RFI: Portrait d'Oleg, Criméen, pro-russe, volontaire dans les rangs de la République Populaire de Donetsk
Portrait diffusé dans l'émission Accents d'Europe, le 22/10/2014On l'a compris depuis longtemps, les troupes qui s'affrontent dans la guerre du Donbass sont composées d'éléments diverses et variés : dans le camp séparatiste, on trouve des habitants de la région, des mercenaires et aventuriers étrangers, des Russes volontaires, des membres de l'armée régulière russe, ou encore des Ukrainiens russophiles venus d'autres régions du pays pour combattre contre Kiev, pour la Nouvelle Russie.C'est avec un air franc et jovial que l'homme se met à parler dans un très bon anglais. Dans le palais de la très russophile république populaire autoproclamée de Lougansk, cela surprend. Oleg, 42 ans, est volontaire séparatiste dans l'est de l'Ukraine depuis juin dernier . Originaire de la péninsule de Crimée, jusqu'à il y a peu région de l'Ukraine, il a passé de nombreuses années à vivre de petits boulots à l'étranger avant de rentrer au pays et d'y travailler comme marin et plongeur. Il a même habité à Kiev quelques années. Mais l'Ukraine, il n'en garde qu'un souvenir lointain, et amer.Oleg: J'avais une attitude très amicale envers les Ukrainiens. Je ne me suis jamais senti ukrainien, mais je n'ai jamais rien eu contre eux. Puis est venu 2004 et la Révolution Orange. Petit à petit, ils ont réduit à néant tous mes sentiments positifs. Ils m'ont fait comprendre que j'étais un ennemi. Il se met alors, petit à petit, à rêver d'un retour de la Crimée à la Russie. Quand le moment arrive, en février, il rejoint les petits hommes verts, les soldats russes déployés sur la péninsule, par l'intermédiaire d'amis. Une fois la Crimée annexée par la Russie, il vivote dans sa ville natale. Et en juin il prend la route de l'est de l'Ukraine, pour y construire la NovoRossiya, la nouvelle Russie. Il y est actif depuis, même s'il explique ne pas être un combattant endurci. En tout cas, il partage les succès et les défaites de ses compagnons, et leurs frustrations.Oleg: Je voulais vraiment que la Russie fasse plus. Mais je ne pense pas qu'elle puisse se le permettre. En juillet et août, j'étais furieux de cette absence de soutien. Et maintenant je ne comprends pas la raison de ce cessez-le-feu. Si Poutine ne nous avait pas stoppées, nous serions à Kharkiv aujourd'hui. Pour Oleg, la reprise de combats de grande envergure n'est qu'une question de temps. Il se dit entièrement dédié à la cause de manière bénévole. Mais cependant, il indique qu'il quittera la région avant l'hiver, car il ne supporte pas le froid. Comme des dizaines d'autres, Oleg est un patriote aventurier, un de ceux qui veulent construire la Nouvelle Russie, mais pas y rester.Ecouter le portrait ici