RFI: Un révolutionnaire de Maïdan soupçonné d’avoir tué deux policiers en 2014

Papier diffusé dans les journaux de la matinale, sur RFI, le 05/04/2018

Photo: hromadskeradio.org

En Ukraine, l’arrestation d’un ancien révolutionnaire du Maïdan de l’hiver 2014 fait grand bruit. L’homme est soupçonné d’avoir tué deux policiers des forces spéciales, et d’avoir voulu en assassiner un troisième. Plus d’une centaine de personnes avait péri pendant les trois mois de révolution. Une seule personne, un policier, est en ce moment sous les verrous. Plus de 4 ans après la fin sanglante de Maïdan, c’est la première fois qu’un révolutionnaire est inquiété par la justice. A Lviv, Sébastien Gobert

Ce serait la fin du tabou des révolutionnaires du Maïdan pacifiques et désarmés. Déjà en février 2016, Ivan Bubenchik avait expliqué, calmement et clairement, dans un entretien à une ressource en ligne et dans un film documentaire, comment il s’était procuré un fusil d’élite le 20 février 2014, avait pris le temps de viser, et avait touché 2 Berkut, la brutale unité de police de l’ancien président Viktor Ianoukovitch. Il affirme les avoir blessés, mais nombre d’éléments portent à croire qu’il les aurait tués.

La présence d’armes sur le Maïdan était avérée, dans le climat de répression policière, et elle n’enlevait rien au bien-fondé des revendications révolutionnaires. Les nouvelles autorités avaient néanmoins insisté pour sanctuariser la mémoire des militants de Maïdan, et leur avait offert une amnistie générale. La décision de mettre Ivan Bubenchik sous les verrous pose question, 4 ans après Maïdan et 2 ans après les confessions de l’homme. Elle serait motivée par son refus de coopérer avec les enquêteurs, et sa tentative de quitter le pays. Il a été arrêté le 3 avril à la frontière avec la Pologne.

L’annonce de l’arrestation d’Ivan Bubenchik a provoqué indignation et plaintes officielles de la part de députés, et soutiens militaires. Le Procureur Général Iouriy Loutsenko a lui adopté une position très défensive. Il a dessaisi les procureurs en charge de l’enquête, en arguant qu’Ivan Bubenchik n’était en fait pas un participant de Maïdan. Il tenterait ainsi de perpétuer le mythe d’un Maïdan désarmé et livré aux exactions policières, et, peut-être, de protéger certaines personnes aussi coupables de violences. Ivan Bubenchik a été relâché, le 4 avril au soir. Une protection politique qui n’aide pas à ce que les enquêtes de Maïdan aboutissent.

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