Le plan de la victoire de Zelensky

Volodymyr Zelensky a un plan

Il en garde le contenu secret pourtant il en parle beaucoup

c’est le plan de la victoire

qu’il veut présenter à Joe Biden la semaine prochaine à Washington

puis aux deux candidats à la présidentielle américaine

avec la perspective de demander aux alliés de prendre des décisions rapides entre octobre et décembre

Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette vidéo où l’on va esquisser les contours de ce plan de la victoire, et essayer de comprendre s’il y a une accélération du rythme des cycles militaire et diplomatique.

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Il y a deux semaines, lors d’une conférence de presse, Volodymyr Zelensky annonçait l’élaboration d’un plan de la victoire.

En disant que l’opération à Koursk en faisait partie.

Cela a pris les observateurs par surprise car jusque là la Présidence s’était accrochée à sa formule de paix

un plan en 10 points, notamment le retrait des troupes russes et la poursuite en justice des criminels de guerre

Un plan qui avait été la base de la conférence pour la paix qui s’est tenue en Suisse en juin

alors est-ce que ce plan de la victoire contredit la formule de paix?

Maintenant on en sait un peu plus

et il s’avère que le plan de paix est une pré-condition à la formule de paix

c’est une espèce de feuille de route pour pouvoir créer les conditions pour appliquer la formule de paix.

C’est un plan en cinq points, qui comprend visiblement quatre points applicables avant la fin des hostilités et un après

selon les sources qui ont eu accès à l’ébauche du plan,

on parle d’autoriser les frappes de missiles dans la profondeur russe

d’assurer des livraisons d’armement et un soutien économique et financier durable et conséquent

et de garantir l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan et à l’Union européenne.

c’est à dire renforcer la position stratégique de l’Ukraine,

l’arrimer au bloc euro-atlantique

avant d’entamer des négociations avec la Russie.

Et pour commencer ces pourparlers, il s’agirait de forcer la Russie à comprendre qu’elle ne peut pas gagner la guerre.

Donc l’opération à Koursk, les frappes dans la profondeur comme ces derniers jours sur des dépôts de munitions

les images sont impressionnantes

et aussi le renforcement des sanctions occidentales

Ce serait la solution de convaincre la Russie de négocier selon des termes favorables à l’UKraine

Mais aussi de s’assurer le soutien de pays du sud global, comme l’Inde, la Chine ou le Brésil.

Qui ont été particulièrement ambivalentes jusqu’à présent.

Je rappelle, pour l’instant il y a trois types de plans:

le plan ukrainien, donc cette formule de paix et visiblement le plan de paix:

retrait des troupes russes, puis cessez-le-feu, puis négociations

le plan russe: retrait des troupes ukrainiennes, démilitarisation et abandon des ambitions euro-atlantiques

et le plan brésilien-chinois: gel du conflit le long des lignes actuelles, cessez-le-feu puis négociations.

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Encore une fois, on ne connaît pas les détails de ce plan de paix

mais les contours qui se dessinent semblent assez cohérents avec la ligne de Kiev depuis 2022.

La Présidence a bien fait savoir que le plan n’implique aucun abandon de territoires ou souveraineté.

la demande d’assistance internationale durable, elle est dans la droite ligne des accords de sécurité bilatéraux que l’Ukraine a signé avec une vingtaine de pays depuis un an.

et donc on peut s’attendre à ce que les revendications sous-entendues par ce plan soient maximalistes,

retour dans les frontières de 1991, réparations, criminels de guerre trainés en justice, etc.

La grande question est de savoir si l’Ukraine peut être dans une position suffisamment forte pour imposer cette vision à la Russie.

Moscou vient tout juste d’annoncer qu’elle ne participera pas à un deuxième sommet pour la paix.

Ca va dépendre de Koursk, mais aussi des frappes dans la profondeur.

et puis le premier à convaincre, ce n’est pas Vladimir Poutine mais Joe Biden.

Volodymyr Zelensky va le rencontrer la semaine prochaine à Washington, il dit qu’il compte d’abord et avant tout sur lui.

Ensuite sur les deux candidats à la présidentielle

et seulement en troisième sur ses autres alliés, ce qui montre le rôle crucial des Etats-Unis

Parce que si Joe Biden donne son accord au plan, les alliés auront des décisions à prendre rapidement entre octobre et décembre

probablement sur l’intégration à l’otan et sur les frappes dans la profondeur russe.

Donc ce plan de paix aurait le mérite de définir les buts de guerre que les Occidentaux n’ont toujours pas formulé

ils se retranchent derrière l’expression “aussi longtemps qu’il faudra” et s’abritent derrière des peurs d’escalades et des lignes rouges

Ils n’ont pas assumé leur co-belligérance aux côtés de l’Ukraine victime de l’agression russe, et ils n’ont pas défini d’objectif de leur implication dans le conflit.

Ce plan de paix, associé à la formule, pourrait le faire pour eux en dressant une stratégie claire de sortie de conflit.

Après, tout cela peut aussi retomber à plat

Si Joe Boden n’est pas intéressé, juste avant de quitter la Maison blanche

si jamais les Ukrainiens perdent les territoires occupés de Koursk dans les prochaines semaines

si jamais le grignotage méthodique de la russie dans le Donbass produit des résultats éclatants.

En tous les cas on sent que quelque chose se prépare.

L’élection américaine offrira un moment politique et diplomatique pour cette initiative mais aussi potentiellement d’autres.

Sachant que le temps qui passe ne joue ni dans l’intérêt de l’Ukraine ni dans celui de la Russie.

On connaît les défis colossaux auxquels fait face l’Ukraine, militaire, économiques, financiers, démographiques.

Mais la Russie, qui avait envahi l’Ukraine en 2022 en partie pour préserver son statut de grande puissance,

est si absorbée par la guerre qu’elle perd sa capacité de projection mondiale.

sa place sur les marchés énergétiques à cause des sanctions et des restructurations de la demande en hydrocarbures.

et son poids face à la Chine ou même la Turquie.

Selon le chef des renseignements ukrainiens Kyrylo Budanov, la Russie voudrait en finir avant la fin 2025-début 2026, faute de quoi elle perdra les moyens d’être une grande puissance, et ce pour plusieurs dizaines d’années.

Une analyse intéressante, mais chaque chose en son temps.

Déjà, le voyage de Volodymyr Zelensky la semaine prochaine devrait apporter son lot de nouvelles

et si le plan de paix ne trouve pas d’oreille attentive, il faudra au minimum regarder l’autorisation de frapper la Russie en profondeur.

Si cela doit se décanter, ce sera pendant ce voyage ou après l’élection américaine.

Merci à tous

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