RFI: L'OTAN en Ukraine pour des exercices internationaux
Séquence prévue pour l'émission Bonjour l'Europe (interrompue pour cause de mauvaise connexion téléphonique), le 16/09/2014
L'OTAN est en Ukraine, en tout cas dans son extrême-ouest. Très loin de la zone de guerre dans le Donbass. Plusieurs de ses Etats-membres y conduisent des exercices conjoints avec les forces armées ukrainiennes. L'opération intitulée « Rapide-Trident 2014 » n'est bien sûr pas innocente. C'est une manière pour les alliés de l'Ukraine de montrer des muscles, sans toutefois s'investir dans le conflit. En quoi consistent ces exercices ?C'est toute une série de manœuvres et de simulations militaires de grande ampleur, sur invitation du gouvernement ukrainien, qui rassemblent plus de 1200 soldats venus de 15 pays différents. Pas seulement de l'OTAN, puisqu'il y a des délégations de Moldavie, de Géorgie ou encore d'Azerbaidjan. Le plus gros contingent après les Ukrainiens, ce sont les Etats-Unis qui ont dépêché environ 200 hommes. On peut noter que la France ne prend pas part à ces exercices.Pendant ces exercices, le but officiel est de développer l'interopérabilité des forces armées en présence. Les exercices vont durer 10 jours et porter sur des questions de sécurité autour d'engins explosifs, de formation de convois et de patrouilles. Aucun exercice de tir n'est prévu au programme, les organisateurs ont bien insisté là-dessus. Il faut noter que ce n'est pas la première édition de ces exercices, qui se sont déjà tenus les années précédentes. Mais bien évidemment, cette année, tout cela se fait avec des arrières-pensées évidentes : le général ukrainien en charge de la base de Yavoriv, où tous ces soldats sont rassemblés, a bien replacé les exercices dans le contexte de la guerre du Donbass, C'est à plus de 1000 kilomètres de là, mais c'est dans tous les esprits.Est-ce que ces exercices marquent un engagement direct de l'OTAN dans le conflit ? Alors, ces soldats ne vont pas aller sur la zone de guerre, le haut commandement de l'Alliance l'a répété à plusieurs reprises, afin de ne pas placer des troupes de l'OTAN à portée de kalachnikoff de l'armée russe. Pour la petite histoire, la page Facebook du ministère de l'intérieur ukrainien affichait un commentaire ironique hier, en soulignant que, enfin, pour une fois, la propagande russe avait raison : il y a désormais des troupes américaines en Ukraine. Vous savez que le Kremlin a accusé les Américains de soutenir les Ukrainiens depuis le début de la révolution de l'EuroMaidan il y a presque un an. Mais à part cette petite pique, il n'y a d'implication direct de l'OTAN.D'une manière indirecte par contre, le message est clair. Ces exercices interviennent juste après des manœuvres conjointes des flottes ukrainiennes et américaines dans la mer noire, et alors que le ministère de la défense ukrainien vient tout juste de confirmer que plusieurs Etats-membres de l'OTAN sont en train de livrer des armes à l'Ukraine, destinées au front de l'est. Le ministre rappelle que ces livraisons ne sont pas faites au nom de l'Alliance, et il ne divulgue aucun nom d'Etat-membre. Mais après des longs mois d'hésitation, on dirait bien que certains alliés occidentaux de l'Ukraine intensifient leur soutien.Quel impact cela a-t-il en Ukraine ?Sur l'opinion publique, c'est très positif. Que ce soient ces exercices ou la suspension de la vente des Mistrals français à la Russie, les dernières nouvelles venues de l'Occident sont très bien accueillies par une population qui se sent du coup moins seule et qui considère de plus en plus adhérer à l'OTAN, selon les derniers sondages d'opinion. Ca, on en est encore très loin, car la question divise énormément un pays qui est déjà au bord de la partition.En plus, l'OTAN ne peut accepter de nouveau membre qui souffre d'un conflit territorial. Donc l'Ukraine est disqualifiée d'office, d'autant que le cessez-le-feu à l'est est toujours aussi fragile. Rappelons le, encore au moins six civils ont été tués dans des affrontements à Donetsk dans les dernières 48 heures. L'Ukraine est toujours dans un état de guerre. Et malgré les discours, les exercices militaires et des livraisons d'armes encore indéfinies, c'est au pays de régler ses propres problèmes. L'Ukraine est bel et bien seule sur le champ de bataille.