LLB: De Monaco à MonaKievo?

Article publié dans La Libre Belgique, le 24/01/2014De riches Ukrainiens blanchiraient leur argent en Europe.

Il faut des sanctions. Pas uniquement pour punir le régime ukrainien. Mais aussi pour éviter que Monaco ne se transforme en MonaKievo ! ", déclarait, le 13 janvier, le député d’opposition Mykola Tomenko. Il demeure difficile d’estimer les origines, les tailles et les utilisations des fortunes de l’élite oligarchique ukrainienne.Le chaos engendré par la chute de l’URSS avait permis à de nombreux opportunistes de s’enrichir avec célérité, notamment à travers des privatisations opaques. Selon un rapport de l’institut de recherche GfK, le pouvoir d’achat des Ukrainiens est le plus bas d’une sélection de 42 pays européens, juste au-dessus de la Moldavie. Ce qui n’empêche pas le pays d’être classé 27e sur 78 dans le rapport Wealth-X/UBS "Billionaire Census 2013", en abritant 18 milliardaires dont la fortune officielle cumulée s’élève à environ 36,6 milliards d’euros, soit environ 10 % du PIB national.Parmi eux, Rinat Akhmetov, un temps sacré l’homme le plus riche d’Europe. Ce dernier s’est rendu célèbre, entre autres, pour posséder l’appartement le plus cher du monde, estimé à environ 159 millions d’euros, dans le bâtiment One Hyde Park à Londres.Tous bords confondusBeaucoup d’autres propriétés occidentales des riches Ukrainiens sont bien connues, que ce soit la maison du fils du Premier ministre Mykola Azarov à Vienne ou les villas de députés sur la côte d’Azur. Et ce, de tous bords politiques confondus. L’ancien Premier ministre Pavlo Lazarenko, intimement lié à Ioulia Timochenko, a ainsi purgé, jusqu’en 2012, une peine de 9 ans de prison aux Etats-Unis pour blanchiment d’argent.Des suspicions similaires planent lourdement sur l’élite oligarchique actuelle. Les frères Serhiy et Andriy Klyuev sont à la tête d’un empire économique fondé sur deux compagnies : "Zavod Napivprovidnykiv" et "Ukrpidshypnyk PrJSC". Le premier frère est aussi député du Parti des Régions, tandis que le deuxième est une des figures les plus honnies des protestataires antigouvernementaux pour son implication présumée dans les violences policières de ces dernières semaines. Il a été promu chef de l’administration présidentielle de Victor Ianoukovitch le 24 janvier. La veille, le journaliste d’investigation ukrainien Serhiy Leshchenko révélait, sur le site du média indépendant Ukrainska Pravda, quelques documents indiquant que deux frères auraient utilisé deux sociétés autrichiennes, ActivSolarGMbH et SlavAG, comme des écrans pour du blanchiment de sommes d’argent indéterminées.Les mêmes soupçons planent sur les filiales suisses ou encore hollandaises du groupe MAK d’Oleksandr Ianoukovitch, dentiste de formation aujourd’hui millionnaire. En parallèle, la déclaration de revenus de son père affichait, en 2012, 4,56 millions de dollars de droits d’auteur pour des livres publiés dans des maisons d’édition européennes, telles que Folio ou Mandelbaum Verlag. Certains de ces livres n’ont jamais été accessibles en librairie.Moyen de pression européenSi jamais éclaircis, ces schémas troubles pourraient révéler une fuite de capitaux ukrainiens, d’origine douteuse, et dont les modalités de placement dans de nombreux pays occidentaux contreviendraient aux lois de ces pays. Des suspicions qui poussent l’analyste Alexander Motyl à encourager les dirigeants européens à " geler les comptes bancaires et à saisir les propriétés " des riches Ukrainiens. Selon lui, ce pourrait être un des outils pour tenter " d’empêcher un bain de sang en Ukraine".
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