, n’étaient pas au rendez-vous. Mikheïl Saakachvili entend continuer le combat. Mais c’est une personnalité clivante, et il n’est pas sûr qu’il puisse réussir à incarner la contestation d’une Ukraine durement éprouvée par les épreuves des dernières années.