RFI: Poutine intensifie son offensive des passeports, indignation à Kiev
Papier diffusé dans les journaux de la matinale, sur RFI, le 28/04/2019
Réactions abasourdies en Ukraine à la proposition de Vladimir Poutine d’offrir une procédure simplifiée à l’ensemble des citoyens ukrainiens pour acquérir la citoyenneté russe. Selon le président, la possession d’un passeport serait accompagnée des avantages sociaux garantis par l’Etat russe. Kiev et Moscou vivent dans un climat de guerre depuis 2014. L’initiative est perçue comme un nouvel acte d’agression contre l’Ukraine, quelques jours après l’élection d’un candidat favorable à la relance des négociations de paix. A Lviv, Sébastien Gobert
“Peut-être que l’on peut donner à Vladimir Poutine des citoyens ukrainiens criminels ou des corrompus, qui ont abusé de leurs positions officielles. Pour le reste, Poutine ne devrait pas perdre son temps”. Le communiqué officiel du nouveau président Volodymyr Zelenskiy emploie un ton lapidaire. “Les Ukrainiens connaissent très bien les droits que confère la citoyenneté russe: le droit d’être arrêté à des manifestations pacifiques, le droit de participer à des élections truquées, le droit de se faire renier ses libertés fondamentales”. Le jeune président promet au contraire asile et citoyenneté en Ukraine aux opposants des régimes autoritaires. Le ton est fier, mais il n’en reste pas moins vrai que l’offensive russe est prise au sérieux à Kiev, après que Vladimir Poutine a fait une première avance aux habitants des zones séparatistes, dans l’est en guerre. Il s’agit de citoyens ukrainiens au regard du droit international. La constitution ukrainienne ne reconnaît pas la double citoyenneté. Si ces habitants, environ 3 millions de personnes, détenaient officiellement un passeport russe, la légitimité de l’Ukraine sur ces personnes serait mise à mal, de même que sur les territoires des républiques autoproclamées de Donetsk et Louhansk. Le ministre des affaires étrangères prépare une nouvelle liste de sanctions contre la Russie à proposer à ses partenaires européens. Ce ministre est néanmoins sur le départ, en attendant l’investiture de Volodymyr Zelenskiy. Et rien ne laisse prévoir comment l’équipe du nouveau président traduira ses communiqués en actions.