Ukraine / Proche-orient: le deux poids, deux mesures des Occidentaux

On voit chaque jour la situation se détériorer au Proche-orient.

Les attaques israéliennes contre le Liban sont très impressionnantes, dévastatrices et meurtrières

A Gaza, le bilan humain et matériel est désastreux.

Et pourquoi est-ce que je parle de cela sur cette chaîne dédiée à l’Ukraine et à la mer noire?

et bien précisemment parce que la comparaison entre cette situation et la guerre russe en Ukraine met en lumière le deux poids deux mesures des Occidentaux

le fameux double discours.

Une réalité géopolitique qu’il faut disséquer parce que, évidemment, elle est loin d’être manichéenne, en noir et blanc.

Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette vidéo dans laquelle on parle des tenants et des aboutissants de ce fameux deux poids deux mesures et de comment il trahit, d’abord et avant tout, l’illusion d’un monde régi par des principes et l’impuissance des Occidentaux à agir sur les affaires mondiales.

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A partir du 24 février 2022, les Occidentaux ont été très déterminés dans leur soutien à l’Ukraine.

Et dans leurs sanctions imposées contre la Russie.

Les Ukrainiens répètent régulièrement que n’est pas suffisant

Que les Occidentaux n’ont pas défini leurs buts de guerre

Et qu’ils craignent une victoire de l’Ukraine qui serait aussi une défaite de la Russie

Tout cela, ce sont des critiques fondées, j’y reviendrai à la fin de la vidéo.

Mais depuis le 7 octobre, les Occidentaux n’ont pas cessé de se prendre les pieds dans le tapis.

Condamner l’attaque du Hamas, c’est une chose.

Mais ne pas agir contre la politique d’Israël, c’est véritablement différent

Et ça ne peut pas être réglé par les appels à la désescalade et à un cessez-le-feu que les Européens ont envoyé par dizaines, voire par centaines.

Les Etats-Unis sont eux dans une situation encore plus délicate car ils continuent leurs livraisons d’armement à Israël.

Malgré le bilan désastreux à Gaza, plus de 40.000 pertes humaines

ce qui est plus du triple du bilan humain des populations civiles en Ukraine depuis 2022, selon l’ONU.

On estime que ces pertes en Ukraine sont en réalité bien plus élevé, mais les chiffres de l’ONU font état d’environ 12.000 morts depuis le 24 février 2022.

Les méthodes d’Israël soulèvent aussi de sérieuses questions.

A quel moment parle-t-on du droit d’Israël à se défendre?

Et à quel moment dénonce-t-on l’Etat hébreu comme un agresseur?

Les explosions des bipeurs du Hezbollah, certains sont prompts à les assimiler à des méthodes terroristes car elles ont pu toucher des civils innocents.

Je ne vais pas trancher ici, je veux juste lister ce qui alimente ce débat sur le double discours.

Israël attaque des infrastructures civiles, la Russie aussi

Israël utilise des méthodes plus que discutables à l’encontre des populations civiles, la Russie aussi.

Mais les sanctions occidentales, elles sont sont contre la Russie, presque pas contre Israël

La Russie et le Bélarus sont interdits de participer aux Jeux olympiques, Israël a envoyé sa délégation.

Les Occidentaux livrent des armes à l’Ukraine et à Israël, ce qui est décrié par de nombreux pays comme la Chine ou le Brésil ou l’Inde comme de simples prolongations du conflit au détriment des populations civiles.

Ca, c’est une critique que je ne trouve pas pertinente, l’Ukraine se bat pour sa survie tandis que les livraisons d’armement à Israël elles sont ancrées dans des partenariats historiques depuis les années 1940, c’est vraiment différent.

Mais le fait que de nombreux pays dans le monde établissent une équivalence est une donnée qu’il faut prendre en compte.

On voit par ailleurs comment la Chine a gagné un avantage moral en se tenant à l’écart de ces questions tout en appelant à une désescalade

On voit aussi comment la Russie a pu se recréer un certain espace de communication depuis le 7 octobre.

En 2022 elle était coincée dans une dialectique binaire entre agresseur et victime

Depuis le 7 octobre 2023, elle peut exploiter à la fois l’instabilité du Proche et Moyen orient à travers son allié iranien, mais aussi mettre en lumière les incohérences des Occidentaux et redynamiser sa machine de propagande et désinformation.

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L’Ukraine, pour parler d’elle, est très embarrassée par les développements au Proche-orient

D’abord parce que ça a détourné en partie l’attention du reste du monde

Pendant 1 an et demie, de février 2022 à octobre 2023, on ne parlait que d’Ukraine dans les relations internationales, plus maintenant.

Et aussi parce que les accusations de deux poids, deux mesures qui pèsent sur les Occidentaux ternissent aussi l’image et la communication de l’Ukraine.

Kyiv travaille dur pour présenter l’invasion russe comme une guerre existentielle, une guerre de décolonisation contre une puissance impérialiste.

Ce qui est vrai en grande partie.

Mais le fait que le pays soit si dépendant des Occidentaux dans son effort de guerre dilue son propos,

Dans beaucoup de pays de ce que l’on appelle le sud global, il est inaudible

Le fait que l’Ukraine, comme les Occidentaux, n’a pas adopté de position claire sur la question, nuit aussi à ses relations avec des pays qui ont choisi leur camp, si l’on peut dire.

Encore une fois, ce sont des failles que la Russie exploite avec facilité.

Et puis encore un point qui embarrasse l’Ukraine, c’est que les Occidentaux protègent l’espace aérien isréalien, on l’a vu avec les attaques de drones et de missiles venus d’Iran,

mais pas l’espace aérien ukrainien contre des attaques similaires venus de Russie.

Donc les Ukrainiens, là aussi, se plaignent d’un deux poids deux mesures

qui suscite des tensions avec les alliés occidentaux.

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Alors, j’ai listé les raisons pour lesquelles ont accuse les Occidentaux de deux poids deux mesures.

Mais ce qu’il faut voir, c’est qu’il y a des raisons objectives à cela.

L’idée que les relations internationales soient régies par des principes, c’est une idée, voire un idéal.

Cela n’a jamais véritablement reflété la nature des jeux de puissance entre Etats.

Et maintenant que le conseil de sécurité de l’ONU est paralysé ainsi que de nombreuses institutions multilatérales, on peut de moins en moins parler de principes.

Et si les Occidentaux sont plus impliqués en Ukraine qu’au Proche-Orient, c’est d’abord et avant tout parce que c’est l’Europe.

Le retour de la guerre sur le continent européen a choqué les esprits

mais aussi mobilisé les capacités d’action et de déploiement des pays occidentaux et de l’Otan.

L’Ukraine est voisine de l’Union européenne et de l’Otan, donc c’est plus simple d’y acheminer de l’aide qu’en Méditerranée orientale

ou au Soudan, au Congo ou dans le Caucase, pour citer d’autres foyers de conflit.

D’autant qu’en ce qui concerne le proche-orient, les Occidentaux sont échaudés après les échecs retentissants de leurs opérations militaires dans la seconde moitié du 20ème siècle.

Une autre raison de l’implication des Occidentaux, c’est que la Russie est perçue comme une menace pour leur propre sécurité et la stabilité mondiale

Là où le Hamas, le Hezbollah, Iran ou Israël restent des acteurs régionaux

Qui plus est, la Russie est une puissance nucléaire, membre du conseil de sécurité de l’ONU, qui s’est livrée à un crime d’agression.

Avec une visée d’expansion territoriale: elle a annexé la Crimée en 2014 et 4 oblasts de plus en 2022.

Puisque je parle des deux poids, deux mesures, revenons sur l’intervention américaine en Irak de 2003.

Impardonnable et aux conséquences catastrophiques

Mais jamais les Etats-Unis n’ont cherché à nier la souveraineté de l’Irak ou annexer certains de ses territoires.

Là, on parle de la Russie, le plus grand pays du monde, qui cherche à renverser la table des relations internationales et à jeter à bas tout ce qui base le droit international depuis 1945, voire depuis 1991.

Ce qui se passe au Proche-orient est horrible, critiquable, condamnable, sanctionnable peut-être par la cour pénale internationale.

Mais ça n’a pas la même dimension de déstabilisation de l’ordre international.

Bien que celui-ci devrait être réformé en profondeur mais bon, ça c’est encore une autre question.

Quand je parle de déstabilisation de l’ordre international, je parle aussi des dimensions financières, énergétiques et alimentaires.

Les ondes de choc de l’invasion russe sont énormes, ce que ne produit pas la guerre au Proche-orient.

Sans oublier l’aspect nucléaire, pas tant le risque d’apocalypse nucléaire russe qui est surestimé

Mais surtout les risques qui pèsent sur les centrales nucléaires d’Ukraine, à commencer par Zaporijia.

Donc pour toutes ces raisons, on comprend pourquoi les Occidentaux se préoccupent plus de l’Ukraine que de Gaza.

C’est injuste, ça devrait être corrigé, mais l’idée d’un monde régi par des principes universels, moi j’ai rangé ça au placard il y a longtemps.

Mais même avec cette très forte préoccupation des Occidentaux pour l’Ukraine, et je termine par là,

on voit qu’au bout de dix ans de guerre depuis 2014 et deux ans et demie d’invasion généralisée depuis 2022,

ils n’ont toujours pas formulé leurs buts de guerre et leur vision claire d’une paix durable.

Est-ce que l’Ukraine doit gagner? Est-ce que la Russie doit perdre?

Si oui, comment? Et pour quel monde de demain?

Quelles leçons à tirer de la guerre?

Quelle réorganisation de l’ordre international?

Donc en fait ce que l’on appelle un deux poids deux mesures, moi je le vois d’abord comme une fatalité des relations internationales

mais surtout comme la preuve irréfutable de l’incapacité des occidentaux à agir sur le monde et à exercer une influence constructive qui puisse réguler les grands enjeux internationaux. Que ce soit en Ukraine ou en Palestine, en Israël ou au Liban.

Par manque de capacité, par manque de volonté politique, mais surtout par manque de vision stratégique. Pour moi c’est ça le plus important de cette situation dramatique.

Merci à tous d’avoir regardé

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