RFI: Procès de l'après-guerre à Sloviansk

Reportage diffusé sur Radio France Internationale, le 19/10/2014Alors que les Ukrainiens tentent de contenir les ardeurs des séparatistes dans l'est de l'Ukraine, la vie reprend dans les territoires libérés. A Sloviansk, qui était, il y a peu, un bastion des rebelles, personne ne parle plus ouvertement de Russie ou d'indépendance. Mais la manière dont l'Ukraine gère l'après-guerre soulève un certain nombre de questions. Le procès de l'ancienne maire de la ville, accusée de soutien aux séparatistes, inquiète habitants et ONG.Elena Stativa. Sloviansk, le 14/10/2014Le 12 avril dernier, les télévisions ukrainiennes montraient en boucle une femme blonde en manteau rose bonbon aux côtés d'hommes en armes. Des rebelles anti-ukrainiens venaient d'investir la mairie de Slaviansk et la maire, Nelya Shtepa, était en première ligne. Aujourd'hui, quelques mois plus tard, les forces ukrainiennes contrôlent la ville, les rues sont couvertes de drapeaux bleus et jaunes, et Nelya Shtepa est en prison.Elena Stativa est conseillère juridique de la famille Shtepa. Pour elle, l'ancienne maire est innocente. La preuve : les séparatistes s'étaient retourné contre elle et l'avaient emprisonné pendant de longs mois. Mais coupable ou non, ce qu'Elena Stativa dénonce, c'est le mauvais traitement infligée à la maire.Elena: Nous ne parlons pas de persécution politique. Nous disons juste que les conditions de sa détention ne sont pas compatibles à ses sérieux problèmes de santé. Il faut qu'elle soit transportée à l'hôpital et traitée là-bas. Nous avons envoyé de nombreuses demandes, mais nous n'avons reçu aucune réponse. Cela fait un mois et demie que nous attendons une réponse ! Elena Stativa n'est pas la seule à s'inquiéter. L'ONU, Amnesty International ou encore Human Rights Watch ont dénoncé un traitement indigne, qui viole les droits de l'homme que le nouveau gouvernement dit défendre. Vita Doubovik, attachée de presse du procureur de Kharkiv en charge de l'affaire, jointe par téléphone, oppose un démenti ferme.Vita: C'est une provocation, c'est du sabotage ! De quelles menaces parle-t-on ? Nelya Shtepa ou son entourage ne font que tenter qu'entraver le cours de la justice et retarder l'ouverture du procès. Quoiqu'il en soit, l'affaire émeut une partie de la population de Sloviansk. Certains habitants font état d'altercations avec des soldats ukrainiens et de pressions diverses. Tatiana Ablemitovna est entrepreneure dans le négoce de fruits et légumes avec des villes contrôlées aujourd'hui par les séparatistes. Elle a reçu une visite de soldats ukrainiens lui enjoignant de tout arrêter.Tatiana: Quasiment tous mes contrats étaient négociés avec des entreprises de Donetsk. Mais maintenant, ils veulent que je vende mes produits à des firmes de Kharkiv et Dnipropetrovsk, en territoire ukrainien. Et ils n'arrêtent pas de me menacer de me faire fermer.Après l'expérience séparatiste, on ne perçoit plus de signes de remise en cause de l'appartenance à l'Ukraine. Ce que les habitants craignent, c'est que le rétablissement de l'unité nationale passe par une chasse aux sorcières.Ecouter le reportage ici

Previous
Previous

Libération: A Zaporijia, la statue de Lénine déguisée plutôt que déboulonnée

Next
Next

TDG: Un Etat cosaque dans une république séparatiste