Grand Reportage RFI: Les Villages Skype d'Ukraine

Grand Reportage diffusé sur RFI, le 30/03/2016Depuis l’indépendance de l’Ukraine, en 1991, la population a diminué de 8 millions d’habitants. Ceci sans compter l’annexion de la Crimée et le drame de la guerre du Donbass depuis 2014. Une grande partie de cette déperdition de population, elle est due à l’émigration. Face aux difficultés économiques, ce sont des générations entières d’Ukrainiens qui sont allés tenter leur chance ailleurs, principalement en Russie et en Europe de l’ouest. En laissant familles et maisons derrière, et en espérant revenir après s’être enrichis. Dans l’ouest de l’Ukraine en particulier, des villages entiers se sont ainsi mis à vivre au rythme des départs, des retours, et des transferts d’argent des migrants. Et la vie de famille a continué par téléphone, et, depuis quelques années, sur Internet, et Skype. Un défi considérable pour une société très patriarcale, où les traditions familiales sont très fortes. Une situation inédite qui présente ses inconvénients, et ses opportunités. “Les villages Skype d’Ukraine”, un Grand Reportage de Sébastien Gobert, réalisé avec le soutien de Journalismfund.euScreen Shot 2016-03-31 at 06.55.27La connexion s’établit, et voilà Vassili qui s’affiche sur un écran d’ordinateur. Il a l’air détendu, heureux de voir son fils de 7 ans, Stanislav. Vassili est en Espagne, et Stanislav grandit à Bobivtsi, dans l’ouest de l’Ukraine. Grâce à des rendez-vous quotidiens, c’est sur Skype que Vassili voit grandir son fils.Vassili: Alors, raconte moiStanislav: Raconter quoi? Vassili: Tu es allé quelque part? Stanislav: Oui, je suis allé m’amuser chez des amis, avec Rostik. Illia Tokariuk: Au début, les enfants réclamaient leur mère. Mais après deux semaines, ils ont pris leurs repères. Maintenant, il n’y a plus de problème. Ils ont compris qu’ils peuvent leur parler sur Skype, et puis, les parents leur envoient des cadeaux, des confiseries, des jouets… Ils le vivent bien. Illia Tokariuk, c’est le grand-père. Les deux parents de Stanislav sont en Espagne depuis plus de 6 mois pour y travailler. Alors avec sa femme Nina, Illia Tokariuk est aujourd’hui en charge de l’éducation du petit Stanislav et de son frère de 16 ans. Chaque mois, ils reçoivent entre 100 et 200 euros depuis l’Espagne. Une somme modeste, mais qui permet de faire la différence et d’assurer une bonne éducation aux enfants.Les grands-parents acceptent d’autant mieux cette situation qu’Illia Tokariuk a lui-même passé de nombreuses années à travailler dans des pays d’Europe de l’ouest. Grâce à l’argent tiré de cette tradition familiale de migrations économiques, les Tokariuk ont pu se construire une grande et belle maison, dotée de tout le confort moderne.Illia Tokariuk: Si on veut travailler ici en Ukraine, c’est possible. Il y a du travail. Mais ici, la question essentielle, c’est celle des salaires, qui sont très faibles. Ici, si on a un emploi régulier et honnête, alors ce n’est pas possible de construire une telle maison. Le salaire moyen en Ukraine aujourd’hui, c’est environ 200 euros par mois. Rien à voir avec le niveau des salaires en Europe de l’ouest. Même si la grave crise que traverse le pays a encore creusé l’écart, le faible niveau de vie en Ukraine est une réalité structurelle qui dure depuis l’indépendance du pays en 1991.Les difficultés économiques ont poussé des millions de personnes au départ depuis 25 ans. Parmi les destinations les plus populaires: la Russie, la Pologne, l’Italie et d’autres pays de l’Union européenne, pour des séjours le plus souvent pensés comme temporaires. A Bobivtsi, c’est un phénomène que Mikhaylo Sobko connaît bien. Il a été le maire du village pendant plus de 17 ans.Mikhaylo Sobko: Notre pays n’offre plus de perspectives aux jeunes générations. Pour moi et ma femme, ça va, car nous sommes retraités. Mais les jeunes ne peuvent pas se projeter dans l’avenir. Dans le village, il y a officiellement 1700 habitants. Il n’y a qu’une dizaine de familles qui n’a pas au moins un des siens à l’étranger. D’ailleurs, les deux fils de Mikhaylo Sobko vivent et travaillent à l’étranger, et lui aussi est un grand-père en charge de l’éducation de ses 2 petits enfants.Lui est une exception: il n’a jamais franchi la frontière. Il n’en a même jamais eu envie. Il a préféré se consacrer à son village, qu’il a vu évoluer au fil des cycles de migration. Un des évènements qui l’a marqué, c’est l’arrivée d’Internet à Bobivtsi.Mikhaylo Sobko: Au début, on a installé des antennes sur les toits, mais les connexions étaient mauvaises. En 2014, on a été relié par un câble. Moi, je n’y connais rien. Mais un des habitants s’est arrangé pour assurer l’Internet haut débit à au moins 300 maisons du village! Ca a tout changé, car les habitants n’utilisent pas Internet pour regarder les nouvelles ou se documenter. C’est avant tout pour que les familles communiquent avec leurs proches, à l’étranger. Dans ce village reculé, au pied des montagnes des Carpates ukrainiennes, l’idée d’un Internet haut débit contraste avec les routes cabossées, les façades décrépies des bâtiments publics et les vieilles conduites de gaz héritée de l’époque soviétique.Mais ce qui attire l’oeil, ce sont des dizaines de maisons de particuliers, modernes et spacieuses, à l’architecture souvent très originale. C’est la preuve la plus visible que l’argent de l’émigration est arrivé au village.Mikhaylo Sobko: Il y a beaucoup d’argent qui arrive à Bobivtsi depuis l’étranger. Mais cela ne passe pas par le budget municipal. Il faut comprendre qu’une bonne partie des revenus de l’étranger n’est pas déclaré. Beaucoup de migrants vont à l’étranger avec un visa de tourisme, et ils travaillent au noir. Alors ici, il est impossible de leur demander de déclarer quoique ce soit. La plupart des Ukrainiens qui travaillent à l’étranger ne se qualifient pas d’émigrants.Ils ne quittent pas l’Ukraine pour se construire une nouvelle vie ailleurs, mais seulement pour gagner de l’argent et retourner vivre en Ukraine après. Ce sont des “Zarobytchanny”, littéralement des “travailleurs pour de l’argent”. Leur désir de rentrer au pays implique qu’ils ont encore une partie de leur famille, souvent des enfants, en Ukraine.Marianna Nitch: Dans les années 1990, la migration a été très dure pour toutes les familles. Les départs se faisaient précipitamment, à cause de l’urgence économique. Les enfants ne comprenaient pas l’absence de leurs parents. Eux-mêmes étaient déboussolés, confrontés à un monde inconnu et imprévisible. Ca a été une période difficile pour tous. Marianna Nitch est une psychologue de l’association Zaporuka, à Lviv, spécialisée dans l’assistance de familles de travailleurs à l’étranger.Marianna Nitch: Avant, les familles ne pouvaient communiquer que par téléphone, une fois par semaine, voire une fois par mois. Maintenant, il y a beaucoup plus de possibilités, non seulement de communiquer, mais aussi de voyager. Les parents peuvent revenir en Ukraine plus facilement. Ils peuvent faire venir leurs enfants en Europe, une fois leur situation légalisée. Et pour les familles encore séparées, on s’aperçoit qu’elles s’adaptent. Une fois que les enfants comprennent qu’ils doivent vivre sans leurs parents, ils deviennent plus responsables, plus autonomes. Il y a du positif et du négatif dans cette situation. Active dans l’ouest de l’Ukraine, un des principaux épicentres de l’émigration ukrainienne, l’association Zaporuka a co-financé le développement de centres informatiques dans des localités rurales et isolées, afin d’apporter Internet et Skype aux familles séparées.L’un de ces centres, c’est dans la bibliothèque municipale de Sokal, une petite ville de 20.000 habitants, toute proche de la frontière polonaise.IMG_9851Krystyna Datsiouk: Internet a donné un nouveau souffle à notre ville. Krystyna Datsiouk est la directrice de la bibliothèque municipale pour enfants.Krystyna Datsiouk: Le centre Skype, comme on l’appelle, a permis à nos villageois de renouer les liens avec ceux qui sont au loin. C’est très important. Moi, par exemple, mes deux frères sont à l’étranger. Mes collègues ont toutes des parents à l’étranger. Vous ne trouverez pas une famille ici qui n’ait pas un de ses proches à l’étranger. Aujourd’hui, le centre informatique est moins utilisé, car de plus en plus de foyers ont Internet à domicile. Mais la bibliothèque reste très fréquentée, notamment depuis que le wifi est en libre accès. Une fierté technologique pour les bibliothécaires. Par contre, pour aller aux toilettes, il faut traverser la rue, car les conduites d’eau ne sont jamais arrivées jusqu’au bâtiment.Les bibliothécaires préfèrent en rire. Mais c’est encore là un signe du développement asymétrique de la ville de Sokal. L’argent des migrants bénéficie aux familles, mais peu à la collectivité. Krystyna Datsiouk constate aussi d’autres sortes de décalage chez les enfants.Krystyna Datsiouk: Certains enfants ne voient que les avantages matériels: ils ont des téléphones, des ordinateurs, des vêtements de marque… Ils peuvent aller jusqu’à considérer leur mère comme un simple porte-monnaie. Mais il faut faire la part des choses: on ne peut pas acheter l’amour entre parents et enfants. Donc avec ces enfants qui sont bien mieux lotis d’un point de vue matériel, il faut être encore plus attentifs qu’avec les autres. IMG_9800L’attention portée aux nouvelles générations serait d’autant plus d’importante que l’ampleur des migrations de travail ne diminue pas. A Sokal, l’usine de produits chimiques qui employait jadis 5 000 personnes est aujourd’hui en ruines. Les possibilités d’embauche pour les jeunes ne sont guère reluisantes.Alors Olena Rykhniouk, 42 ans, s’est résignée. Depuis deux ans, elle est seule à élever ses deux enfants, en attendant le retour de son mari, employé à Moscou.Olena Rykhniouk: La distance, ça a été dur au début, pour le moral. Mais maintenant, ça va. Nous avons un but commun: nous construisons une grande maison, ici à Sokal. Il nous faut de l’argent pour la finir et pouvoir y habiter. En plus, nous avons deux enfants auxquels il faut payer une bonne éducation. Donc nous avons décidé de vivre comme cela. J’espère juste que cette situation ne va pas s’éterniser…Pour Olena Rykhniouk, l’émigration est loin d’être un choix systématiquement négatif.Olena Rykhniouk: Ma mère vit en Italie depuis plus de dix ans. Elle vit assez bien, et je pense qu’elle fait le bon choix. Elle s’est accomplie en tant que femme indépendante. Là-bas, la vie est plus douce, et elle a accès à une médecine de bonne qualité. Elle dit qu’elle veut revenir en Ukraine plus tard, mais elle ne dit jamais quand…Le retour au pays, c’est une question très sensible pour ces migrants économiques.Floriy Shelest a 59 ans. Il a travaillé à construire des ponts au Portugal pendant 11 ans, en envoyant de l’argent pour construire une grande maison pour sa famille. Il est rentré en 2013.Floriy Shelest: Ma famille me manquait. Et j’étais fatigué, moralement. C’est dur, vous savez. Ne parler à sa famille qu’au téléphone… Mais quand je suis revenu pour de bon, tout avait changé. Ca a été aussi très dur de réaliser que ma famille avait appris à se passer de moi. Quand je suis rentré, il m’a fallu réapprendre à connaître mes propres enfants, déjà adultes. La façade de la maison à étage qu’il a financé n’est pas encore achevée. Mais la maison est bien là. C’est le fruit de toutes ces années d’effort.Floriy Shelest: J’ai grandi dans une toute petite baraque. Et donc j’ai rêvé d’une maison où chacun aurait sa chambre, son espace privé. Cette maison, je l’ai construite pour mes enfants. Mais ils sont déjà grands, ils ont fait leur vie ailleurs, et on n’habite plus ensemble, malheureusement. IMG_9757Ironie du sort, même s’il ne vit qu’avec sa femme, Floriy Shelest doit continuer à habiter sa petite baraque, au moins 6 mois par an.Floriy Shelest: Je n’ai plus assez d’argent pour payer pour le chauffage en hiver… Floriy Shelest n’est pas un cas isolé.Selon une étude de l’Organisation Internationale des Migrations, l’OIM, 60% des migrants ukrainiens travaillant à l’étranger souhaitent revenir s’installer en Ukraine. Mais les retours ne sont ni encouragés, ni encadrés par l’Etat. Anastasia Vynnychenko est une experte à l’OIM.Anastasia Vynnychenko: L’Etat a pris de nombreuses initiatives pour gérer les flux migratoires. Mais nous constatons de sérieuses incohérences et un manque de coordination de ces initiatives. Et en ce qui concerne une politique de valorisation de l’émigration en faveur du développement économique de l’Ukraine, nous en sommes au point mort. En 2014, l’étude de l’OIM estimait que les transferts d’argent des migrants à l’Ukraine représentait plus de 2,5 milliards d’euros, soit plus de 3% du PIB national. 21% des migrants se déclaraient près à investir leur épargne dans l’économie du pays.Anastasia Vynnychenko: Les migrants représentent donc un réel potentiel. Financier, bien sûr. Mais aussi, en termes de compétences, de connaissances acquises à l’étranger, et de réseaux professionnels. Tout cela peut être valorisé en Ukraine et contribuer au développement du pays. La grande question, c’est: comment faire? Depuis l’indépendance de l’Ukraine, les gouvernements successifs ne semblent pas pressés d’apporter une réponse à cette question.L’Ukraine traverse une grave crise économique et financière, et la corruption reste endémique. Au lieu d’investir dans des activités productives, les migrants économiques d’aujourd'hui continuent donc de se replier sur la sphère familiale. Ils investissent dans des maisons, des voitures, des biens de consommation, et l’éducation de leurs enfants.Nastya: Bonjour, Je m’appelle Nastya. Dans la petite ville de Sokal, Nastya a 13 ans, elle apprend le français. Son père vit dans la région parisienne depuis de nombreuses années. La maîtresse de maison, Iryna Lyalka, s’en fait difficilement une raison.IMG_9872Iryna Lyalka: Bien sûr, nous vivons bien d’un point de vue matériel. Mais pour la famille, c’est très difficile. Mon mari ne peut revenir qu’une fois tous les six mois, il ne voit pas les enfants grandir. Au moins, maintenant, il y a Skype. Voilà, on peut dire que maintenant, nous vivons notre vie sur Skype. Dans cette Ukraine rurale et reculée, la famille a toujours représenté une valeur sûre, même sur un écran d’ordinateur. Et ces “villages Skype”, que l’on croyait il y a peu condamnés à cause des migrations de masse, continuent à vivre, grâce à l’Internet haut débit.Musique de fin - Kvitka Cysik “Jourvali”Les Villages Skype d’UkraineUn Grand Reportage de Sébastien Gobert. A la réalisation, Souheil Khedir.

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Q&R Grand Reportage sur les Villages Skype

 Sébastien, on comprend de votre reportage que ces Villages Skype ont pris forme il y a déjà plusieurs années, par les premières vagues de migrations de travail. Est-ce que c’est un phénomène qui se réduit aujourd’hui? Non, au contraire, c’est un phénomène qui s’institutionnalise, tout comme l’émigration. Comme je m’en suis rendu compte dans mes recherches et mes rencontres avec les familles de migrants, la plupart d’entre elles se sont adaptées à la distance et à la communication en ligne. Elles se sont aussi habituées au modèle économique qui va avec, c’est-à-dire des transferts d’argent réguliers en provenance de l’étranger. Dans des zones rurales de l’ouest de l’Ukraine, où il n’y a pas beaucoup d’industries ou d’activités de services comparé au reste du pays, rien n’indique que la situation pourrait changer dans un futur proche.Donc on peut imaginer que les jeunes générations vont aussi être tentées par le départ, une fois leur tour venu…? Oui et non. Les jeunes générations, qui ont maintenant entre 15 et 25 ans, ne connaissent pas l’urgence économique qu’on subi leurs parents dans les terribles années 1990, pendant l’écroulement du système économique soviétique. Les jeunes que j’ai rencontré comprennent aussi les difficultés que leurs aînés rencontrent dans leurs pays de destination. Ils savent que là-bas, en Europe, les migrants sont mal vus et qu’obtenir des permis de travail est difficile. Si les jeunes sont tentés par le départ, ce serait avant tout pour d’autres régions d’Ukraine, des grandes villes très dynamiques comme Kiev ou Lviv.En ce qui concerne les migrations vers d’autres pays, la plupart des recherches montrent que le phénomène est stable. Vous savez que l’Ukraine demande une libéralisation du régime de visas Schengen pour pouvoir circuler librement dans les pays de la zone Schengen. Selon toute probabilité, la libre-circulation ne s’accompagnera pas d’une explosion du nombre de départs. Au contraire, cela permettra de renforcer les liens au sein des familles, puisque les migrants pourront rentrer chez eux plus librement.Mais, puisque vous mentionnez les difficultés des migrants: que deviennent-ils, une fois à l’étranger? Comme je précise dans le reportage, la plupart des migrants ne se voient pas comme des émigrants, mais bien comme des travailleurs temporaires à l’étranger. Dans le cadre de ce reportage, je me suis rendu à Naples, en Italie, où l’on trouve l’une des plus grosses concentrations d’Ukrainiens en Europe. La plupart des femmes sont employées comme femmes de ménage, la plupart des hommes comme ouvriers du bâtiment ou d’usine. Certains ont réussi. La majorité vit de manière très précaire. Cela dépend aussi de s’ils peuvent travailler légalement ou non.Il y a toute une vie parallèle des Ukrainiens à Naples qui s’est développée. La communauté a son Eglise en centre-ville, ses magasins, son marché, son école, et même un restaurant dédié à la culture cosaque. Chacun a de la famille en Ukraine, et se partage les bons tuyaux, pour de l’Internet à bas prix ou pour expédier des colis de cadeaux. Tout le monde parle de rentrer, mais pas dans l’état actuel de l’Ukraine, à cause de la crise économique et de la corruption. Ils ont trouvé un modus vivendi, et leurs familles en Ukraine aussi. D’une certaine manière, cette situation d’éloignement, d’absence, d’épreuves économiques, s’est transformée en un système stable, et très bien rôdé.Ecouter le Grand Reportage ici

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